Le nouveau ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Formation professionnelle et de la Recherche scientifique Saïd Amzazi n'a pas encore bouclé sa semaine à la tête de son département qu'il entend déjà y imprimer sa marque. Première grande (et très utile) décision : interdire les portables dans l'enceinte des établissements scolaires. Une circulaire vient en effet d'être émise et transmise à tous les inspecteurs généraux en régions. Elle interdit aux professeurs, mais aussi aux élèves et autres fonctionnaires de l'établissement de disposer d'un téléphone portable dans l'enceinte de l'établissement. Le libellé du texte est on ne peut plus clair et vise à « interdire définitivement aux élèves et aux fonctionnaires des établissements d'utiliser les téléphones portables dans les classes, (afin) d'assurer un climat favorable aux cadres éducatifs pour accomplir leur mission dans de bonnes conditions ». Les téléphones, c'est bien connu, servent à toutes sortes de choses, parler, jouer, communiquer, draguer, corriger, tricher… mais il est une chose à laquelle ils servent tout particulièrement : perturber la bonne marche d'un cours. Il ne reste plus à M. Amzazi qu'à s'assurer que sa circulaire sera très scrupuleusement respectée, ce dont on peut douter, tant le changement sera brutal. Il aurait été, en principe, salutaire que le département de l'Education nationale explique sa décision. Voici quelques bonnes raisons pour justifier l'interdiction du portable : 1/ S'il sonne en classe, ça perturbe les cours ; 2/ A la pause, on peut être tenté de se coller à son portable au lieu de passer du temps avec les amis, ou en bibliothèque ; 3/ Un portable coûte cher, il fait donc des envieux, et éventuellement des voleurs ; 4/ On peut se faire harceler sur les réseaux sociaux, ou donner trop d'informations sur sa vie privée… Il reste donc à espérer que cette décision ne connaîtra pas le sort d'une autre, prise en son temps par le prédécesseur de Saïd Amzazi, l'infortuné Mohamed Hassad, révoqué en octobre dernier. Celui-ci avait, en effet, voulu imposer une tenue standard - un uniforme, quoi - aux professeurs, mais la décision était restée lettre morte. Il fut un temps jadis, à un temps où les portables n'existaient pas et où élèves et professeurs se présentaient dans des mises vestimentaires très sobres. Tablier pour les élèves, et tenue correcte pour les enseignants. Aujourd'hui, entre niqabs austères et jambes à l'air, du jeans déchiré au t-shirt délabré, on a le sentiment que les lieux d'enseignement sont tout, sauf cela. En France aussi, le gouvernement a confirmé l'interdiction à la rentrée 2018 du téléphone portable pour les élèves des écoles et collèges, une mesure qui figurait dans le programme de campagne d'Emmanuel Macron. Bravo donc, M. Amzazi, pour cette décision de forme… place maintenant au travail de fonds, pour lequel il faudra plus qu'une circulaire…