La 13ème Conférence au sommet des pays islamiques se tient en Turquie. Mohammed VI n'y a pas été, dépêchant son ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar qui a lu le discours du roi, lequel contient, comme en pareilles circonstances, de nombreux messages. 1/ « On assiste à une montée des démons du sectarisme et de la division et à une recrudescence de l'extrémisme et du terrorisme. Il est donc impérieux d'identifier les facteurs ayant conduit à cette situation malsaine, porteuse de multiples dangers, et de déterminer les raisons qui font que le monde islamique en constitue une source, mais aussi une cible à la fois. Ce qui confère une importance accrue à ces interrogations, ce sont les tentatives de certaines parties, ici et là, visant à exploiter cette situation précaire pour attiser les velléités séparatistes, ou redessiner la carte du monde islamique. Ces tentatives reposent sur des bases faisant l'impasse sur l'Histoire et les identités, reniant les particularismes et les attributs spécifiques. Elles traduisent des visées d'immixtion dans le destin des nations et de mise en danger de la sécurité et la stabilité mondiales ». Dans ce passage, on peut lire une critique des Iraniens par Mohammed VI, à travers leur activisme en Irak où une carte du monde islamique est en voie effectivement d'être redessinée. Mais il y a aussi la situation au Yémen où les visées (toujours) iraniennes sont contrecarrées par l''Arabie Saoudite. La Turquie, à son tour, par sa répression des Kurdes de sa partie orientale, essaie d'empêcher une fédération de la nation kurde, en collaboration avec l'Iran et l'Irak désormais chiite, et qui craignent l'instauration d'un Etat kurde. Enfin, on peut lire dans ce paragraphe une attaque contre l'Algérie qui « attise des velléités séparatistes ». L'allusion est on ne peut plus claire au Polisario et à son objectif de créer un (énième) Etat arabe et islamique. 2/ « La situation s'est détériorée davantage avec la montée, ces dernières décennies, dans les sociétés occidentales, de courants hostiles à l'Islam et avec la culture de la peur, de la méfiance et de la haine à l'égard des minorités musulmanes. Il s'agit, en particulier, d'immigrés issus de nos pays respectifs et vivant au sein de sociétés imprégnées des valeurs de respect des droits de l'Homme, notamment, et au premier chef, celles de la bienveillance, la tolérance, la solidarité et l'assistance mutuelle. En outre, des voix hostiles à l'Islam se sont élevées en Occident, attisant les sentiments de haine et mobilisant l'opinion publique occidentale contre cette religion, à la faveur d'une islamophobie grandissante et fort inquiétante ». Ce passage est à mettre en parallèle avec le rapport mondial annuel 2015 sur les droits de l'homme, publié mercredi par le département d'Etat américain, et mettant assez sévèrement en cause la montée de l'islamophobie en France, à travers les actes hostiles aux musulmans et la montée inexorable de l'extrême-droite, résolument islamophobe. Selon ce rapport, le nombre des insultes, d'agressions visant des fidèles musulmans ou d'attaques de mosquées a bondi de 281% au cours des six premiers mois de l'année 2015, comparé à la même période en 2014. 3/ « Il faut établir et mettre en œuvre les stratégies et les programmes de réforme appropriés, dans le plein respect des spécificités nationales et sur les bases de solidarité et de coopération au sein de l'espace régional et au niveau international ». L'objectif est de développer un cadre de travail dans les Etats islamiques en vue d'instaurer une prospérité dans les différents pays afin qu'y règne la paix et pour que les crises qu'ils connaissent soient résorbées.