Par Hassan Alaoui A quelque vingt-trois jours de la publication par le Conseil de sécurité des Nations unies de sa nouvelle Résolution sur le Sahara, nous sommes à tous égards contemplatifs. Comme chaque année à pareille époque, le cœur battant, nous sommes dans l'expectative, munis d'un lot d'interrogations – bien évidemment sans réponse dans l'immédiat -, livrés néanmoins aux spéculations et au jeu dérisoire des hypothèses. Il n'en demeure pas moins que l'analyse des événements et des faits des derniers douze mois, pourrait en l'occurrence constituer matière à une explication plausible – même hasardeuse – du processus en cours. L'échéance du 31 octobre a pour sa part été retenue depuis septembre 1991 comme une date fatidique. Autrement dit, dans la foulée de l'Accord de cessez-le-feu imposé par les Nations unies et naturellement la création de la MINURSO ( Mission des Nations pour l'organisation d'un référendum au Sahara ) que Feu S.M. le Roi Hassan II avait finalement accepté officiellement lors du Sommet africain organisé à Nairobi en 1981. La prochaine Résolution du Conseil, rédigée comme à l'accoutumée par les Etats-Unis, qui en sont le Pen Holder officiel, est probablement sur la table des membres du Conseil de sécurité qui l'examinent avec vigilance et assurément avec cette considération qu'elle incarnera, cette année, un tournant. Autrement dit, son caractère crucial n'échappera à personne, et ce qu'on appelle depuis cinq décennies par défaut « l'affaire du Sahara occidental » pourrait en l'occurrence modifier encore plus le rapport des forces dans ce vague concept du « droit des relations internationales ». D'ici le 31 octobre, les spéculations, disons-nous, vont bon train et les attentes se font pressantes, impatientes sur ce que sera le sort du polisario, l'ultime rôle du gouvernement algérien et le destin du processus de règlement du contentieux, menacé par l'affaiblissement progressif de l'ONU dans ce dossier. Lire aussi : Comment l'échec au Sahara peut-il conduire Alger à la parade d'un conflit armé avec le Maroc Soixante-trois ans de complotisme A dessein, je parle donc d'affaiblissement parce que l'approche par cette dernière du conflit n'a pas varié, elle obéit à un dessein tracé par l'ambition expansionniste de l'Algérie depuis maintenant soixante-trois ans. En fait depuis son indépendance en 1962, lorsque son armée s'était attaquée à un petit village du nom de Hassi Beida près de Figuig et assassiné ses habitants, déclenchant ainsi ce qu'on appelle depuis lors la « guerre des sables »... Auréolée par la juste cause de son combat contre la France pour la libération qui a duré de 1954 à 1962, l'Algérie a vite oublié le très précieux soutien que le peuple marocain lui a apporté. Pis : elle s'est retournée contre lui, elle a cultivé à la fois l'amnésie et la haine. Le dernier quart du siècle dernier, le premier quart du siècle actuel ont connu à la fois une constance et un terrible acharnement que seule l'histoire de l'expansionnisme retiendra : le double et invariable langage des dirigeants algériens que l'éthique ou le bon voisinage subiront. Combien de résolutions des Nations unies ont été votées sur cette question lancinante du Sahara marocain ? Pas moins de 65 ou 66 Résolutions pertinentes adoptées depuis 1975, qui rappellent selon le contexte spécifique de chaque année, la primauté de la règle de droit, la justesse de la thèse marocaine, elle-même appuyée sur l'avis de la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, émis en juillet de cette même année. L'analyse rigoureuse du contenu de toutes ces résolutions nous apprend qu'elles ont au fur et à mesure évolué, passant d'une rhétorique quasi sévère à une Realpolitik inspirée, mieux : fondée sur la Raison et moins hostile aux thèses défendues par notre pays. Autrement dit, la culture des Nations unies sur ce dossier en particulier s'est adaptée au fur et à mesure à une prise de conscience internationale des vrais enjeux de la géopolitique mondiale. Passer à autre chose Il était plus que temps, en effet, de passer à autre chose, d'aller au-delà des logomachies. Il n'en reste pas moins que les gouvernements algériens qui se sont succédé depuis 1975 sont demeurés attachés à une seule ligne de conduite : combattre le Maroc, contester assidument , avec acharnement la marocanité plus que prouvée de son Sahara. L'effrayant montant de plus de 500 milliards, révélé par le président Tebboune lui-même, ne les aura aucunement convaincus qu'ils vont dans un fossé abyssal et que cette gabegie financière va au détriment du peuple algérien, confronté à des privations et à un pouvoir d'achat incompressible. On est tenté de dire : « Tout ça, pour ça... » ! Le peuple algérien, floué et trompé depuis l'indépendance en juillet 1962, ne peut pas ne pas réagir un jour ou l'autre face à cette dilapidation de ses richesses, face à la surenchère d'une junte militaire qui n'a de cesse de le fourvoyer dans les dédales d'une mythologique grandeur, de mensonges et de propagande fastidieuse. En effet, « tout ça pour ça ! ». L'interminable et pitoyable campagne anti-marocaine de l'Algérie prendrait-elle fin un jour ? Rien n'est moins sûr , en effet, parce le Maroc incarnera toujours aux yeux de ses dirigeants le miroir éclatant de leur échec. Les membres du Conseil de sécurité, la quasi-totalité de ceux de l'Assemblée générale de l'ONU, ceux de la fameuse et sinistre 4ème Commission, petit jouet de pression algérien, en sont d'autant plus convaincus qu'ils n'y peuvent rien aussi... Il reste, il nous reste le vis-à-vis frontal avec une Algérie expansionniste et impérialiste, l'hypothèse de plus en plus plausible et prévisible à moyen terme d'une confrontation armée...