Agadir affiche une modernisation sélective : si le centre-ville et les zones stratégiques bénéficient d'investissements massifs, de vastes quartiers périphériques restent en marge. Entre infrastructures modernes et territoires oubliés, la capitale du Souss illustre une fracture urbaine persistante qui pose la question de l'équité territoriale. La ville d'Agadir continue de refléter l'image d'un espace fragmenté, évoluant à deux vitesses, où la modernité côtoie l'exclusion. Selon les médias, de profondes inégalités sociales et territoriales marquent encore la capitale du Souss. La métropole, pourtant présentée comme l'une des vitrines du Maroc en matière de tourisme et de développement, révèle deux réalités contradictoires : une façade modernisée, tournée vers l'investissement et l'attractivité, et des quartiers entiers laissés à la marge. D'un côté, les zones résidentielles privilégiées, habitées par les élites économiques, les hauts fonctionnaires et les notables locaux, bénéficient d'un environnement urbain amélioré. Ces quartiers profitent d'infrastructures récentes, d'une voirie entretenue, de services publics efficaces et d'équipements de confort. De l'autre, une large ceinture de quartiers populaires et de périphéries reste en dehors de cette dynamique. À ce niveau, le quotidien est marqué par l'absence de services de base, la rareté des équipements collectifs et un enclavement persistant. Un simple passage par les zones situées sur les contreforts de l'Atlas — Aït Taoukt, Aït El Mouden, Aimounsis ou Ighil Adardour — suffit à illustrer ce décalage. Le quartier densément peuplé de Taddart, proche d'Anza, en est un autre exemple frappant. Ces territoires, souvent délaissés, souffrent de routes dégradées, d'une desserte en transports publics insuffisante, d'une offre scolaire et sanitaire limitée ainsi que d'une absence d'espaces verts et culturels. Pendant ce temps, les grands projets d'aménagement se concentrent autour du port, du centre-ville ou de l'axe menant à l'aéroport Al Massira. Lire aussi : Agadir bat des records d'affluence touristique Pourtant, le programme de développement urbain lancé en 2020 avait l'ambition de repositionner Agadir comme un pôle compétitif, capable d'attirer des investisseurs et de renforcer son rôle stratégique à l'échelle nationale et internationale. S'il a effectivement permis la modernisation de plusieurs espaces centraux, il a laissé en suspens les besoins fondamentaux d'une grande partie de la population. Cette inégale répartition des bénéfices du développement nourrit désormais un sentiment d'injustice spatiale, que résume la formule souvent entendue d'une « Agadir utile » face à une « Agadir inutile ». À l'approche de la fin du mandat du Conseil communal, le débat sur ces déséquilibres urbains revient au premier plan. Lors de sa dernière réunion, présidée par le maire, l'instance dirigeante a inscrit à son ordre du jour un point relatif à la réduction des écarts entre quartiers. L'ambition affichée est d'élaborer un programme spécifique de mise à niveau des zones défavorisées, en cohérence avec les Directives Royales rappelées lors du dernier discours du Trône. Les projets envisagés incluent la réhabilitation des routes, le renforcement de l'éclairage public, la création d'espaces verts et l'aménagement d'infrastructures sociales, culturelles et sportives. L'implantation de marchés de proximité figure aussi parmi les priorités, afin de dynamiser l'économie locale et d'améliorer les conditions de vie des habitants. Mais au-delà des annonces, la question centrale demeure celle du financement. La commune, lourdement endettée, dispose de marges de manœuvre limitées. Les élus reconnaissent eux-mêmes qu'il sera indispensable de mobiliser de nouvelles sources de financement et d'accélérer les procédures administratives. De nombreux habitants, sceptiques, craignent toutefois que ces engagements ne rejoignent la longue liste de promesses non tenues.