Par un communiqué au ton cinglant, Bruxelles a dénoncé les engagements climatiques annoncés par la Chine, jugés « clairement décevants » et incompatibles avec l'objectif de contenir le réchauffement à +1,5°C. L'annonce était attendue, elle a provoqué une onde de scepticisme. Mercredi, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, le président chinois Xi Jinping a révélé dans un message vidéo la nouvelle trajectoire climatique de son pays : Pékin vise une réduction de ses émissions nettes de gaz à effet de serre de 7 à 10 % d'ici 2035. Une promesse que l'Union européenne n'a pas tardé à étriller. Ce jeudi, le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra, a réagi dans des termes inhabituels de fermeté : « Ce niveau d'ambition est clairement décevant. Il est largement en deçà de ce que nous considérons à la fois faisable et indispensable ». Dans un communiqué diffusé à la presse, le diplomate néerlandais pointe du doigt l'effet démobilisateur de la posture chinoise sur l'ensemble des efforts mondiaux : « Compte tenu de l'empreinte carbone massive de la Chine, cette orientation rend la réalisation des objectifs climatiques mondiaux bien plus difficile ». LIRE AUSSI : À l'ONU, le Maroc annonce la tenue à Rabat de la première Conférence sur les victimes africaines du terrorisme Avec près de 30 % des émissions mondiales, la Chine reste de loin le plus grand émetteur de la planète. Sa stratégie climatique est donc décisive. C'est elle qui déterminera si la communauté internationale a encore une chance réelle de maintenir le réchauffement sous la barre critique des 1,5°C d'ici la fin du siècle, seuil au-delà duquel les scientifiques redoutent des bouleversements irréversibles. Pékin en demi-teinte, Bruxelles en attente Certes, le président Xi a précisé que son pays « fera tous les efforts pour faire mieux« , laissant entendre que ces chiffres pourraient être dépassés. Mais dans les faits, l'annonce reste floue, prudente, et très en retrait des attentes formulées par la communauté scientifique. Selon les experts, un alignement sur l'objectif des 1,5°C nécessiterait de réduire les émissions chinoises d'environ 30 % sur la décennie à venir, par rapport aux niveaux de 2023. En coulisses, certains observateurs relativisent cette modeste ambition, misant sur la dynamique de l'économie verte chinoise – énergies renouvelables, véhicules électriques, technologies bas-carbone – qui pourrait mécaniquement entraîner une baisse plus marquée que prévu. Mais sans objectif chiffré plus volontariste, Pékin envoie un signal politique faible. Ironie du calendrier, l'Union européenne elle-même n'a toujours pas formellement adopté sa propre cible de réduction pour 2035. À la tribune de l'ONU, Ursula von der Leyen a néanmoins voulu rassurer : « L'Europe maintiendra le cap de l'ambition climatique ». Elle a rappelé que l'UE avait déjà réduit ses émissions de 40 % depuis 1990, qui ne représentent désormais que 6 % du total mondial. La Commission s'appuie pour l'instant sur une fourchette non contraignante, laborieusement négociée entre les Vingt-Sept la semaine passée : entre 66,25 % et 72,5 % de réduction d'ici 2035. La présidente de l'exécutif européen a promis que l'objectif définitif serait présenté dans le cadre des préparatifs de la COP30, qui se tiendra au Brésil en novembre 2025. Une échéance cruciale, alors que les Etats-Unis – deuxième plus grand pollueur mondial – s'apprêtent, selon toute vraisemblance, à tourner le dos à l'accord de Paris si un changement de majorité devait survenir à Washington. À un moment où la diplomatie climatique patine, l'Union européenne tente de garder le flambeau de l'ambition allumé. Mais face à une Chine prudente et des Etats-Unis imprévisibles, le leadership climatique mondial apparaît plus que jamais fragmenté.