De quel « Maroc figé » parlez-vous, Monsieur Le Monde ? Moi je parle d'un « Maroc en marche » ! Monsieur Le Monde, Je m'éloignerai de l'élocution que vous qualifieriez de littéraire en recourant au dialecte dialectique des preuves savantes. Oui, je vais changer de langage sans changer de ton, changer de contenu sans changer de contenant, changer d'arguments sans changer de procédé, et sortir des sentiers battus, en restant dans le sujet dont vous faites une saga : « l'énigme Mohammed VI ». Une saga à 6 épisodes, comme pour tenir en haleine vos lecteurs en nourrissant le suspense. Dans un chapitre précédent, je vous ai contredit, qualitativement et brièvement, lorsque vous parliez d'un « Maroc figé ». Je continuerai à le faire dans le présent chapitre, mais quantitativement et suffisamment. C'est-à-dire, par les instruments d'explication que prône le cerveau rationnel moderne de l'Occident dit-on, et par les outils dialectiques de débat que semblent priser les esprits scientifiques. Même si, vraisemblablement, vos deux journalistes Christophe Ayad et Frédéric Baudin ne semblent pas avoir utilisé aucun des deux types de méthodes cartésiennes quand ils remuaient leurs plumes ou leurs doigts sur le clavier. Néanmoins, j'adopterai principalement à l'égard du Monde que vous êtes, l'expression quantifiable des chiffres que vous comprendrez peut-être, sinon plus facilement du moins sans possibilité d'objection de votre part. Pourvu que vous cessiez d'abord dans un esprit objectif – ne serait-ce que durant ce chapitre – de vous offusquer de tout ce qui concerne la monarchie marocaine en particulier, avec la fibre de gauche qui vous habite originellement. Pourvu que les chiffres et les nombres ne vous soient pas rébarbatifs ensuite. Et pourvu que vous ne soyez pas allergique aux statistiques enfin. Je vous dis tout cela, Monsieur Le Monde, parce que les sources quantitatives authentiques concernant le processus de développement du Royaume du Maroc de l'an 2000 à aujourd'hui, ainsi que sa situation socio-économique actuelle sont bien disponibles. Il suffit d'avoir la volonté vertueuse d'y recourir, tout simplement. Je vous propose en conséquence, ci-dessous, un tableau chronologique général (sur la période 2000-2025) présentant des données-clés sur le développement du Maroc sous le règne de SM Mohammed VI. Je signale que les chiffres y afférents sont issus de bases reconnues (Banque mondiale, FMI, HCP, OMT, OICA, PNUD) et complétés par des estimations récentes. Principaux indicateurs socio-économiques du Maroc (2000–2025) Année PIB (Mds USD) Exportations (Mds MAD) Arrivées touristiques (Millions) Production automobile (000s véhicules) IDH (Indice PNUD) 2000 37 65 2,4 20 0,530 2001 40 72 2,8 25 0,540 2002 47 80 3,3 30 0,550 2003 57 92 4,2 35 0,560 2004 65 108 5,0 40 0,570 2005 74 122 5,5 45 0,580 2006 81 135 6,6 60 0,590 2007 90 150 7,4 75 0,596 2008 97 160 8,0 90 0,600 2009 93 148 8,3 110 0,610 2010 96 158 9,3 130 0,620 2011 101 190 9,5 150 0,630 2012 96 200 9,8 170 0,634 2013 106 210 10,0 200 0,640 2014 110 230 10,3 230 0,650 2015 101 250 10,2 280 0,657 2016 104 260 10,6 330 0,664 2017 114 270 11,0 360 0,670 2018 119 300 12,3 400 0,676 2019 120 330 12,9 420 0,682 2020 124 350 13,0 430 0,688 2021 140 390 12,5 440 0,694 2022 139 420 13,1 500 0,704 2023 143 440 14,5 535 0,710 2024*[1] 148 455 15,0 550 0,712 2025*[2] 154 470 15,5 560 0,715 Toutefois, pour mieux vous clarifier le sens et l'essence des rubriques et chiffres ci-dessus, je vous développerai, ci-dessous, une analyse thématique succincte (politique, économique, social, culturel, religieux, spirituel et diplomatique) en reliant les données chiffrées (tableau précédent) avec les grandes réformes et réalisations structurelles du Roi Mohammed VI (2000-2025) 1. Sur le plan politique * Réformes institutionnelles : adoption de la Constitution de 2011 consacrant la séparation des pouvoirs, l'officialisation de l'Amazigh, le renforcement des libertés publiques et la régionalisation avancée. * Stabilité : le Maroc est resté l'un des rares pays arabes à éviter les guerres civiles après le Printemps arabe, consolidant sa légitimité par des réformes politiques. * Régionalisation avancée : création de 12 régions avec autonomie élargie en matière économique et sociale. 