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Chaïbia Talal : Un modèle de réussite populaire
Publié dans Yabiladi le 20 - 02 - 2022

Rien ne prédestinait cette jeune villageoise de Chtouka à une telle renommée mondiale et pourtant, ses toiles ont traversé le globe. Son parcours est un affront aux injonctions du monde artistique, une insoumission à l'ordre préétabli de la carrière d'une peintre. Un combat de vie que Chaïbia Talal a mené, armée de son pinceau.
Chaïbia Talal voit le jour en 1929 à Chtouka, aux environs d'El-Jadida. Eprise de la nature de sa terre natale, elle porte très jeune un regard aiguisé sur les éléments qui l'entourent. Son cadre comprend la terre, les vallées, le désert et surtout les fleurs dont elle conserve le souvenir du début du printemps. Ce penchant pour la nature s'illustrera dans l'essentiel de ses œuvres.
Ce rêve éveillé prend fin à l'âge de 7 ans, elle quitte son domicile pour s'installer avec son oncle à Casablanca. Du haut de ses 13 ans, Chaïbia épouse un vieil homme de la ville de Ouarzazate. De cette union est né Houcine, en 1945. Un an plus tard, la famille est amputée du père. Ce décès marque le passage précoce de Chaïbia à l'âge adulte.
Son fils, sa bataille
Occupant désormais le rôle de la mère et du père, elle focalise toute son attention sur Houcine. Avec comme objectif d'offrir à son fils l'éducation dont elle a manqué, elle part à la quête des foyers qui cherchent des services de ménage.
Les années se succèdent et Houcine est à présent un jeune garçon. Sa veine artistique est aussitôt remarquée par sa mère qui participe activement au développement de sa créativité, en lui apportant son soutien. Elle ne manque aucune fête scolaire et encourage son fils à se surpasser. Cependant, une image la travaille, celle de Houcine rentrant chaque soir avec les vêtements tachés de couleurs et la tête remplie d'idées qu'il n'a pas pu exprimer. Une frustration qui l'ennuie, elle qui a toujours eu foi en son enfant.
«Pour bien élever mon fils, je bossais avec acharnement. Déjà à l'école, il s'est adonné au dessin, tandis que moi je travaillais, je participais à toutes les fêtes, tantôt riant et tantôt pleurant. Je rêvais beaucoup, cependant, je pressentais que ma vie devait changer.»
Chaïbia Talal
Chaïbia Talal et son fils Houcine. / DR
Le déclic divin
Un soir dans les bras de Morphée, Chaïbia fait un rêve étrange, où il est question de peintures. Elle raconte : «Je revois un ciel bleu où tournoient des voiles, des gens inconnus qui s'approchent de moi et me donnent du papier et des crayons».
Ce songe qu'elle assimile à un appel divin provoque en elle un besoin de peindre. Au lever du jour, elle se précipite pour acheter de la peinture. Dans son livre «Lamalif - Partis pris culturel», Zakya Daoud évoque ce tournant de la vie de Chaïbia : «Le lendemain, elle s'en fut à Bab Marrakech et y acheta des pots de la peinture la plus ordinaire. Et le jour même, elle peignit, encouragée par son fils et ses amis Cherkaoui et Elbaz. Par petites touches, avec ses doigts, elle faisait des taches de brun, de rose, de marron d'où naissaient des portraits de femmes, de vieillards, des tapis. Sans le savoir, sans le vouloir, Chaïbia avait réinventé le tachisme».
Investie d'explorer l'étendue de son don, elle se livre à un rythme frénétique des réalisations. Quelques semaines lui ont suffi à dompter le pinceau. L'essentiel de son inspiration réside dans les scènes de son quotidien. Ainsi, ses toiles représentent des femmes, des enfants, des cadis, des chanteurs, des tisserands. Chaque tableau est doublé d'une histoire qu'elle partage à celui qui veut bien l'entendre.
Mon village Chtouka de Chaabia Talal. / DR
Le combat pour la légitimité et la reconnaissance
En 1965, la famille Talal ouvre ses portes au critique d'art français Pierre Gaudibert, accompagné de ses amis peintres Ahmed Cherkaoui et André Elbaz. Initialement venus découvrir les œuvres de Houcine, ce sont les gouaches de Chaïbia qui ont retenu leur attention. Cherkaoui déclare à cet égard : «Ce qui a pris à Bissière des années de recherche pour faire aboutir son œuvre, Chaïbia l'a réalisée spontanément».
Cette rencontre est fructueuse pour la peintre, qui participe en 1966 au Salon des Surindépendants au musée d'Art moderne de la ville de Paris. Ses premières œuvres sont acclamées pour leur caractère naïf, dépeignant des personnages quasi identiques, mais qui ne se ressemblent jamais. Une couleur domine, mais qui laisse place à une explosion à l'intérieur du tableau. Cette dimension naïve est toutefois contestée, estimée réductrice.
«Le plus étrange, dans le cas de Chaïbia, c'est qu'elle n'est pas un peintre naïf ou du moins elle est plus que cela. Elle mélange le naïf à l'abstrait, elle représente avec une fraîcheur et une spontanéité réellement extraordinaire, mais à sa façon extrêmement personnelle. À sa représentation, elle ajoute maints éléments qui font de chacune de ses toiles une composition à part, animée d'une vie propre.»
Zakya Daoud
La table des grands
Forte de sa notoriété grandissante, Chaïbia enchaîne les expositions. Elle participe notamment à l'exhibition de Copenhague en 1969 et à celle des Halles de la Grêle en 1970 à Paris, sans oublier sa contribution à la Foire internationale d'art contemporain (FIAC) en 1981. Ses toiles sont présentées aux côtés de celles de peintres de renom, tels que Corneille, Gaston Chaissac, Aloïse ou encore Noël Fillaudeau.
Chaïbia Talal. / DR
En 2003, l'artiste est décorée de la médaille d'or de la Société académique française d'éducation et d'encouragement Arts Sciences Lettres. Bien que gratifiée pour ses efforts, Chaïbia garde l'amertume de sa scolarité manquée. Elle déclare à ce sujet : «J'insiste sur l'éducation parce que l'analphabétisme est une blessure. Il faut préparer un Maroc où aucune femme ne soit blessée. Même lorsqu'on réussit, cette blessure ne guérit point».
Frappée d'une crise cardiaque en 2004, la peintre perd la vie, mais gagne en revanche une reconnaissance éternelle.


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