Abdelilah Benkirane déterre de son passé une vielle histoire d'une tentative de meurtre qui remonte au ramadan 1995 en France. Si l'actuel chef du gouvernement est persuadé d'avoir été la cible, le témoignage de Raddad Akbani, il y a un an, contredit sa version des faits. Après des années de silence, Abdelilah Benkirane affirme avoir été la cible d'une tentative de meurtre en France en 1995. Une «révélation» qu'il a réservé à une partie des magistrats présents hier, lors d'une réunion au siège du ministère de la Justice, à Rabat. Le chef de gouvernement n'a pas donné davantage de détails ni sur l'incident ni sur l'enquête menée par la police française à cette époque. Toutefois il s'est dit convaincu que les tirs de balles étaient destinés à l'abattre. Une version des faits que contredit le bras droit d'El Khatib Bien avant cette nouvelle sortie médiatique du secrétaire général du PJD, Raddad El Akbani, un ancien diplomate au sein du ministère des Affaires étrangères chargé de l'encadrement religieux des MRE, apporte un autre de son cloche. C'est un homme qui a chapeauté toute l'opération de la participation des neuf islamistes du Mouvement unicité et réforme (MUR), dont Benkirane, aux élections législatives de 1997 sous les couleurs du parti d'El Khatib, le Mouvement populaire démocratique et constitutionnel. Il était même le bras droit de Abdelkrim El Khatib, pendant plusieurs années. Début avril 2013, dans un entretien accordé à l'hebdomadaire arabophone Al Ayam, il admet que Benkirane était bien parmi la foule de fidèles au sortir d'une mosquée de Saint Etienne qui avait subi des tirs de la part d'un individu, causant le décès d'une personne : un ressortissant algérien. Akbani précise qu'au ramadan 1995, Benkirane se trouvait en France pour animer des cours religieux au profit des MRE. L'enquête de la police française de Saint Etienne, ajoute-il, avait privilégié l'option d'un acte isolé mené par un individu en état d'ébriété. Le témoignage de Raddad Akbani exclu que Benkirane était la cible du tireur. D'ailleurs à l'époque, le futur PJDiste était dans les petits papiers du pouvoir. Sa relation avec l'ancien ministre d'Etat à l'Intérieur, Driss Basri, était très bonne, notamment après qu'il ait fait la connaissance à Abdelkrim El Khatib, un homme qui avait su garder la confiance de Hassan II, en dépit des aléas politiques. C'est justement grâce à cette confiance que Benkirane et les autres islamistes, aujourd'hui au PJD, ont pu se frayer un chemin vers le parlement.