Armé d'une stratégie industrielle visionnaire et d'une position géopolitique enviable, le Maroc s'impose comme le nouveau carrefour de la « Route de la soie verte » chinoise. En attirant des investissements massifs dans les batteries, l'hydrogène et les technologies propres, le Royaume se positionne en champion de l'industrie décarbonée mondiale. La transition énergétique mondiale redessine la carte des investissements industriels. Au cœur de cette reconfiguration, le Maroc s'affirme comme un carrefour stratégique, captant l'offensive des géants chinois de la technologie verte et répondant à la demande croissante de l'Europe. Un rapport récent, « China's Green Leap Outward », révèle l'ampleur du phénomène : 227 milliards de dollars investis par la Chine dans des projets bas carbone à l'étranger, avec une accélération fulgurante où 88% de ces montants ont été engagés après 2022. Cette expansion, qualifiée de « nouvelle route de la soie verte », positionne le Royaume non plus comme un acteur périphérique, mais comme un maillon essentiel de l'industrie décarbonée mondiale. Lire aussi : Maroc-Chine : Cap sur un partenariat sécuritaire d'excellence L'attractivité du Maroc repose sur un alignement rare de conditions économiques et géopolitiques. Le rapport souligne que le pays est devenu un « pôle d'excellence au Moyen-Orient et en Afrique du Nord » pour les matériaux de batteries et l'hydrogène vert. Cette position de choix est le fruit d'une politique industrielle proactive, structurée autour de la décarbonation et de l'attraction des capitaux étrangers. Le Royaume tire parti de ses vastes réserves de phosphate, un composant crucial pour les batteries de voitures électriques, ainsi que de ses infrastructures de premier plan comme le port Tanger Med. S'y ajoutent des avantages compétitifs majeurs : un accès en franchise de droits au marché européen, un coût compétitif pour l'énergie solaire et éolienne, et un cadre réglementaire stable qui rassure les investisseurs. L'axe Pékin-Rabat : Une alliance industrielle en pleine croissance La coopération sino-marocaine, autrefois centrée sur les infrastructures, s'est transformée pour inclure les énergies propres, les composants de batteries et la mobilité électrique. Des groupes chinois de premier plan, tels que Gotion High-Tech et CNGR Advanced Material, ont déjà lancé des projets de plusieurs milliards de dollars dans le pays. Cette implantation répond à une stratégie de « dérisquage industriel » de la part de Pékin. Face aux tensions commerciales avec les Etats-Unis et l'Europe, les fabricants chinois cherchent à localiser leur production pour sécuriser leur accès aux marchés clés. Le Maroc, par sa stabilité et sa proximité avec l'Europe, offre une base idéale. Cette dynamique contraste fortement avec d'autres pays de la région, comme l'Algérie, qui peinent à capter ces flux d'investissements verts malgré leur potentiel. L'émergence du Maroc comme hub des technologies vertes est une opportunité majeure, avec des prévisions d'investissements cumulés de 15 milliards de dollars dans le seul secteur de l'hydrogène vert d'ici 2035, selon le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable. Cependant, ce succès rapide soulève des défis importants. Selon les experts, la consolidation de ce modèle nécessitera un suivi rigoureux de l'impact environnemental des nouvelles usines, la formation d'une main-d'œuvre hautement qualifiée pour répondre aux besoins de l'industrie, et la garantie d'un partage équitable des retombées économiques. En conciliant habilement ces impératifs, le Maroc a le potentiel de transformer cet afflux de capitaux en un développement durable et pérenne, confirmant son statut de leader de la transition énergétique en Afrique et au-delà.