L'agence Fitch Ratings a abaissé vendredi la note souveraine de la France de AA- à A+, invoquant des déficits persistants et une instabilité politique chronique. Une sanction qui fragilise la deuxième économie de la zone euro et dont les effets pourraient se répercuter jusqu'au Maroc, premier partenaire africain de Paris. La France a subi un nouveau revers sur les marchés financiers. L'agence américaine Fitch Ratings a dégradé sa note souveraine d'AA- à A+, reléguant l'Hexagone dans la catégorie des emprunteurs à « qualité moyenne supérieure ». Cette décision traduit une perte de confiance des investisseurs dans la capacité du pays à stabiliser ses finances publiques et à surmonter ses turbulences politiques. Fitch justifie son déclassement par deux facteurs principaux. D'une part, la trajectoire budgétaire française apparaît hors de contrôle : le déficit, que Paris espère ramener à 4,6 % du PIB en 2026, pourrait en réalité rester au-dessus de 5 % plusieurs années. La dette publique, déjà à 114 % du PIB, grimperait à 121 % d'ici 2027. À titre de comparaison, le Maroc maintient son endettement autour de 70 %, malgré une tendance haussière. D'autre part, l'instabilité politique alimente les doutes. La chute du précédent gouvernement lors d'un vote de confiance illustre, selon l'agence, une fragmentation et une polarisation qui rendent improbable l'adoption d'un plan budgétaire crédible. Dans ce contexte, la consolidation des finances publiques paraît compromise. Si l'impact immédiat reste limité, la sanction pourrait se traduire par une hausse des taux exigés par les investisseurs pour financer la dette française, à l'image de ce qu'a connu l'Italie. Pour le Maroc, l'effet domino pourrait se manifester par un renchérissement des levées de fonds en euros et un ralentissement de la demande française, déjà affectée par l'inflation et le chômage. Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a promis un budget 2026 conforme aux exigences européennes, mais ses marges de manœuvre sont réduites. Son prédécesseur à Bercy, Eric Lombard, a de son côté insisté sur la « solidité » de l'économie française, sans parvenir à rassurer pleinement les marchés. Cette rétrogradation rapproche le profil français de celui du Portugal ou de l'Italie, et pourrait accentuer la volatilité de l'euro. Pour des partenaires comme le Maroc, dont la politique monétaire est en partie arrimée à la stabilité de la devise européenne, le signal est à suivre de près. Les regards se tournent désormais vers Moody's et Standard & Poor's, qui doivent encore rendre leurs verdicts. Si la tendance se confirme, la France entrerait durablement dans une zone de fragilité financière, rappelant que la discipline budgétaire et la stabilité politique demeurent des conditions essentielles pour préserver la confiance des investisseurs.