Les remous continuent au sein de l'Istiqlal, qui n'en finit pas de tanguer. Le Conseil national extraordinaire du 31 décembre avait décidé de déférer devant la commission disciplinaire du parti son propre président Taoufiq Hjira, Karim Ghellab et Yasmina Baddou. Contrairement aux deux premiers, qui ne se sont pas présentés devant leurs « inquisiteurs » hier 26 janvier, l'ancienne ministre de la Santé y a été.et elle a parlé… La meilleure défense, dit-on, étant dans l'attaque, et elle a donc attaqué, et durement chargé Hamid Chabat. Selon Yasmina Baddou, la fameuse rencontre du 8 octobre, qui avait réuni Ilyas el Omari, Driss Lachgar, Salaheddine Mezouar, Hamid Chabat et Mohand Laenser et qui avait pour but de former une majorité absolue, mérite qu'on s'y attarde un peu. Raisonnant en toute logique, elle s'est demandé pourquoi Hamid Chabat, qui a dit tout le mal possible de cette réunion, y était présent… Le patron de l'Istiqlal avait raconté à Abdelilah Benkirane que, présent parmi les autres ce 8 octobre, il avait précipitamment quitté la réunion car il ne voulait pas cautionner le « putsch » contre la démocratie qui s'y serait tramé. Fort bien, explique Yasmina Baddou, « mais alors pourquoi Chabat y est-il allé, et sans même se concerter avec les membres du Comité exécutif ? »… Et de poursuivre que si le secrétaire général de l'Istiqlal s'était ensuite jeté dans les bras de Benkirane, ce n'était ni par attachement à la démocratie ni par amour fol pour Chabat, mais plus prosaïquement parce qu'el Omari a refusé de s'engager à le soutenir pour la fonction de président de la Chambre des représentants qu'il briguait. Les langues commencent à se délier à l'Istiqlal, et on devrait commencer à apprendre les dessous des desseins des uns et des autres. Pourquoi Abdelilah Benkirane, puisqu'il est en situation d'être informé en temps réel de tout cela, a-t-il accepté de déclarer son amitié à Hamid Chabat que, selon plusieurs sources proches du chef du PJD, il n'apprécie pas du tout ? La réponse est simple : pour faire main basse sur un Istiqlal en pleine phase de doute et de fragilité, et se donner ainsi une légitimité historique, pour renforcer sa légitimité électorale.