Une enquête judiciaire a été ouverte à Casablanca après la disparition mystérieuse de plusieurs dossiers médicaux au CHU Ibn Rochd. Ces archives concerneraient des cas d'erreurs médicales ayant entraîné des décès ou des invalidités permanentes. Le parquet compétent a saisi la police judiciaire afin d'élucider cette affaire qui met en cause la transparence du système hospitalier public. Une affaire aux allures de scandale secoue le secteur de la santé publique. Des dossiers médicaux auraient disparu des archives du Centre hospitalier universitaire (CHU) Ibn Rochd de Casablanca. Selon des sources citées par Assabah, ces documents concerneraient des cas d'erreurs médicales ayant provoqué des décès ou entraîné des invalidités permanentes. Une enquête a été ouverte sous la supervision du parquet compétent afin de faire toute la lumière sur ces disparitions. Les premiers éléments recueillis laissent penser que les dossiers manquants toucheraient des patients impliqués dans des affaires sensibles, susceptibles de mettre en cause la responsabilité de praticiens ou de structures hospitalières. Les autorités judiciaires ont confié le dossier à la police judiciaire de Casablanca, chargée de vérifier l'ampleur du préjudice et d'identifier les responsables d'une éventuelle dissimulation. Selon les mêmes sources, les archives effacées concerneraient des faits survenus au cours des dernières années dans différents services du CHU, notamment ceux de chirurgie et d'anesthésie. Ces dossiers, essentiels pour établir les causes exactes de certains décès, auraient disparu avant la conclusion des procédures médico-légales ou disciplinaires en cours. Lire aussi : Décès à l'hôpital d'Agadir : le ministère de la Santé saisit la justice et suspend provisoirement les responsables Cette affaire survient dans un contexte déjà tendu pour le système public de santé, marqué par une série de protestations dénonçant la dégradation des services et le manque de moyens dans plusieurs hôpitaux du Royaume. À Casablanca, des patients et des associations de défense des droits des malades pointent depuis longtemps le manque de transparence dans la gestion des plaintes liées aux fautes médicales. Contacté par Assabah, Lahbib Hajji, président de l'Association de défense des droits humains (ADDH), a affirmé que son organisation avait, depuis plusieurs mois, alerté sur la répétition d'erreurs médicales graves au sein d'établissements publics. « Lorsque nous avons déposé des plaintes pour des cas similaires, le parquet n'avait pas donné suite », a-t-il précisé, avant d'ajouter que certaines affaires avaient même été classées sans suite, après identification de l'origine des signalements électroniques. Le militant associatif estime que la disparition des dossiers du CHU Ibn Rochd pourrait relancer le débat sur la responsabilité médicale et sur la nécessité d'instaurer un mécanisme de suivi rigoureux, garantissant la traçabilité des actes médicaux. « Cette enquête pourrait être l'occasion de rouvrir des dossiers que l'on croyait clos », a-t-il indiqué. De leur côté, plusieurs acteurs du secteur hospitalier appellent à renforcer les mesures de contrôle des archives et à moderniser le système de gestion documentaire. Le Maroc s'est engagé depuis 2023 dans une réforme profonde de la santé publique, incluant la digitalisation des dossiers médicaux. Si elle était pleinement opérationnelle, cette transformation numérique aurait pu, selon certains experts, prévenir de telles disparitions. Le CHU Ibn Rochd, l'un des plus importants établissements hospitaliers du Royaume, accueille chaque année près d'un million de consultations et de séjours hospitaliers. Sa crédibilité, jusque-là solidement établie, se trouve aujourd'hui fragilisée par cette affaire, qui met en lumière les failles persistantes d'un système de santé en mutation. L'enquête judiciaire en cours devrait permettre de déterminer s'il s'agit d'une simple négligence administrative ou d'une manœuvre délibérée destinée à soustraire des preuves compromettantes. Le parquet de Casablanca a exigé un rapport complet sur la chaîne de conservation des archives et sur les responsabilités hiérarchiques éventuelles.