Le torchon ne cesse de brûler entre le secrétaire général des Nations Unies et Rabat. Après la décision unilatérale du Maroc d'expulser les personnels politiques de la Minurso et les membres du bureau militaire de liaison à Dakhla, Ban Ki-moon insiste pour faire condamner le Maroc par le Conseil de Sécurité, qui maintient une position de statu quo. Ban Ki-moon se retrouve donc seul à gérer la crise qu'il a lui-même créée avec Rabat, en utilisant le terme « occupation », en appelant à un référendum et en allant dans la zone tampon. Sollicitant l'appui sans réserve et inconditionnel du Conseil de Sécurité, il s'est retrouvé à lutter seul, les 15 membres du CS ne voulant manifestement pas condamner le Maroc. Alors, le SG fait donner son porte-parole, qui a usé de termes et d'expressions agressives. « Le Maroc a violé la Charte des Nations Unies », a ainsi déclaré Farhan Haq, porte-parole adjoint de Ban Ki-moon. Lors d'une conférence de presse qui a tourné en grande partie autour de cette affaire, Haq a insisté sur la conduite « inacceptable » du Maroc, demandant « sa condamnation publique ». Mais lors de son déjeuner du lundi 21 mars avec les 15 représentants permanents du CS, rien n'a été décidé, et de l'aveu même de Farhan Haq, les ambassadeurs ont maintenu leur position de négocier bilatéralement avec Rabat pour trouver une issue à cette crise. Le porte-parole (et ami) de Ban Ki-moon, Farhan Haq, n'a pas souhaité évoquer le soutien explicite des grandes puissances (Etats-Unis, France et Russie) au plan d'autonomie marocain, tout en reconnaissant que leur attitude pourrait devenir l'expression d'une politique de soutien. Mais il persiste à demander une condamnation de Rabat, expliquant que l'usage du terme « occupation » a déjà été effectué par l'ONU, mais en 1989 et 1990, c'est-à-dire avant l'installation de la Minurso, et avant que n'apparaisse l'impossibilité de l'organisation d'un référendum, pour cause de refus du Polisario et de l'Algérie de procéder à un recensement des populations de Tindouf. Cela étant, le temps joue contre Ban Ki-moon car, 1/ La crise dure depuis 10 jours maintenant sans qu'il n'ait réussi à obtenir un soutien des 15 membres du Conseil de Sécurité, 2/ la réunion du 22 avril, pour la ratification de l'Accord de Paris à la COP21 approche, le Maroc étant l'organisateur de la COP22 et que 3/, le SG est à seulement quelques mois de son départ. Il semblerait que les grandes puissances aient autant « enterré » le SG que celui-ci l'a fait pour le plan d'autonomie marocain. On privilégie plus les relations avec Rabat qu'on n'accorde d'importance à la fierté malmenée d'un haut-fonctionnaire sur le départ et ayant lui-même créé les conditions de l'actuelle tension.