Depuis les élections du 4 septembre, la majorité gouvernementale tangue et son chef Abdelilah Benkirane déploie tous les efforts possibles pour contenir les problèmes qui ne cessent d'apparaître partout et de tout le monde. Dernier épisode en date, celui du Fonds de développement rural et de qui de Benkirane ou de son ministre de l'Agriculture Aziz Akhannouch en sera l'ordonnateur. Un début de solution semble être trouvé, mais… Ainsi, après la violente joute verbale qui a opposé les deux hommes en Conseil de gouvernement la semaine dernière, il semblerait qu'Abdelilah Benkirane s'évertue à calmer les esprits, surtout quand il lui est apparu de plus en plus évident que le groupe de son propre parti s'apprête à réclamer l'amendement de l'article 30 du PLF 2016 qui fait du ministre de l'Agriculture l'ordonnateur du Fonds. Ainsi, selon une source ayant participé à la réunion des groupes de la majorité gouvernementale, Benkirane a eu recours à la parabole des deux mères et du roi Salomon. Se disputant la maternité d'un enfant, les deux femmes s'en sont plaintes au roi, qui leur a dit qu'il allait couper l'enfant en deux, pour que chacune prenne une moitié. L'une des deux mères s'est opposé à la solution, préférant renoncer au nourrisson, et c'est ainsi que Salomon avait compris qu'elle était la vraie mère… Benkirane, en disant cela, a laissé entendre qu'il était prêt à se désister de la fonction d'ordonnateur du Fonds, même si elle lui revient de facto et de jure… Plus sérieusement, le chef du groupe RNI à la Chambre des représentants Ouadie Benabdallah, interrogé par PanoraPost, a indiqué que le PLF, et son article 30 donc, ont été approuvés en Conseils de gouvernement, puis de ministres, et que les choses étaient claires. Aujourd'hui donc, poursuit Benabdallah, « la position du RNI est ferme ; c'est le ministre de l'Agriculture qui doit être l'ordonnateur du Fonds ». Mais le PJD ne partage pas cet avis. Ainsi, le chef de son groupe Abdallah Bouanou a expliqué dans les médias que « cet article n'est pas une fatalité, et qu'il devait être amendé pour remettre les choses à leur endroit ». Quant à Mohamed Yatim, l'un des dirigeants de la première heure du PJD, et député, il a été dans le même sens dans son allocution à la commission des finances de la Chambre des représentants ; « la logique constitutionnelle et la hiérarchisation des responsabilités indiquent qu'il ne peut y avoir d'autre ordonnateur que le chef du gouvernement, surtout que le roi, dans son discours, a insisté sur le caractère global et homogène du projet de développement agricole et que de ce fait, ce ne peut être que le chef du gouvernement qui le gère ». Benkirane risque donc de se trouver une fois encore confronté à une opposition au sein de son propre parti, sauf s'il convainc ses députés de savoir raison garder pour éviter toute polémique. C'est le sens de la réflexion du Dr Saâdeddine Elotmani qui nous expliqué qu' « il ne faut pas aller vite en besogne. On attendra la réponse du ministre de l'Agriculture aux questions qui lui seront posées par les différents groupes, et nous déciderons ensuite ».