La possible augmentation du prix du pain subventionné divise la majorité gouvernementale. Le ministre de l'Intérieur s'y oppose. En revanche, les professionnels piaffent d'impatience pour qu'elle soit effective, même si le contrat programme conclu, en 2011, avec le cabinet de Abbas El Fassi avait renvoyé cette perspective vers la fin 2015. Le prix du pain subira-t-il une hausse dans les prochains jours ? Les propriétaires des boulangeries et les minotiers la réclament, d'autant que le contexte est propice à ce genre de demande. Le gouvernement Benkirane s'apprête, après le Ramadan, à indexer les prix du carburant et du sucre sur les cours mondiaux. Une mesure qui entre dans le cadre de la réforme de la Caisse de compensation (CC). Le FMI presse l'exécutif à réduire le déficit de la CC en l'allégeant du fardeau des subventions des produits de première consommation. C'est l'avenir de la ligne de précaution et de liquidité de 6,2 milliards de dollars accordée, en août 2012, par le FMI au Maroc qui en dépend. Le lancement de réformes structurelles était clairement inscrit dans la lettre d'engagement co-signée par Nizar Baraka et le gouverneur de la Banque Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, fin juillet 2012, et adressée au conseil d'administration de l'institution financière. Le ministre de l'Intérieur s'oppose à toute augmentation du pain Mais la farine ne semble pas touchée comme le carburant ou le sucre. Mercredi à Rabat, Mohand Laenser s'est dit opposé à une éventuelle augmentation des prix du pain subventionné. Une position exprimée lors d'une conférence organisée par son parti, le Mouvement populaire, sur la réforme de la Caisse de compensation. Selon le ministre de l'Intérieur, le pain «a une sensibilité particulière pour les Marocains», alertant que toute hausse minime soit-elle «de 10 centimes aurait un impact majeur alors que d'autres produits peuvent être augmentés du double sans susciter de réactions». A l'opposé des déclarations du chef de gouvernement, le ministre de l'Intérieur a assuré que les 50 milliards de dh alloué cette année à la caisse de compensation est le prix à payer pour la stabilité sociale. 500 millions de dh pour la subvention du pain Durant les premiers cinq mois de 2013, le cabinet Benkirane a consacré 500 millions de dh pour le maintien duprix du pain stable sur le marché. Une somme appelée à poursuivre son trend haussier. En 2012, le même gouvernement a dépensé 800 millions dh pour la réalisation de cet objectif. Et pourtant, en octobre 2011, l'équipe Abbas El Fassi avait réussi à arracher, du bureau de la Fédération nationale de la boulangerie et pâtisserie du Maroc (FNBPM) de n'opérer aucune augmentation durant quatre ans, moyennant la signature d'un contrat programme comportant de larges avantages à la profession. Au lendemain de la hausse des prix des carburants, du 1er juin 2012, le ministre des Affaires générales et de la gouvernance, Mohamed Najib Boulif, s'était réuni avec une délégation de la FNBPM au cours de laquelle, les deux parties s'étaient engagées à respecter le contrat programme. Les boulangers et les minotiers ont, semble-t-il, changé d'avis.