En 1999 à l'accession au Trône de S.M. le Roi Mohammed VI en 1999, la réforme du système éducatif est présentée comme un levier stratégique de transformation sociale. Vingt-six ans plus tard, les résultats sont contrastés. Si l'accès à l'enseignement s'est nettement démocratisé, les inégalités territoriales, les taux d'abandon et la qualité de l'apprentissage restent des défis majeurs. Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), la scolarisation dans le primaire a atteint 99,1 % en 2023, contre 87,4 % en 2000. Le taux d'achèvement du cycle secondaire qualifiant, lui, plafonne autour de 47,5 % en 2022, et chute en milieu rural à moins de 35 % chez les filles. Ce décrochage s'explique en partie par l'absence de transport scolaire, les pressions familiales, mais aussi par la perte de sens perçue dans le parcours scolaire lui-même. Une stratégie renouvelée : Pacte national pour la transformation de l'école Conscient des limites des approches antérieures, le ministère de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports a lancé en 2022 une nouvelle feuille de route couvrant la période 2022–2026, avec trois objectifs structurants : garantir les apprentissages de base, assurer l'épanouissement des élèves et réduire drastiquement le décrochage. Le programme prévoit notamment le recrutement de 30 000 enseignants par an, la généralisation du préscolaire, et la formation continue du personnel éducatif. Lire aussi : Fracture numérique : Les lignes de faille territoriales La Banque mondiale, partenaire financier et technique de cette réforme, a salué dans son rapport de 2023 « un tournant stratégique axé sur les résultats mesurables, fondé sur les données de terrain et la responsabilisation des acteurs locaux ». Le budget global dédié au département de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports est passé, grâce à la volonté politique du gouvernement, de 62 milliards de dirhams en 2021 à 91 milliards de dirhams dans le projet de loi de finances 2025, soit une évolution de plus de 45%. Vers une école plus inclusive et orientée vers l'avenir L'une des priorités actuelles est de réorienter l'éducation vers les compétences du XXIe siècle. L'introduction de l'enseignement du numérique dès le cycle collégial, la généralisation des langues étrangères (notamment l'anglais), et la multiplication des partenariats avec le secteur privé pour les stages d'orientation en sont quelques exemples. Le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) plaide dans son dernier rapport (2023) pour une réforme « non seulement structurelle, mais culturelle », soulignant l'urgence d'une pédagogie participative, contextualisée, et ouverte sur le monde. Encadré Repères chiffrés En un quart de siècle, le système éducatif marocain a enregistré des avancées notables, à commencer par la généralisation quasi complète de la scolarisation au primaire. De 87,4 % en 2000, le taux net a atteint 100 % en 2023, témoignant d'un effort soutenu en matière d'accès. Cette expansion ne masque toutefois pas les fragilités persistantes, à l'image du taux d'abandon dès la première année de collège, qui s'élevait encore à 10,3 % pour l'année scolaire 2021–2022. Pour inverser cette tendance et renforcer l'équité, le gouvernement a engagé un effort budgétaire inédit. Portée par la feuille de route 2022–2026, l'enveloppe allouée au ministère de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports est passée de 62 milliards de dirhams en 2021 à 91 milliards dans le projet de loi de finances 2025, soit une hausse de plus de 45 %. Une mobilisation politique qui pose les bases d'une transformation structurelle, encore attendue sur le terrain.