À Dakhla, le silence s'est fait dense, presque palpable, lorsque la voix de Mme Souad Mekkaoui, directrice et co-fondatrice de Maroc Diplomatique, s'est élevée pour inaugurer la 5ème édition du Forum MD Sahara, organisée du 13 au 16 novembre 2025 et placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. En cet instant précis, ce n'était pas seulement un événement qui débutait, mais une mémoire qui prenait corps, une flamme qui était ravivée. La présidente fondatrice du Forum, dans un discours d'une rare intensité, a fait bien plus qu'accueillir ses invités ; elle les a saisis, transportés au cœur spirituel et historique du Maroc : la Marche Verte. « La Marche Verte n'a pas été une conquête territoriale, » a-t-elle lancé, chaque mot, pesé et chargé de sens. « Elle fut spirituelle, morale, civilisationnelle. » Cette phrase, martelée comme un credo, a immédiatement défini le cadre de la rencontre. Mme Mekkaoui a refusé la lecture purement géopolitique pour imposer une vision plus haute, plus profonde. Elle a analysé cet acte fondateur non comme une simple revendication, mais comme une « déclaration collective » d'une dignité inébranlable, celle d'un peuple avançant avec pour seules armes « le Coran dans une main, le drapeau dans l'autre. » L'émotion était palpable dans l'assemblée, car chacun comprenait que l'on touchait ici à l'âme même de la nation. Avec une éloquence poétique, elle a filé la métaphore d'une Marche qui ne s'est jamais arrêtée. « Cette Marche, » a-t-elle affirmé avec une conviction contagieuse, « se poursuit, silencieuse et sereine, dans notre travail, notre développement et notre coopération. » C'est là que son analyse, profondément ancrée dans la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a pris toute son ampleur. Elle a connecté le passé au présent avec une clarté fulgurante, faisant écho à la Parole Royale. Comme l'a affirmé Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans Son discours du 18 novembre 2020, « la Marche Verte n'est pas un simple événement. C'est un processus continu ». Mme Mekkaoui a démontré comment le développement des provinces du Sud est la manifestation la plus probante de cette continuité, le prolongement direct de l'élan de 1975. Chaque nouvelle infrastructure, chaque projet, chaque partenariat devient ainsi une nouvelle étape de cette « marche du siècle« . Le Sahara, sous sa plume oratoire, est devenu la « métaphore vivante d'un Maroc qui allie unité et progrès, souveraineté et solidarité, mémoire et modernité. » Lire aussi : Le Forum MD Sahara s'ouvre ce vendredi à Dakhla Le discours a ensuite changé de focale, élargissant son champ de vision du national au continental. C'est ici que l'analyse politique de Mme Mekkaoui s'est faite la plus acérée. Se faisant l'interprète fidèle de la Diplomatie Royale, elle a disséqué la vision de Sa Majesté le Roi pour l'Afrique, la résumant en une trilogie percutante : « Le partenariat au lieu de l'assistance. La co-construction au lieu de la dépendance. La solidarité au lieu de la rivalité. » Plus que des slogans, ces principes sont, dans ses propos, les piliers d'une nouvelle ère pour les relations Sud-Sud, une doctrine où le Maroc se positionne non en dominant, mais en partenaire Le point culminant de son intervention fut un appel vibrant, presque un serment lancé à l'adresse de l'avenir. « Nos ancêtres ont marché hier pour notre terre. Marchons aujourd'hui pour notre continent ! » Cette phrase, prononcée avec une gravité solennelle, a résonné comme un appel à la mobilisation de toute une génération. Elle a exhorté l'audience à transformer l'héritage de la Marche Verte en un projet pour l'Afrique entière. Son vœu final, que cette marche devienne « celle de tout le continent, une marche de lumière vers un avenir commun, un avenir de paix, de dignité et de grandeur africaine, » a laissé une empreinte indélébile. En quittant la tribune, Mme Souad Mekkaoui n'a pas seulement ouvert un Forum. Elle a offert une clé de lecture, une grille d'analyse puissante et émouvante pour comprendre le Maroc d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Elle a rappelé au monde que certaines marches, portées par la foi et la justesse d'une cause, ne s'arrêtent jamais vraiment. Elles se transforment, s'élèvent et continuent d'éclairer le chemin.