Les Etats-Unis connaissent depuis mercredi une nouvelle paralysie budgétaire, communément appelée « shutdown« , marquant un arrêt partiel du fonctionnement de l'administration fédérale. Cette situation, la plus grave depuis sept ans, menace directement les conditions de travail de quelque 750.000 fonctionnaires, qui pourraient être placés en chômage technique, selon les estimations du Bureau du budget du Congrès (CBO). Au cœur de cette crise se trouvent les profondes divisions entre les républicains, majoritaires dans les deux chambres du Congrès, et les démocrates, qui refusent de voter un budget sans garanties sur des dépenses sociales jugées essentielles. Les négociations engagées au Sénat ont échoué mardi soir, malgré une nouvelle tentative de compromis sur une mesure de financement provisoire. Pendant ce temps, l'échéance budgétaire du 1er octobre, marquant le début de l'exercice fiscal, n'a pas été respectée, précipitant l'administration dans l'impasse. Une administration fédérale à l'arrêt Les conséquences sont immédiates : de nombreux services publics sont perturbés, affectant des millions d'Américains. Le fonctionnement normal des parcs nationaux est suspendu, en pleine période de haute fréquentation liée au phénomène annuel du changement de couleur des feuilles. Dans les ambassades américaines à l'étranger, seules les alertes de sécurité seront désormais diffusées. La NASA, de son côté, a affiché un message annonçant la fermeture de ses activités en raison de l'absence de financement gouvernemental. Certaines agences continueront cependant à opérer, mais dans des conditions drastiques. Près de 88 % des employés de la Sécurité sociale et 96 % de ceux du Département des anciens combattants poursuivront leur travail sans rémunération. Le Département de la Santé et des Services sociaux, qui supervise entre autres la FDA et les CDC, prévoit de mettre plus de 32.000 employés en congé sans solde, soit près de 40 % de ses effectifs. Un impact économique et social préoccupant Au-delà du blocage institutionnel, les effets économiques risquent d'être significatifs. D'après les analystes, chaque semaine de shutdown pourrait réduire la croissance annuelle du produit intérieur brut. Pour une économie déjà confrontée à des tensions inflationnistes et des incertitudes financières, cette paralysie n'est pas sans conséquence. Le blocage résulte d'un désaccord fondamental. Les républicains proposent une simple prolongation du budget actuel jusqu'à fin novembre, mais refusent de revenir sur les coupes budgétaires initiées, notamment dans le domaine de la santé. Les démocrates, en revanche, exigent la restauration de financements clés, tels que ceux destinés à l'assurance maladie « Obamacare », dont bénéficient de nombreuses familles aux revenus modestes. Mardi, le président américain a d'ailleurs justifié la paralysie en affirmant que les shutdowns pouvaient avoir du bon, permettant, selon lui, de « se débarrasser de beaucoup de choses dont nous ne voulons pas« , faisant allusion à des programmes démocrates. Cette déclaration laisse entrevoir une stratégie plus large : profiter de cette situation pour accélérer le démantèlement de certaines structures fédérales, comme cela a déjà été amorcé par la Commission à l'efficacité gouvernementale (Doge), chargée d'orchestrer le départ de milliers de fonctionnaires.