Entre les Boeren et les Lions de l'Atlas, Ismaël Saibari incarne la régularité et la maturité précoce d'un talent achevé. Muri à point, polyvalent et décisif, le milieu offensif marocain du PSV Eindhoven confirme cette saison son statut de pièce maîtresse, en club comme en sélection nationale. Au PSV, Saibari semble avoir atteint une forme de plénitude où sa vista s'exprime avec constance et assurance. Auteur d'un triplé face à Feyenoord la semaine dernière et d'un doublé contre Fortuna Sittard ce weekend, l'international marocain ne cesse de démontrer son importance dans l'effectif et les schémas tactiques du technicien néerlandais Peter Bosz. Au sein d'un groupe en plein élan, actuel leader de l'Eredivisie, le Lion de l'Atlas vit sans doute la période la plus aboutie de sa jeune carrière, montant en régime et enchainant les bonnes performances à mesure que le championnat avance. Formé en Belgique à Anderlecht et Willebroek, Saibari du haut de ses 24 ans, confirme aujourd'hui ce que son entourage pensait de lui depuis des mois. Le médian marocain a franchi un cap, celui de la maturité sportive. Flegmatique, concentré et technique, il est devenu un des piliers du vestiaire du PSV. « Ismaël progresse de manière impressionnante », confie son entraîneur après la victoire contre Feyenoord. « Il possède une force physique incroyable, mais il doit encore apprendre à la canaliser ». Un constat qui traduit la métamorphose d'un talent autrefois bridé par les blessures et l'excès d'enthousiasme. Aux Pays-Bas, les observateurs s'accordent à dire que Saibari a fait du chemin. L'ancien joueur de Genk a gagné en puissance et en constance. Le commentateur Jeroen Elshoff l'avait comparé à une voiture de Formule 1. « Tout le monde savait à quelle vitesse il pouvait aller, mais malheureusement, il roulait souvent avec trois roues ou des pneus crevés », a-t-il ironisé sur les ondes de NPO Radio 1. Lire aussi : Mondial U17: Nabil Baha convoque Bilal Soukrat et Ahmed Mouhoub Aujourd'hui, les pneus sont gonflés à bloc et Saibari trace sa voie et file à toute allure vers le sommet. Il n'y a pas longtemps, ses tirs manquaient encore de précision et son impatience trahissait sa fougue. « J'étais trop pressé de bien faire », a-t-il reconnu après son hat-trick à Rotterdam. Cette lucidité nouvelle témoigne d'un joueur plus conscient de ses lacunes et capable de les transcender. Bosz explique avoir travaillé avec lui sur l'harmonie entre puissance et maîtrise. « Avant, il perdait souvent l'équilibre après ses frappes », dit-il. Mais à cette étape de sa carrière, Saibari déroule son talent et joue avec plus de contrôle. Cette transformation ne s'est pas faite du jour au lendemain. Saibari a dû revoir son hygiène de vie pour préserver son corps et sa concentration. Sociable, presque trop, il avait du mal à s'économiser. « À l'heure où il devait se reposer, il préférait sortir retrouver ses amis. Il le faisait par gentillesse, mais il en faisait les frais », raconte son coach. Désormais, Saibari se réserve davantage de moments de repos et s'entoure d'un cercle plus restreint. Ainsi, les blessures se font rares, la régularité s'installe et la confiance grandit. Cette évolution se reflète aussi en sélection nationale. Sous le maillot du Maroc, Saibari est devenu un atout de poids pour l'équipe de Walid Regragui. Sa puissance, sa vision de jeu et sa capacité à casser les lignes en font l'un des pivots du milieu de terrain des Lions de l'Atlas. Valorisé à 27 millions d'euros, il est à présent convoité par plusieurs clubs européens. L'AC Milan, séduit par son profil complet et sa progression fulgurante, aurait voulu s'offrir ses services lors du dernier mercato, toutefois le PSV a refusé de s'en séparer, convaincu que sa mission à Eindhoven n'est pas encore terminée. Une décision qui s'avère déjà payante. Avec huit buts en quatorze matchs, Saibari pointe au deuxième rang des meilleurs buteurs d'Eredivisie. Décisif aussi en League des champions, il a fait trembler les filets contre Leverkusen et Naples. Après des débuts frustrants, l'international marocain, star incontestée du PSV, savoure en ce moment la plénitude d'un joueur en pleine ascension, conscient de sa valeur et maître de son destin. Eindhoven, le Maroc, et bientôt peut-être l'Europe entière découvrent en lui bien plus qu'un simple espoir, un talent arrivé à maturité.