Après les «tirs-ennemis» sur «Journal d'un prince banni», voilà le tour des «tirs-amis». Deux journalistes, Ali Lmrabet et Ali Amar, qui ont côtoyé le prince Hicham et qui ont été cité par l'auteur, réagissent à la parution du livre. Après presque deux semaines de réflexion, Ali Lmrabet a pris le temps de mûrir sa réponse aux pages (4 et demie) que lui a consacrées Moulay Hicham dans son livre «Journal d'un prince banni». La version française figure aujourd'hui sur son site demainonline alors que celle en arabe est relayée, le même jour, par le quotidien Jaridat Ennass. Dans cette réaction il est précisé que «comme "Moulay Hicham" a ouvert la boite de Pandore en réécrivant l'histoire et en portant gravement atteinte à la considération et à la dignité d'Ali Lmrabet, ce dernier estime donc qu'il est délié de toute confidentialité sur des conversations et faits qu'il a eu à partager avec le prince Hicham». Il aurait demandé à Lmrabet de déposer plainte contre l'ex-patron de la DST Dans sa réponse, le journaliste assure qu'une fois sorti de prison en janvier 2004 (suite à une grâce royale qui a profité à une trentaine de détenus), le prince voulait reprendre langue avec lui. A l'époque Lmrabet travaillait au quotidien El Mundo en Espagne où il était célébré comme un héros. Preuve en est les nombreux prix qu'il avait reçus par les associations de journalistes et les villes. Une notoriété que le cousin du roi Mohammed VI aurait convoitée en la mettant à son profit en vue de régler un vieux conflit avec le général Hamidou Laânigri, l'ex-patron de la DST. Le 20 juin 2009, il envoie un mail à Lmrabet : «Je vois que tu as gagné encore un deuxième procès contre tes amis de la MAP. Ca nous rappelle bien des choses du passé. A quand une procédure contre Hmidou. Voilà un épisode qui mérite de de figurer dans ton prochain livre. Tu sais que je t'aime beaucoup mais évite de me remercier». Un autre journaliste, ex-ami du prince, donne sa version des faits Ali Lmrabet n'est pas le seul journaliste qui se considère «diffamé» par le prince. Ali Amar qui contrairement au premier a longtemps côtoyé Hicham aussi bien au Maroc qu'à l'étranger. Le bannissement de la direction du Journal Hebdomadaire et ses conséquences immédiates sur les finances de la publication ont davantage rapproché le trio qui commandait le support du prince. Après une période de flirt, les deux parties cherchaient à régulariser leur relation, mais pas l'officialiser, grâce aux bons offices d'un pasteur suisse, par l'entrée de Hicham Alaoui dans le capital de l'entreprise à hauteur de 10 millions de dh. Il y a trois semaines, le faux blog supprimé par le site Mediapart révélait l'existence de cette négociation. Chose désormais confirmée par Ali Amar dans un long entretien accordé, hier, à demainonline. L'ancien n°3 du Journal évoque également la tribune sur les colonnes de l'hebdomadaire Al Ayam que lui avait réservé le prince en 2009 à la suite de la sortie de son premier livre «Mohammed VI, le grand malentendu». «J'avais révélé quelques facettes de sa personnalité, notamment sa propension à vouloir séduire les médias crédibles, son obsession à vouloir exister à travers la presse, la façon aussi avec laquelle il courtisait certains journalistes». Ces «tirs-amis» auront, à coup sûr, plus de retentissement que les nombreux articles parues dans des médias proche de certaines sphères du pouvoir à la vielle et au lendemain de la publication du "Journal d'un prince banni".