La coexistence des musulmans et des minorités au Maroc est un fait indéniable pour un pays dont la religion officielle est l'islam. Pourtant, le rapport du Pew Research Center classe mardi le royaume à la même échelle que les pays les plus restrictifs du monde. Détails. Les restrictions religieuses dans le monde étaient en légère hausse en 2015, a estimé mardi le centre de recherche américain Pew Research Center qui vient de publier son rapport annuel sur cette question. Intitulé «Global Restrictions on Religion Rise Modestly in 2015, Reversing Downward Trend» («Restrictions religieuses dans le monde en légère hausse en 2015, une tendance en recul»), le document fournit entre autres des statistiques et des informations sociales sous forme de démographie, sondage d'opinion et surtout analyse de contenu. Et ce que l'on retrouve dans cette étude combine à la fois la place de 198 pays évalués à l'échelle mondiale et la place des minorités dans le monde ainsi que leur traitement. Le socle de cette analyse est constitué d'une part des restrictions gouvernementales en termes de libertés religieuses et d'autre part de l'évaluation des hostilités sociales impliquant la religion. Tout ceci avec des données datant de 2015. Ont été évalués à cet effet, entre autres, les politiques et les droits qui restreignent les croyances et les pratiques religieuses, mais aussi les actes d'hostilités que les individus ou les communautés ont subi pour leur appartenance à une certaine religion. Une base de données qui a mené à conclure aujourd'hui que l'utilisation de la force contre les groupes religieux et le harcèlement dont ces mêmes minorités étaient sujettes, avaient augmenté en 2015 par rapport aux années précédentes. Le Maroc dans la catégorie des plus restrictifs Le classement de l'étude est opéré sous trois groupes : un groupe à «très hautes restrictions gouvernementales», un groupe à «hautes restrictions gouvernementales» et enfin le groupe à «restrictions gouvernementales modérées». Selon différents facteurs dont notamment les lois du pays, le Maroc occupe la 10ème place du groupe à «très hautes restrictions gouvernementales». Il s'agit donc du groupe le plus sévère législativement parlant. Même si la Constitution de 2011 évoque dans son article 13, la liberté de religion et de conscience, toute tentative d'induire un musulman à se convertir est illégale selon le code pénal. Les communautés étrangères non musulmanes pratiquent, quant à elles, ouvertement leurs croyances. Au Maroc aussi, plusieurs petites minorités religieuses sont tolérées avec divers degrés de restrictions officielles. Mais sachant que la religion officielle dans le royaume est l'islam, le respect de cette religion reste une priorité. Le phénomène a donc évolué de manière négative pour les pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), dont fait partie le royaume, comme souligné par les auteurs du rapport. «La région MENA a connu la plus forte augmentation de restrictions gouvernementales depuis 2007 et a continué à avoir le plus haut niveau en 2015», lit-on dans le document. La première place de ce groupe à très fortes restrictions gouvernementales revient à l'Egypte, qui est suivie par la Chine et l'Iran. Ce qui vaut à la région MENA d'être, en 2015, la première région sur les cinq à connaitre les plus fortes restrictions gouvernementales à hauteur de 95%. D'ailleurs, le rapport divise les pays en cinq régions à savoir l'Europe, MENA, l'Afrique subsaharienne, l'Amérique et l'Asie/Pacifique. Néanmoins, le Maroc reste socialement tolérant face aux différentes religions présentes sur son territoire, figurant ainsi parmi les pays modérés concernant l'appréciation quant aux hostilités sociales contre les minorités. D'ailleurs, l'article 220 du Code pénal énonce que «toute tentative d'empêcher une ou plusieurs personnes d'exercer ses croyances religieuses ou d'assister à des services religieux est illégale». Elle peut même être punie d'une peine allant de 3 à 6 mois d'emprisonnement en plus d'une amende. La région MENA occupe la première place des régions à fortes restrictions gouvernementales en 2015. / Rapport de Pew Research Center Les musulmans dans le monde Aussi surprenant que cela puisse paraître, le harcèlement et l'usage de la force par le gouvernement (contraintes législatives essentiellement) augmentent considérablement en Europe et ce, en même temps que les hostilités sociales. Des actes commis essentiellement contre les musulmans. Entre 2014 et 2015, le Vieux continent à apprécier la plus forte augmentation de restrictions gouvernementales et de recours à la force par les contraintes et les lois contre les minorités religieuses à 53%. L'Europe occupe ainsi la deuxième place dans les régions ayant connu de fortes limites gouvernementales avec 89% de cas considérés. Les pays qui ont observé le plus grand taux de violences, selon le rapport, sont la France et la Russie. Les deux pays ont enregistré plus de 200 cas de recours à des restrictions par le gouvernement contre des groupes religieux et notamment les musulmans. En cause, dans la plupart de ces cas, les interdictions liées au port de voile dans des lieux publics et les administrations. L'étude indique aussi qu'une grande partie de ces incidents est liée aux législations gouvernementales, à la lutte des Européens contre les réfugiés et les conséquences des attentats perpétrés ces dernières années dans le monde. Les chiffres relatent que l'Europe comptabilise 32 pays qui témoignent d'hostilités sociales permanentes envers les musulmans alors que 33 pays sont hostiles aux Juifs. Selon le rapport, les restrictions gouvernementales dans le monde sont passées de 24 % en 2014 à 25 % en 2015. De même, le niveau des hostilités sociales envers des groupes religieux connaissait une augmentation de 4% passant de 23 % en 2014 à 27% en 2015.