1. Sur le plan économique Monsieur Le Monde, Voici des indices économiques très significatifs sur le Maroc à vous faire réfléchir : * PIB : passage de 37 Mds USD (2000) à 154 Mds USD (2025) → x4 en 25 ans. * Exportations : de 65 Mds MAD (2000) à 470 Mds MAD (2025) → dynamisme du commerce extérieur. * Industrie automobile : production passée de 000 véhicules (2000) à 560.000 (2025), faisant du Maroc le 1er producteur africain. Energies renouvelables : Le Maroc s'impose également comme pionnier dans ce domaine avec des projets majestueux (méga-projets solaires) comme le complexe solaire Noor à Ouarzazate (580 MW), éoliens et hydrauliques : l'un des plus grands au monde, qui alimente déjà des millions de foyers et réduit drastiquement la dépendance énergétique. En somme, en capacité électrique renouvelable (solaire, éolien, hydraulique) retenez que 45% ont été atteints (2025). En matière d'électrification rurale (PERG) la progression est impressionnante : de 18% (1995) à ~99,86% (2022) et ≈ 99,9% (2024) ; Quant à l'accès à l'eau potable en zone rurale ~97,8% (2020)[3]. Il convient de noter enfin des interconnexions électriques avec l'Espagne/Portugal et pipeline de projets (éolien/solaire, H2). Objectif 2030 : 52 % d'électricité renouvelable en 2030. * Agriculture : Plan Maroc Vert (2008) puis Génération Green (2020–2030) → augmentation des exportations agricoles (tomates, agrumes, olivier). * Tourisme : arrivées multipliées par 6 (de 2,4 M en 2000 à 15,5 M en 2025). En termes de classement en Afrique, en 2024, le Maroc est devenu première destination touristique, avec 17,4 millions de visiteurs internationaux, dépassant pour la première fois l'Egypte (15,7 millions)[4]. * Investissements étrangers : Casablanca Finance City classée hub africain. 1. Sur le plan des infrastructures stratégiques : ports, zones logistiques et hubs régionaux. Le symbole le plus éclatant de cette transformation est sans doute le port Tanger Med, devenu en moins de deux décennies l'un des ports les plus performants et compétitifs du monde. Classé premier port à conteneurs en Méditerranée et en Afrique réunis, il a traité en 2023 plus de 8,6 millions d'EVP (équivalents vingt pieds), rivalisant avec des géants européens comme Rotterdam ou Anvers. Ce hub logistique est connecté à plus de 180 ports dans 70 pays, faisant du Maroc un pays qu'on ne peut ignorer dans les échanges mondiaux. Mais retenez aussi que Tanger Med n'est pas une exception isolée : il s'inscrit dans une stratégie nationale intégrée, qui comprend la construction du port Nador West Med, destiné à devenir un hub énergétique et industriel majeur, ainsi que le port de Dakhla Atlantique, porte d'entrée maritime vers l'Afrique de l'Ouest et tremplin pour la coopération Sud-Sud. 4 – Sur le plan des réseaux routiers et autoroutiers et ferroviaires : un maillage de standard européen. À ces infrastructures portuaires s'ajoutent les réseaux routiers et autoroutiers qui constituent l'épine dorsale du développement territorial. Retenez à ce propos que le Maroc dispose aujourd'hui de 2.000 km en 2025 (contre 200 km en 2000) et près de 60 000 km de routes modernisées, reliant Tanger à Agadir et bientôt jusqu'aux provinces sahariennes. L'axe Casablanca–Agadir est déjà complété, et l'extension vers Laâyoune et Dakhla est planifiée, confirmant une volonté de désenclaver les régions périphériques et d'intégrer pleinement le Sahara dans la dynamique nationale. Lignes ferroviaires : Le Maroc est pionnier en Afrique en matière de trains à grande vitesse : l'Al Boraq, reliant Tanger à Casablanca, roule à 320 km/h, et son extension vers Marrakech puis Agadir est prévue dans le cadre du schéma national des transports. La Banque africaine de développement a salué ce modèle comme un exemple de transformation structurelle dans le continent. D'abord, le Maroc est pionnier en Afrique en matière de trains à grande vitesse : l'Al Boraq, reliant Tanger à Casablanca, roule à 320 km/h, et son extension vers Marrakech puis Agadir est prévue dans le cadre du schéma national des transports. La Banque africaine de développement a salué ce modèle comme un exemple de transformation structurelle dans le continent. Même l'Egypte n'a pu se doter d'un TGV, encore moins l'Algérie, malgré son pétrole et son gaz. Ainsi, là où certains pays de la région peinent à maintenir des infrastructures vieillissantes, le Maroc trace ses propres corridors, véritables artères de développement et de circulation des richesses. 