Crise oblige, les leaders espagnols du textile veulent réduire au maximum les coûts de production. Une aubaine pour les pays d'Afrique du nord, qui proposent l'avantage de la proximité. Parmi eux, le Maroc figure en excellente posture. Le marché de fabrication asiatique, principalement chinois, autrefois très prisé, est progressivement délaissé. La tendance à la délocalisation de la production, amorcée lors des décennies 70 et 80 par les grandes entreprises textiles espagnoles, connait une nouvelle tendance, avec l'émergence des destinations comme le Maroc et la Tunisie. Pendant longtemps, c'est la Chine qui a eu les faveurs des industriels textiles, pour ses coûts de production avantageux. Aujourd'hui, la donne a nettement changé, et le marché chinois a perdu de son attrait. Le journal économique espagnol Expansión annonce ainsi que de grands fabricants espagnols de textile réduiront leur production en Chine pour la ramener à des pays voisins, dont le Maroc. Il s'agit précisément des marques Adolfo Domínguez, et STL (fabricant et distributeur de marques telles que Carolina Herrera). Ces marques réduiront respectivement de 45% et 30% leur production en Chine, pour des pays voisins. Adolfo Domínguez auraient entamé depuis six mois, la prospection d'ateliers dans le Royaume. Ces marques emboitent le pas à Inditex (qui possède notamment la marque Zara), dont la production délocalisée est faite à plus de moitié, dans des pays d'Europe et d'Afrique du nord, contre près de 35% en Asie. Pourquoi ce virage ? Plus proches, les ateliers au Maroc proposeraient une main d'œuvre abordable, des délais de livraison passant de 5 à 6 semaines à 3 ou 4 jours, ainsi que des frais logistiques réduits pour le transport des marchandises. La Chine ayant longtemps offert des avantages intéressants au niveau des coûts de production, ne semble désormais, moins rentable qu'il y a quelques années. Expansión rapporte ainsi qu'en 2009, produire en Chine revenait entre 40 et 45% moins cher aux fabricants de textile espagnols. Aujourd'hui, leur marge n'excèderait guère les 15%, dans un contexte marqué par la hausse des coûts de production. Par ailleurs, le marché chinois au gré d'une forte croissance de la demande intérieure, serait aussi devenu moins flexible. Les Chinois limiteraient à présent les demandes venant de l'extérieur, en imposant des quotas élevés pour les livraisons. Le minimum d'unités par série serait désormais fixé à 800 ou 1500, alors qu'il était possible d'en commander moins. Pour ces différentes raisons, les grandes enseignes de textile espagnoles ont donc décidé de se tourner vers l'Afrique du nord, particulièrement le Maroc, qui est déjà le partenaire économique le plus actif de l'Espagne dans la région. On dénombrerait pas moins de 3000 entreprises espagnoles installées dans le Royaume, selon le quotidien régional Diario De Leon. De plus, le Maroc est en Afrique du Nord, le principal point de chute des franchises espagnoles de mode, avec 19 marques et 39 magasins implantés dans le pays, rapporte le site Fashion United. Certaines de ces magasins seront donc vraisemblablement approvisionnées dans un futur proche, de produits faits sur place.