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Maroc, Sahara, Ceuta, Melilla et frontière avec l'Algérie : Le dessous des cartes
Publié dans Yabiladi le 28 - 05 - 2012

Le coup de théâtre égyptien auquel les Marocains ont eu droit laisse encore perplexe. Un candidat aux élections présidentielles en Egypte a monté une carte du Maroc avec sa partie sud portant le drapeau du Polisario. Cet incident est répété lorsqu'à Doha, les organisateurs d'un forum présentent la carte du royaume sans la Sahara. Ce n'est pas une première et les incidents de ce genre se sont multipliés ces dernières années. Tout ceci fait naitre des interrogations telles, pourquoi trouve-t-on des cartes du Maroc coupées en deux ? Le royaume a toujours revendiqué le Sahara, mais pourquoi le flou subsiste-t-il sur la délimitation de sa frontière Est ? Eléments de réponses.
Le jeune écolier ou collégien marocain apprend à l'école que son pays compte seize provinces, dont trois sont situées dans le sud, dans la partie dite Sahara marocain ou plus connu internationalement par Sahara occidental. Seulement, au contact de l'extérieur (médias internationaux, internet,…), il est outragé, puisque la carte du Maroc est souvent présentée avec treize provinces. Erreur ? En tout cas, c'est ainsi que le prennent la plupart de ceux qui se «trompent». Décembre 2008, la filiale marocaine du géant américain du fast-food, McDonald's, ouvre le bal des «erreurs» en distribuant des jouets avec la carte du Maroc sans le Sahara. L'Association Sahara Marocain [ASM] se plaint, la filiale chérifienne s'excuse et rectifie le tir. Mars 2010, l'ASM révèle la même maladresse chez Nokia. La célèbre marque finlandaise de téléphone dote ses derniers modèles d'un service GPS contenant une carte du Maroc amputée du Sahara. L'ASM monte au créneau et exige des excuses publiques. Mais ça ne s'arrête pas là. Entre 2010 et 2011, Free et SFR proposent des appels illimités vers les lignes fixes de plus de 100 pays. Constat : sur la carte géographie illustrative, l'offre à destination du Maroc n'inclue pas le Sahara, alors que de nombreux MRE ont leurs familles à Dakhla, Laâyoune et Smara [sud du pays]. Yabiladi contacte SFR qui, par la suite, corrige son «erreur».
Décembre 2011, Bouygues Telecom s'attire les foudres des Marocains de France en publiant dans un spot une carte du royaume sans le Sahara. Sur sa page Facebook, l'opérateur français se justifie, écrivant que l'acte était «involontaire». Le dernier faux pas en date est celui de Doha, auquel le gouvernement Benkirane a réagi, en exigeant un rectificatif. Chose faite immédiatement, accompagnée des excuses des autorités qataries. Deux jours plus tard, Abdallah Bakkali, membre de l'Istiqlal, révèle qu'un candidat à la présidentielle égyptienne a monté une carte du Maroc avec sa partie sud, le Sahara, portant le drapeau du Polisario [vidéo publiée le 16 mai]. Joint par le ministre des Affaires étrangères, Saad Eddine El Othmani, ledit candidat égyptien présente ses excuses.
En somme, depuis 2008, c'est le même scénario. Erreur-excuse, erreur-excuse. Jusqu'à quand cela va-t-il durer ? Plusieurs entreprises commettent l'erreur de présenter géographiquement le royaume chérifien sans le Sahara. Cependant sur la carte officielle de l'Organisation des Nations Unies (ONU), le Sahara occidental est qualifiée d'«annexion ou occupation non reconnue par l'ONU».
La problématique est donc beaucoup plus profonde que ce qui parait. En dehors du Maroc, il est assez rare que les cartes du monde inclues le Sahara occidental au territoire marocain. Tout simplement parce que l'origine de ces cartes viennent de celle de l'ONU. Et la position de cette dernière est d'ores et déjà connue. L'instance internationale est favorable à l'auto-détermination du Sahara et l'a déjà clairement fait savoir. Mais, chose curieuse, Yabiladi a interrogé sur le sujet le porte-parole adjoint de Ban Ki Moon, Eduardo del Buey, et au bout de presqu'une semaine, les responsables politiques onusiens n'ont toujours pas fait de déclarations à ce sujet. La raison pourrait en être la tension qui règne actuellement entre le Maroc et l'ONU après que Rabat ait demandé le départ de l'émissaire de Ban Ki Moon, Christopher Ross, ce qui pourrait avoir une incidence sur le processus de résolution du conflit du Sahara. Ce, même si un remplaçant à M. Ross est déjà pressenti, Colin Powell. A New York, l'Espagne a signifié son désir de voir les négociations aboutir, car ce différend a «trop duré». Le Maroc espère que le plan d'autonomie qu'il a proposé et qui a reçu un soutien affirmé de la France et des Etats-Unis pourrait à terme résoudre cet épineux problème.
