L'appel à la vigilance lancé par le Quai d'Orsay suite à l'exécution d'Hervé Groudel en Algérie commence à avoir des impacts négatifs sur le tourisme au Maghreb. Certains touristes français hésitent actuellement à se rendre au Maroc, pays qui enregistre près de 10 millions de voyageurs par an. Mais même si certains opérateurs déplorent des annulations de voyage ou des baisses de réservations, ils ne craignent pas que ce phénomène s'inscrive dans la durée. La mise en garde du Quai d'Orsay sur la destination Maghreb commence à avoir des impacts sur le tourisme. Certains touristes français annulent déjà leur voyage au Maroc ou changent leur date d'arrivée en attendant un contexte plus propice aux déplacements. «Nous notons une vague exceptionnelle de désistements provisoire et conjoncturelle des visiteurs français», confie à L'Economiste un opérateur du secteur. Le même quotidien parle même de 50 à 60% de réservations annulées à destination du Maroc ces derniers jours. Pourtant, chez d'autres opérateurs, la donne ne semble pas être tout à fait la même. Certes le Maroc figure dans la liste des destinations où le Quai d'Orsay appelle ses ressortissants à la vigilance, mais jusqu'à l'heure actuelle aucun événement dramatique n'a encore perturbé l'arrivée des touristes. «Le cas du Maroc est un peu différent» par rapport au Sud-est de l'Algérie (formellement déconseillé) ou de la Tunisie, un pays où Paris a appelé à une «vigilance renforcée», nous rappelle Chakib Jihad, de l'Office marocain du tourisme à Paris. Le Maroc est quant à lui simplement en vigilance normale. Le Quai d'Orsay a par contre formellement déconseillé aux ressortissants français de se rendre près de la frontière avec la Mauritanie. D'ailleurs, le ministre du Tourisme Lahcen Hadad avait rassuré les touristes étrangers à l'occasion des 11èmes Assises du Tourisme tenues lundi dernier à Rabat. «Le Maroc est un pays stable et sûr. Il n'y a aucun problème dans ce sens et je pense qu'il n'y a aucune menace (...) envers les gens qui se trouvent dans notre pays», avait-t-il rappelé. Trop tôt pour parler de réelle tendance Pour Jihad Chakib, certains touristes sont «inquiets mais n'annulent pas forcément leur voyage». Depuis les événements survenus en Algérie, «les choses commencent un peu à revenir dans l'ordre». Et même s'il y a une baisse au niveau des réservations comme le confirme Métronews, ainsi que des annulations de voyage de dernière minute, «il est encore trop tôt pour parler d'une réelle tendance», explique-t-il. Selon le responsable, les tours opérateurs sont aussi «conscients» des mesures à prendre. Certains ont «déjà parlé aux clients» pour les rassurer. Les mises en garde de Paris sur les destinations nord africaines concernent aussi plusieurs autres pays où se rendent les Français. A long terme, la baisse des réservations vers le Maghreb pourrait constituer une véritable menace pour le tourisme marocain puisque 10% de son PIB provient de ce secteur. En 2013, plus de 10 millions de touristes se sont rendus au Maroc, les Français représentant plus de 30% des arrivées.