Depuis plusieurs jours, les grands organes de presse publics et para-publics algériens — El Moudjahid, Ennahar, TSA, Echourouk ou encore Algérie 360 — consacrent leurs unes et leurs plateaux non pas à la crise économique, à la sécheresse ou aux tensions sociales qui minent le pays, mais au… Maroc. Sous des titres alarmistes tels que « Le Maroc s'embrase » ou « Les jeunes en colère contre le système », ces médias construisent un récit déformé, ignorant sciemment la réalité : des manifestations civiques, pacifiques et encadrées, portées par une jeunesse réclamant une meilleure gouvernance locale et des services publics plus performants. Ces mobilisations ne remettent nullement en cause les institutions. Au contraire, elles s'inscrivent dans un cadre démocratique où les citoyens expriment leurs attentes tout en réaffirmant leur attachement à la monarchie et leur confiance en Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Le contraste est saisissant : au Maroc, la jeunesse participe à la vie publique dans un climat d'ouverture et de stabilité ; en Algérie, la moindre tentative de sit-in étudiant ou syndical est perçue comme une atteinte à la sécurité nationale. Ce décalage révèle un malaise plus profond : la presse algérienne n'est plus un contre-pouvoir, mais un instrument de survie pour le régime. Une presse sous tutelle, un discours verrouillé Le système médiatique algérien est aujourd'hui entièrement soumis au pouvoir politique et sécuritaire. Les rédactions reçoivent leurs orientations de la direction de la communication du ministère de la Défense, relayées par l'ANEP (Agence nationale d'édition et de publicité), qui détient le monopole de la publicité institutionnelle et, par conséquent, la viabilité économique des médias. LIRE AUSSI : Le Maroc, plan A, B et C : la foi de Motsepe dans la CAN 2025 Cette dépendance produit une mécanique de propagande bien rodée : glorifier le régime et ses promesses économiques souvent sans suite ; étouffer toute critique interne, chômage, inflation, crise hydrique, corruption endémique ; et projeter les tensions sur l'extérieur, principalement sur le Maroc, en ressuscitant le discours du « voisin ennemi » et de la « monarchie autoritaire » ou du « peuple marocain en révolte ». Résultat : une opinion publique saturée de désinformation, coupée de la réalité nationale et privée d'un véritable débat public. Le Maroc, miroir d'un modèle qui dérange Ce tropisme anti-marocain ne doit rien au hasard. Il traduit une angoisse politique, celle d'un régime qui redoute la comparaison. Le Maroc avance, réforme et modernise son économie tout en consolidant ses institutions. Sa monarchie incarne une stabilité légitime et populaire ; sa diplomatie proactive et sa cohésion nationale en font un modèle qui fascine autant qu'il irrite à Alger. Si le Maroc voit dans la jeunesse un moteur de transformation, l'Algérie y voit une menace. Là où le Maroc encadre la contestation dans un cadre institutionnel, l'Algérie la criminalise. Là où la monarchie marocaine inspire confiance, le système algérien se méfie de tout esprit critique. Ce n'est donc pas le Maroc en tant que pays qui dérange, mais ce qu'il symbolise : une réussite politique fondée sur la légitimité, la réforme et la stabilité. Un écran de fumée pour masquer la crise intérieure Si les médias algériens se focalisent autant sur le Maroc, c'est parce que le régime est à court de récit national mobilisateur. Le mythe de la révolution s'essouffle, le discours anti-français perd sa force, et les promesses d'un « nouvel Etat fort » n'illusionnent plus un peuple confronté à la précarité, à la fuite des talents et à l'épuisement des ressources. Dans ce vide idéologique, le Maroc sert de paravent commode ; il permet d'entretenir le réflexe nationaliste et de détourner la colère populaire. Ainsi, pendant que les médias d'Etat dénoncent de prétendues « émeutes » à Casablanca ou à Tanger, ils passent sous silence les manifestations à Tiaret contre la pénurie d'eau, la dévaluation du dinar ou la montée du chômage ou encore la fuite des généraux. La liberté de la presse, baromètre de la vitalité politique La liberté d'expression demeure le meilleur indicateur de la maturité démocratique d'un pays. Au Maroc, le débat public reste ouvert, les critiques, parfois vives, témoignent d'une vitalité politique encadrée par des institutions solides. Par contre, en Algérie, la presse n'est plus qu'un relais du pouvoir, incapable de remplir sa mission d'information et de contrôle. Ce contraste dépasse le seul champ médiatique, il révèle deux visions de la gouvernance. Le Maroc regarde vers l'avenir et la réforme ; l'Algérie, elle, prisonnière de ses réflexes idéologiques, se replie sur le passé et le ressentiment. Le voisin comme alibi La focalisation d'Alger sur le Maroc n'est pas anodine. Elle exprime l'inquiétude d'un régime fragilisé, dépourvu de projet national fédérateur. Le Maroc dérange parce qu'il réussit, parce qu'il avance avec confiance et cohésion. Mais un pays qui détourne le regard de sa propre réalité finit toujours par en payer le prix. En somme, l'obsession médiatique algérienne pour le Maroc n'est qu'un reflet inversé d'un malaise profond. Un pays sûr de lui n'a pas besoin de dénigrer son voisin ; un pouvoir confiant ne craint pas la vérité. Et tant que la presse algérienne refusera de regarder en face les souffrances de son peuple — cherté de la vie, rareté de l'eau, fuite des cerveaux et la peur du lendemain —, elle restera l'otage d'un pouvoir en déclin. Face à cela, le Maroc n'a rien à prouver : sa stabilité, sa cohésion et la confiance de son peuple envers sa monarchie constituent la réponse la plus éloquente à la propagande d'en face.