Réagissant aux manifestations GenZ 212 et aux incidents enregistrés dans différentes villes ces derniers jours, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), a organisé une réunion élargie avec les présidents des commissions régionales et les responsables de l'administration centrale. L'enjeu ? Définir et renforcer les mécanismes de surveillance, d'intervention et de dialogue dans le contexte de manifestations, parfois émaillées d'excès, explique le CNDH dans un compte-rendu publié jeudi 2 octobre. Un document qui regroupe les conclusions et les recommandations préliminaires du Conseil concernant les manifestations de GenZ. Un droit constitutionnel Lors de cette réunion présidée par Amina Bouayach, le Conseil a réaffirmé avec vigueur que le droit de manifester d'une manière pacifique est un acquis fondamental du processus démocratique au Maroc. Le CNDH insiste par ailleurs sur « la responsabilité partagée : non seulement les autorités publiques doivent garantir la sécurité, mais les organisateurs doivent veiller à ce que le caractère pacifique du rassemblement soit préservé ». Le CNDH a souligné que le droit à la liberté d'expression est un pilier constitutionnel du Royaume. Il a également réaffirmé que le droit de manifestation et de rassemblement est reconnu par la Constitution et les traités internationaux, et qu'il peut faire l'objet de restrictions « conformes à la loi » dans une société démocratique (sécurité, ordre public, droits d'autrui). Le Conseil a rappelé que certaines manifestations, initialement pacifiques, se sont transformées en scènes de violence, avec des actes de vandalisme, des jets de pierres, des incendies de véhicules et la destruction de biens publics ou privés. Condamnant fermement ces dérives violentes, le CNDH en appelle à la protection à la fois des citoyennes et citoyens et des forces de l'ordre. Dans ce même sens, le CNDH a exprimé sa profonde préoccupation après le décès de trois personnes lors des protestations à Lekliaâ (Inzegane-Aït Melloul). Selon des sources officielles, ces individus auraient été tués dans la nuit du 1er au 2 octobre lorsqu'ils tentaient de prendre d'assaut une brigade de gendarmerie. Les autorités affirment que les forces de l'ordre ont agi en légitime défense. Vigilance Toujours selon le communiqué du CNDH, des équipes d'observation ont été déployées à trois niveaux dès l'annonce du début des manifestations : régional, national et numérique pour surveiller l'évolution des manifestations, prévenir les débordements, et entretenir un dialogue avec les autorités locales et avec les jeunes présents dans les lieux de protestation. Dans l'espace numérique, le Conseil a identifié des appels à la violence, des propos incitant à incendier des institutions, à viser les domiciles de responsables, et des campagnes de désinformation. Le CNDH alerte sur des contenus circulant en ligne, appelant ouvertement à la violence: incendies d'institutions publiques, attaques contre les domiciles de responsables ou menaces d'éliminations. Le Conseil note aussi des campagnes de dénigrement visant des citoyens, notamment des femmes, qui refusent de manifester ou appellent à préserver le caractère pacifique des rassemblements. « Plusieurs de ces appels proviendraient de comptes suspects : récemment créés, inactifs ou liés à l'étranger », note le CNDH. En conclusion, le CNDH condamne la violence et appelle à protéger le droit de manifester d'une manière pacifique. Le Conseil souligne l'importance de la responsabilité partagée entre les organisateurs des manifestations et les autorités publiques pour assurer l'ordre public et protéger les droits des manifestants. Le Conseil appelle également à l'ouverture d'enquêtes approfondies dans tous les cas impliquant une atteinte à la vie ou à la sécurité et l'intégrité physique. Le CNDH recommande également de redoubler de vigilance dans l'espace numérique, pour lutter contre les appels à la violence et la désinformation.