Après les rues et le port d'Al Hoceima, Nasser Zefzafi a investi une mosquée, où il a dénoncé le prêche d'un imam. Des affrontements sont signalés cet après-midi entre la police et les fidèles de Zefzafi, qui entourent la maison familiale pour empêcher son arrestation. Nasser Zefzafi amorce une nouvelle phase de sa contestation. Le tribun a empêché un imam de réciter son prêche, n'hésitant pas à le traiter de «charlatan». A l'origine de son intervention, une agitation à la mosquée Diour Al Malik. Certains fidèles ont vainement essayé de raisonner Zefzafi, l'enjoignant de s'abstenir de tout commentaire durant le prêche. Lui, en revanche, a poursuivi son discours, au milieu des encouragements et des cris au son d'«Allah Akbar» émanant des siens, accusant l'imam de cautionner religieusement «le viol des femmes et des enfants» rifains. Le meneur de la «Mobilisation» a bien préparé son irruption lors de la prière du vendredi ; il était accompagné d'une partie de ses «fidèles». L'opération a également été filmée et postée immédiatement sur sa page Facebook. Zefzafi est par ailleurs sorti du cadre des contestations du Rif pour pointer du doigt la «nudité» diffusée dans les chaînes officielles et dénoncer le festival Mawazine. Le département de Taoufiq réagit La journée de ce vendredi a connu un fort déploiement des forces de sécurité sur toute la province d'Al Hoceima. Au sortir des prières du vendredi, des sit-in ont été organisés devant quelques mosquées à Boukidane et Imzouren contre les prêches des imams. L'intervention de Nasser Zefzafi a contraint le ministère des Habous et des affaires islamiques à réagir. Sans le citer nommément, le département indique dans un communiqué diffusé par la MAP qu'«une mosquée de la ville d'Al Hoceima a connu lors de la prière du vendredi un désordre énorme lorsqu'un individu, debout, s'est mis à crier à la face du prédicateur en le traitant des pires qualificatifs, provoquant un chaos l'empêchant de prononcer le deuxième prêche, ce qui a porté atteinte à la prière et à la communauté». Le ministère «dénonce fermement ces agissements prémédités manquant de respect et de considération dus aux mosquées conformément au Verset coranique dans lequel le Tout Puissant dit : 'Qui est plus injuste que celui qui empêche que, dans les mosquées d'Allah, on mentionne Son nom, et s'efforce à les détruire ?'». Affrontements entre les fidèles de Zefzafi et la police L'action de Zefzafi menée ce vendredi serait-elle une fuite ou une intervention savamment préparée pour instrumentaliser la religion dans son combat avec l'Etat ? En tout cas, elle tombe sous la coupe de l'article 212 du code pénal. L'énoncé précise que «quiconque entrave volontairement un culte ou une cérémonie religieuses ou occasionne volontairement un désordre de nature à en troubler la sérénité, est puni d'un emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 100 à 500 dirhams». Actuellement, un bouclier humain empêche la police d'arrêter le tribun. Ce dernier, depuis la terrasse de la maison familiale, invite ses fidèles à privilégier la voie pacifique et à poursuivre son combat. Il a déclaré à ses fidèles qu'il était prêt à tomber en martyr. En ce moment, des affrontements sont signalés entre les forces de l'ordre et les soutiens de Zefzafi.