La frontière Est, le flou total
Néanmoins, à l'est du Maroc une autre difficulté subsiste : le flou demeure quant à la délimitation de la frontière Est du Maroc. D'ailleurs, le célèbre journaliste algérien Chawki Amari le rappelait encore l'an dernier dans une chronique, publiée par Arte, en écrivant : «…entre l'Algérie et le Maroc, où la frontière entre les deux pays, toujours pas ratifiée, suit une longue vallée naturelle encadrée par de hautes montagnes. Vous avez dit frontières ?», s'interrogeait-il.
«Le Maroc cherche à maintenir le statu quo au sujet des frontières avec l'Algérie, parce qu'il évite de mettre des pierres d'achoppement dans les relations», répond Mohamed Darif, politologue et sociologue marocain. Pour lui, le problème remonte à l'époque coloniale. «Quand le Maroc a obtenu son indépendance en 1956, l'Algérie était encore une colonie française. Les Français ont proposé au Maroc de délimiter les frontières, mais les Marocains avaient refusé parce que ça aurait été, pour eux, comme une colonisation de la France», raconte-t-il, précisant que le royaume attendait l'autonomie de son voisin algérien. Mais lorsque l'Algérie obtient son indépendance, le tracé des frontières n'est pas clair. Le Maroc revendique alors les territoires qui dépendaient jadis de sa souveraineté, notamment Tindouf et Béchar, mais l'Algérie s'y oppose, puisque des gisements de pétrole y avaient été découverts. Après «la guerre des sables où l'Algérie a reçu le soutien de l'égyptien Jamel Abdnasser, un défenseur du nationalisme arabe se positionnant contre les monarchies arabes, raconte le politologue, le royaume a voulu renforcer ses liens avec son voisin, mais depuis toutes les tentatives de rapprochement ont été un échec».
«Des voix se sont élevées prônant la nécessité d'évoquer ce problème de frontière entre le Maroc et l'Algérie. Mais les forces politiques sérieuses et la monarchie ne font rien de concret pour cela», affirme M. Darif. Plusieurs ministres marocains se sont déplacés en Algérie et vice-versa. A l'occasion, chacun d'eux a souligné la volonté de faire un pas en avant dans les relations bilatérales. La semaine dernière encore, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, s'est exprimé à ce sujet. Lors de sa visite en Espagne, le premier ministre a clairement fait comprendre qu'il est pour la réouverture des frontières et que tout dépend de l'Algérie. Mohamed Darif n'entend pas les choses de cette oreille. «Ce sont des déclarations qu'il ne faut pas prendre au sérieux. C'est ma conviction. La priorité est accordée au Sahara, clame-t-il». «Il y a au Maroc une sorte de réalisme. Dans cette 'real politic', on évite de mettre des pierres d'achoppement dans les relations. On l'a constaté, le Maroc ne parle jamais de ce qu'on appelle les frontières de l'Est», déplore le politologue.
Les présides, n'en parlons plus
Des dossiers comme ceux de la frontière Est qui laissent dans l'incertitude, il y en a d'autres. Ce qui induit en erreur pas mal d'institutions et entreprises. C'est le cas des présides espagnols, Sebta et Melilla, situées au nord du Maroc. En 2010, Google Maps a éveillé la colère du gouvernement espagnol en attribuant ces terres au Maroc, ainsi que plusieurs autres îles ou presqu'îles étant sous l'autorité du royaume ibérique.
Interrogé en Espagne sur l'évolution du dossier Sebta et Melilla, M. Benkirane a déclaré : «À ce sujet, nous devons réfléchir. Ce n'est pas un problème que nous allons résoudre du jour au lendemain». Pour Mohamed Darif, «cette déclaration ne vaut rien», affirme-t-il d'un air choqué. Même là encore, «on ne veut pas se précipiter», s'offusque le politologue qui revient sur la notion de «real politic» du Maroc qui, selon lui, ne fait que renforcer le statu quo sur les questions cruciales.
Si la carte du Maroc est devenue l'objet d'une succession «d'erreurs» de la part des entreprises, n'est-ce pas tout simplement parce qu'elles ne savent sur quel pied danser ? En revendiquant le respect de la représentation géographique du pays, le gouvernement ne devrait-il pas aussi apporter des éclaircissements au sujet de sa frontière Est, ne serait-ce que pour la fierté des Marocains ? Depuis, le royaume multiplie les coopérations économiques avec ses partenaires algériens et espagnols sans aborder de manière franche ces questions qui taraudent les esprits depuis plusieurs années. Les intérêts économiques sont-ils prioritaires ?


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