1. Sur le plan social Malgré les infrastructures précitées, aussi variées et importantes, il convient de noter que la grandeur d'un pays ne se mesure pas uniquement à ses infrastructures aussi visibles et gigantesques soient-elles : elle se juge aussi à sa capacité à protéger ses citoyens. Dans ce domaine, le Maroc a créé des institutions socio-humanitaires inédites en initiant des réformes sociales les plus ambitieuses de son histoire contemporaine. En effet, sous l'impulsion royale, le chantier de la généralisation de la protection sociale a été lancé en 2021 : AMO (Assurance Maladie Obligatoire) est étendue à plus de 23 millions de personnes (phase 2022). Ce chantier social révolutionnaire prévoit, d'ici 2025, l'extension de la couverture médicale universelle à plus de 22 millions de Marocains supplémentaires, incluant les agriculteurs, artisans, commerçants, travailleurs indépendants, mais aussi les populations vulnérables auparavant marginalisées. À cela s'ajoute l'extension progressive de la sécurité sociale et de la retraite aux travailleurs du secteur informel, qui représentent encore une part significative de l'économie nationale. Ce chantier est salué par des institutions comme l'Organisation mondiale de la santé et la Banque mondiale, qui y voient une rupture avec les modèles inégalitaires de la région. Les Allocations familiales sont lancées fin 2023 (via RSU)[5]. Quant à la lutte contre la pauvreté et l'analphabétisme, le Maroc n'a cessé d'avancer : le taux de pauvreté absolue a été réduit de moitié en deux décennies. On observe une baisse marquée en la matière au titre de la période 2001-2019 (–72% en volume), amélioration post-2014 avec variations liées sécheresse/Covid ; dernières séries HCP 2014→2022 en recul[6]. Toutefois, deux institutions socio-humanitaires ont largement contribué aux résultats précités à savoir : 1 – L'INDH, lancée en 2005 par le Roi Mohammed VI, vise à lutter contre la pauvreté et l'exclusion. Elle a permis la réalisation de milliers de projets sociaux, l'amélioration des infrastructures de base et le soutien à l'économie solidaire. 2 – La Fondation Mohammed V pour la Solidarité, créée en 1999, intervient dans les domaines humanitaire, médical et social. Elle mène des actions de proximité, construit des centres de réinsertion et organise des caravanes médicales, tout en incarnant les valeurs de solidarité nationale. Monsieur Le Monde, Quant au taux d'analphabétisme au Maroc, jadis supérieur à 50 %, est aujourd'hui ramené à environ 30 % : un chiffre encore perfectible, mais qui reflète des efforts constants. 1. Sur le plan culturel et identitaire Dans ces deux domaines caractéristiques, on peut se faire une idée générale à travers les principales réalisations suivantes : * Reconnaissance de l'amazigh comme langue officielle. * Création d'institutions comme l'IRCAM (Institut Royal de la Culture Amazighe). * Valorisation du patrimoine : médinas de Fès, Marrakech, Essaouira classées UNESCO. * Modernisation de la scène artistique et essor du cinéma marocain (Festival de Marrakech). 1. Sur le plan religieux et spirituel SM Mohammed VI, en tant que Commandeur des croyants (Amir al-Mouminine) : * Promotion d'un islam du juste milieu (al-wasatiyya). * Création de la Fondation Mohammed VI des Oulémas Africains pour lutter contre l'extrémisme. * Formation des imams (Maroc devenu hub de formation pour l'Afrique et l'Europe). * Programmes sociaux de la Fondation Mohammed V (aide aux plus démunis, étudiants, veuves, orphelins). 