La Turquie a décrété un jour de deuil ce dimanche, au lendemain d'un double attentat qui a fait 38 morts, pour la plupart des policiers, dans le cœur d'Istanbul. Un double attentat qui porte la marque des rebelles kurdes, selon les autorités, bien que d'autres organes de presse doutent du modus operandi, qui n'est pas celui des rebelles. Les deux déflagrations, l'une causée par un véhicule piégé, l'autre par un kamikaze, se sont produites samedi soir à moins d'une minute d'intervalle à proximité du stade de l'équipe de football de Besiktas, près des bureaux du Premier ministre. Les "Aigles noirs" venaient de remporter un match crucial contre Bursaspor (2-1). Plusieurs supporters, sont alors partis dans le parc voisin de Maçka pour commenter et refaire le match, quand les déflagrations se sont produites. Une voiture piégée a explosé contre un véhicule de transports de la police à proximité du stade et quelques 45 secondes plus tard, un kamikaze s'est fait exploser au milieu d'agents dans le parc de Maçka. Le bilan n'a cessé de s'aggraver tout au long de la nuit pour s'établir, encore provisoire, à 38 morts et 166 blessés… les morts sont 30 policiers, 7 civils et 1 personne dont l'identité n'a pas encore été déterminée. Après les explosions, les autorités ont rapidement bouclé tous les accès au quartier du stade. Des dizaines de policiers, mitraillette en bandoulière ou arme au poing, empêchaient tout passage, tandis qu'un hélicoptère survolait le quartier. Pour l'heure, les attaques n'ont pas été revendiquées, mais les premiers éléments recueillis "désignent" les séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), selon la déclaration, dimanche 11 décembre, du ministre de l'Intérieur, Süleyman Soylu. « Les constatations effectuées (...) désignent le PKK comme l'auteur du double attentat », a-t-il déclaré, évoquant notamment « la manière dont l'événement a été planifié », ainsi que le "timing" des explosions, qui semblent avoir visé des cibles de la police. Treize personnes ont été interpellées dans le cadre de l'enquête sur ce double attentat. Une équipe de la police scientifique ratissait dimanche le stade et le parc, à la recherche d'indices. « Nous avons assisté, ce soir à Istanbul, à la manifestation la plus hideuse du terrorisme », a réagi samedi le président Erdogan dans un communiqué. « Il apparaît que ces explosions (...) avaient pour but de causer le plus grand nombre possible de victimes », a souligné M. Erdogan, assurant: « Nous allons vaincre le terrorisme ». Le président et le Premier ministre turcs assistaient dimanche matin, à Istanbul, à une cérémonie d'hommage aux policiers tués. Si les autorités turques ont été, donc, promptes à désigner les Kurdes du doigt, le spécialiste français Frédéric Encel (professeur à Science Po) indique pour sa part que « chaque attentat a une signature. Les attentats de type kamikaze ça ne correspond pas au modus operandi des Kurdes. Ce n'est pas comme ça qu'ils fonctionnent. De façon quasi général, les attentats kamikazes sont le fait des islamistes radicaux, quelques soient les tendances ».