On se rappelle… En 2012, Hamid Chabat avait défait Abdelouahed el Fassi dans la bataille pour le secrétariat général de l'Istiqlal. Les partisans du fils d'Allal el Fassi avaient suite à cela créé un courant, transformé plus tard en association, « Bila haouada » (intransigeance), puis avaient attendu leur heure… qui semble être arrivée aujourd'hui avec la retentissante défaite de l'Istiqlal aux élections du 4 septembre et le revers personnel enregistré par Hamid Chabat dans ce qu'il croyait être son fief de Fès. « Bila Haouada » réagit Le courant, qui abrite plusieurs caciques du vieux parti nationaliste, a donc publié un communiqué incendiaire qui prend le contrepied des déclarations de Chabat. D'abord, en ce qui concerne le propos du secrétaire général, qui avait évoqué le soir du 4 septembre « le trucage anticipé de l'élection », et parlé aussi d' « une catastrophe démocratique ». « Bila haouada », au contraire, a salué l'ensemble de l'opération électorale, telle que menée par le gouvernement et principalement le ministère de l'Intérieur. « Les élections locales et régionales organisées au Maroc se sont caractérisées par la grande maturité dont a fait montre le corps électoral, concernant les courtiers et autres marchands électoraux, les corrompus et les concussionnaires. Cela a fortement réduit l'impact de ces gens sur le scrutin et a permis la chute d'un grand nombre de ces symboles de la corruption en provinces et en régions. Cela constitue une véritable leçon en matière de consolidation de la démocratie. Nous saluons les électeurs et électrices qui ont contribué à l'effondrement de tant de fiefs de la corruption ». L'attaque est claire et vise le SG Hamid Chabat qui a été écrasé dans sa ville de Fès. Et bien sûr, les partisans d'Abdelouahed el Fassi n'ont pas manqué de critiquer Chabat, indirectement, en imputant la cuisante défaite de l'Istiqlal au non-respect des fondamentaux du parti et de ses militants. « Le temps de l'instrumentalisation de la politique à des fins personnelles est bel et bien révolu. Nous appelons cette classe politique à partir en douceur car, en restant, c'est le parti, ses valeurs, ses fondamentaux et ses principes qui seront en danger ». Chabat doit partir Le mot est dit : « partir ». l'Istiqlal semble se mettre en ordre de marche pour lancer un mouvement bien plus large, destiné à bouter Hamid Chabat hors du parti et, si nécessaire, aussi brutalement qu'il y était arrivé. PanoraPost a contacté plusieurs dirigeants de poids du parti de l'Istiqlal qui ont toutes manifesté le souhait de voir du changement à la tête de l'Istiqlal. Ce changement devra porter sur, éventuellement, la convocation d'un Conseil national aux fins de convocation d'un congrès électif. Mais il faut relever qu'aucun membre du Comité exécutif n'a accepté de répondre à nos appels, sans doute par crainte de représailles. Il faut croire qu'à leurs yeux, Chabat est toujours aussi fort, à moins qu'ils n'appréhendent la réaction brutale d'un prédateur blessé. Pour preuve, aucun des deux journaux de l'Istiqlal n'a parlé de la cuisante défaite de Fès. Samedi, la réunion du Comité exécutif, selon un de ses participants a été confuse. Tout le monde pensait à la même chose, en l'occurrence la défaite du parti face au PJD et à la cause probable (dans l'esprit de chacun) de cette défaite. Mais personne n'a osé mettre en accusation Chabat et son style populiste qui a conduit à ce résultat. Ledit Chabat, lui, a insisté sur l'irrégularité de l'élection qui a eu raison de lui à Fès. Cela étant, un membre du comité exécutif, qui a demandé à rester anonyme, a clairement appelé à revoir les fondements du parti et, allant encore plus loin, a fait part de son souhait de voir le secrétaire général s'en aller, refusant même de se poser la question de la relève. « Il faut qu'il parte, quitte à ce qu'il soit remplacé par le plus modeste de nos militants »… TSC, quoi, tout sauf Chabat, dans l'intérêt supérieur du parti et du Maroc. Un autre baron de l'Istiqlal, appartenant à la vieille garde historique, a déclaré qu'il était aujourd'hui temps de réunir les cadres de l'Istiqlal dans chaque région, c'est-à-dire dans tout le Maroc, pour reconfigurer le parti et réorienter sa ligne politique. Il faut, selon lui, renoncer au caractère conservateur qui colle à l'Istiqlal, pour s'inscrire dans une logique triple, moderniste, démocratique et musulmane ; pas islamiste, musulmane.