Gagner sans convaincre. Le scénario est familier pour Walid Regragui, et il refait surface au moment le plus sensible : une Coupe d'Afrique des nations organisée à domicile. Face aux Comores, le Maroc a assuré l'essentiel en lançant sa CAN 2025 avec une victoire, mais la prestation a ravivé un débat récurrent autour de l'équipe nationale : faut-il privilégier l'efficacité ou répondre aux attentes d'un public en quête de spectacle ? Depuis le Mondial 2022, le sélectionneur national porte une double étiquette. Celle de l'entraîneur pragmatique, capable de bâtir des résultats historiques, mais aussi celle d'un technicien parfois critiqué pour un jeu jugé trop prévisible face à des adversaires regroupés. Le match d'ouverture a illustré ce tiraillement. Dominateur dans la possession, le Maroc a longtemps peiné à imposer un rythme suffisant pour déséquilibrer un bloc bas discipliné, donnant l'impression d'un contrôle sans réel danger. Cette situation place Walid Regragui au cœur d'une équation complexe. À domicile, la victoire ne suffit plus toujours. Le public, porté par l'espoir d'un sacre continental attendu depuis des décennies, réclame une équipe conquérante, audacieuse, capable d'imposer sa supériorité sans calcul. Or, gérer cette attente est sans doute l'un des défis majeurs du sélectionneur. La pression populaire, amplifiée par l'enjeu historique et médiatique de cette CAN, pèse sur chaque choix tactique, chaque composition, chaque changement. Lire aussi : CAN 2025 : Une ouverture magistrale à Rabat sous les éloges du monde entier Pour autant, réduire la performance des Lions de l'Atlas à une simple question de contenu serait injuste. Un match d'ouverture, surtout dans un tournoi de cette ampleur, est rarement un indicateur définitif. La nervosité observée, les imprécisions techniques et le manque de fluidité traduisent aussi un contexte émotionnel lourd, que Regragui doit absorber et canaliser. Son rôle dépasse désormais le cadre strictement sportif : il est aussi gestionnaire de pression, protecteur d'un groupe exposé à une attente parfois écrasante. Les solutions viendront sans doute des ajustements progressifs. Accélérer la circulation du ballon, varier davantage les zones de création, exploiter plus vite la profondeur et libérer les individualités offensives sont autant de pistes attendues. Mais le sélectionneur devra surtout trouver le juste équilibre entre contrôle et audace, sans renier ce qui a fait la force de son équipe : la solidité mentale et la capacité à gagner même dans la difficulté. La suite de la compétition sera déterminante. Face à des adversaires plus entreprenants, le Maroc sera jugé non seulement sur le score, mais sur sa capacité à imposer sa loi. Pour Walid Regragui, l'enjeu est clair : continuer à gagner tout en rassurant, convaincre sans se renier. Dans une CAN à domicile, le résultat est une obligation, le jeu une attente. La pression, elle, ne fera que grandir.