Même si le gouvernement algérien continue de mobiliser ses médias et ses partis pour accuser en boucle le MAK et le Maroc du meurtre du jeune Jamal Bensmail, l'opération connaît bien des défections qui pointent une instrumentalisation du drame à des fins politiques. En Algérie, la version officielle sur le meurtre du jeune Jamel Bensamail, impliquant le Mouvement d'autodétermination de la Kabylie et le Maroc, ne fait pas l'unanimité. Des voix la contestent ouvertement. Noureddine Boukrouh, l'ancien ministre et candidat malheureux aux élections présidentielles de 1999, en fait partie. Dans une longue contribution, publiée sur sa page Facebook, il a pointé les contradictions des «révélations» de la police judicaire annoncées le dimanche 15 août. Mais avant de commencer son réquisitoire, il a tenu à rappeler l'assassinat de Mohamed Boudiaf, assurant que la décision d'éliminer le président a été prise en mars 1992, suite à sa réunion «privée» au Maroc avec le roi Hassan II. Une façon pour lui de classer le meurtre du jeune Bensmail dans la sinistre catégorie de «crimes d'Etat» dans ce pays. D'ailleurs, il a intitulé sa contribution : «Le supplice de Jamal Bensmail : S'agit-il d'un crime d'Etat ?». «Il faut situer le niveau de responsabilité de la prise de cette décision inouïe de laisser carboniser un citoyen à l'entrée d'un commissariat devant des policiers obligés d'assister à un meurtre collectif les bras croisés», a-t-il enchaîné. Catégorique, l'ex-ministre affirme que les véritables coupables de ce crime sont ceux qui «ont donné de loin, de Tizi Ouzou et d'Alger, l'ordre de laisser commettre cet assassinant sans bouger». «Ce sont ceux-là qui doivent être jugés, mais je suis sûr que le pouvoir qui a imposé à son pays une Constitution et une Assemblée nationale avec 4% des voix, ne le fera pas et continuera à collectionner les erreurs jusqu'à l'explosion de la machine», conclut-il. Instrumentaliser le drame pour s'en prendre au Maroc Pour sa part, le site Algerie Part Plus a directement dénoncé une opération orchestrée par le pouvoir visant à «instrumentaliser le meurtre barbare de Djamel Bensmail pour des fins de pure propagande politique». A cet effet, des responsables de la police ont tenu, révèle la même source, une réunion au cours de laquelle «un plan d'action a été tracé pour communiquer à la Justice algérienne et à l'opinion publique nationale un nouveau récit destiné à disculper totalement les policiers relevant de la sûreté urbaine de la Larbaâ Nath Irathen». Le média ajoute que les policiers «n'ont accompli aucune démarche pour protéger l'intégrité physique et morale du défunt Djamel Bensmail, lynché et brulé vif sur une place publique devant le siège de l'un des plus importants commissariats de la Police de toute la Kabylie». Dans sa contribution, l'ancien ministre Noureddine Boukrouh, précise, en effet, que «deux ou trois rafales tirées en l'air auraient suffi pour mettre fin à l'expédition meurtrière» et a épargné la vie de feu Bensmail. Moins accablant pour le pouvoir en place que les révélations du site Algerie Part Plus et les griefs de Boukrouk, le Parti des Travailleurs de Louisa Hanoune souligne que le drame de l'exécution de Djamel Bensmail «ne saurait escamoter la tragédie immense et horrible causée par les incendies qu'ils soient d'origine criminelle ou pas (…) ni taire le débat politique autour des responsabilités politiques». Il évoque «l'absence d'anticipation et de prévisions au niveau des institutions, de déficits établis en moyens humains et matériels aussi bien pour la protection civile que la direction de la préservation des forêts» Dix jours après les feux en Kabylie, la police algérienne n'a pas encore présenté au public les coupables de ce crime. Pourtant, le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé, jeudi 12 août dans une allocution télévisée, l'arrestation de «22 suspects» dont certains seraient des membres du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), que l'Algérie considère comme proche du Maroc.