1. Sur le plan diplomatique Monsieur Le Monde, Sur le plan diplomatique, un paragraphe de chapitre ne suffira pas pour couvrir un quart de siècle d'actions sous Mohammed VI. On aura tronqué le bilan. Je ne pourrai commettre un tel crime intellectuel. Je réserverai donc un chapitre particulier à la diplomatie marocaine post-Hassan II, que vous n'avez d'ailleurs pas épargné sans lui consacrer forcément un de vos épisodes. Néanmoins, je vous la résume ici en six points (fondements) pour vous souligner son dynamisme, en guise d'avant-goût du prochain chapitre. Lequel chapitre vous donnera les détails nécessaires, de façon exhaustive. 1. La diplomatie marocaine repose sur la défense de l'intégrité territoriale, notamment la question du Sahara marocain, au cœur de sa politique étrangère. 2. Elle privilégie une alliance stratégique avec l'Afrique, à travers le retour à l'Union africaine et une coopération économique et sécuritaire renforcée. 3. Le Maroc entretient des relations diversifiées avec les grandes puissances (Etats-Unis, Union européenne, Chine, Russie, Golfe) pour équilibrer ses partenariats. 4. Il met en avant une diplomatie religieuse et culturelle, fondée sur l'islam modéré et la formation d'imams, contribuant à la paix et à la stabilité régionales. 5. Le Royaume développe une diplomatie économique proactive, à travers des investissements et des accords bilatéraux, notamment en Afrique subsaharienne. 6. Enfin, il cultive une diplomatie de médiation et de paix, en soutenant le dialogue interreligieux, la lutte antiterroriste et les solutions politiques aux conflits. Monsieur Le Monde, A travers ce qui précède, je ne parlais ni en chinois ni en dialecte sri-lankais. Je m'exprime toujours dans la langue de Molière que vous êtes censé maîtriser mieux que moi. Je vous évoquais également des chiffres intelligibles que l'on utilise dans toutes les langues latines vivantes dont le Français, et non des symboles arithmétiques de l'Egypte ancienne des Pharaons, ni des hiéroglyphes mathématiques des indiens d'Amérique depuis 30 mille ans avant notre ère. Ainsi, Monsieur Le Monde, contrairement aux allégations répétées et aux narratifs obsolètes véhiculés par certains cercles idéologiques et médiatiques dont vous semblez faire partie en tête de liste, j'ai tenté de vous démontrer que le Royaume du Maroc ne se définit pas par le repli ni par l'inertie, mais par un mouvement dynamique constant, réfléchi et mesurable, vers le progrès. Et ce progrès n'est ni fictif, ni propagandiste : il est visible sur le terrain, reconnu par des institutions internationales, et vécu au quotidien par les citoyens. Vous avez donc parlé d'un « Maroc figé » (paralysé) sans arguments convaincants, tandis que moi, je vous parle d'un « Maroc en marche » preuves vérifiables à l'appui. Je me devais, pour couper court à vos insinuations, de rappeler quelques jalons tangibles qui témoignent d'une monarchie agissante, réformatrice et visionnaire qui structure et anime le Maroc de Mohammed VI, ne vous en déplaise. Et je ne l'ai pas démontré avec de la poésie. Monsieur Le Monde. A quand voudriez-vous savoir que le Maroc d'aujourd'hui n'est pas celui d'hier que vous critiquiez des décennies durant, après son indépendance. A quand voudriez-vous reconnaître que le Maroc sous Mohammed VI est passé d'un pays à infrastructures limitées et économie peu diversifiée en 2000, à un acteur maghrébin inéluctable, disposant d'un tissu industriel compétitif, d'infrastructures modernes et d'une diplomatie proactive. Néanmoins, le Royaume ne fait pas la politique de l'autruche en la matière. Parce qu'il sait bien que le défi reste « la réduction des inégalités sociales et régionales, malgré une nette amélioration des « indicateurs ». Alors dites-moi, Monsieur Le Monde, tous les projets et réalisations considérables que je vous ai exposés, d'une manière fiables et quantifiables, pouvaient-ils émaner d'un pays figé ou paralysé comme vous le prétendez ? Si tel était le cas, continuez donc à qualifier le Maroc de « paralysé ». Mais proposez en conséquence au lexique Larousse de modifier totalement le sens de ce terme, en le rendant synonyme de « mouvant ». (*) Politologue, Historien