Asile au Maroc : Malgré la conformité aux normes internationales, la stagnation perdure    Billetterie sportive : La Sonarges s'engage à garantir un accès transparent, équitable et non discriminatoire (Conseil de la concurrence)    CAN (f) 2024 : Le président de la FRMF a rendu visite aux Lionnes avant le match d'aujourdui    CDM Clubs 25 : Un exploit majuscule du PSG !    Treize hélicoptères H145 désormais en service dans la gendarmerie royale du Maroc    TGCC lance une ambitieuse opération d'augmentation de capital    Ferhat Mehenni lance une pétition internationale pour dénoncer la répression de la liberté d'opinion et l'arrestation des militants politiques en Kabylie    Le Maroc et l'Equateur vers un partenariat stratégique global    Le Maroc et l'Equateur inaugurent une nouvelle ère de coopération stratégique avec l'ouverture de l'ambassade équatorienne à Rabat et la signature d'accords de partenariat global    Rabat et Shanghai : Renforcement des liens maroco-chinois à travers les arts martiaux    Les prévisions du samedi 5 juillet    Les pays de l'Opep+ augmenteront leur production en août    Le Maroc réélu au Conseil de la FAO    Les engrais phosphatés au centre du forum Lide à Marrakech, en présence de l'ancien président brésilien Michel Temer    Le marché africain de la brosserie atteindra 896 millions d'unités en 2035, tiré notamment par le Maroc    Revue de presse de ce samedi 5 juillet 2025    Mondial des clubs: Résultats des quarts de finale    Le Maroc en train de finaliser l'acquisition d'avions militaires C-390 auprès du constructeur Embraer, affirme une source brésilienne digne de foi    Les températures attendues ce samedi 5 juillet 2025    Décès / l'ancien arbitre international M'hammed Larache parti en discrétion forcée, dans l'indifférence et l'ingratitude !    CAN 2024 féminine : Le Maroc est «motivés pour signer une bonne performance» (Jorge Vilda)    La question du Sahara au menu d'entretiens entre le Maroc et la Russie    Après la visite d'un député LFI à Alger, Mélenchon s'exprime sur le Sahara    Alerta meteorológica en Marruecos: Hasta 46°, ráfagas de viento y tormentas de arena este fin de semana    Liberia reaffirms support for Moroccan sovereignty over Sahara    CAN 2024 femenina: Marruecos está «motivado para lograr un buen desempeño» (Jorge Vilda)    Jazzablanca s'ouvre en beauté avec Seal, Hindi Zahra et l'effervescence du village    Archéologie : Un génome établit des liens insoupçonnés entre le Maroc et l'Egypte ancienne    À six mois de la CAN 2025, Amine Adli n'écarte pas un départ de Leverkusen    Mondial des clubs : Fluminense écarte Al Hilal et passe en demi-finale    Madrid alloue 380 000 euros à la reconstruction au Maroc après le séisme de 2023    En présence de Nasser Bourita, l'Equateur inaugure son ambassade à Rabat et renforce son partenariat stratégique avec le Maroc    Absences répétées des ministres : la Chambre des représentants hausse le ton    Poivrons marocains : une campagne prometteuse malgré les contraintes climatiques    Belle semaine pour la Bourse de Casablanca    Sécurité routière: De nouvelles mesures strictes bientôt appliquées    Une filière de trafic de migrants marocains démantelée entre l'Europe de l'Ouest et l'Espagne    La Chine et l'Union européenne tiennent le 13e cycle du dialogue stratégique de haut niveau    Li Qiang participe au sommet des BRICS au Brésil et effectue une visite officielle en Egypte    Explosion des genres: Cubain, blues-berbère, soul… Jazzablanca démarre sur les chapeaux de roue !    Seal et Hindi Zahra magnifient le lever de rideau de Jazzablanca    Liberté d'expression et censure : le débat relancé après le concert de Toto    Casablanca en fête avec Lou Bega et Reel 2 Real au Nostalgia Lovers Festival    Sahara : Le Libéria réaffirme son soutien à l'initiative marocaine d'autonomie    «ImagineTaVille » : La Fondation Attijariwafa bank dévoile les lauréats de la 2ème édition    L'ambassade et les consulats généraux du Maroc en France rendent hommage aux pionniers de l'immigration marocaine    SM le Roi félicite Donald Trump à l'occasion de la fête nationale de son pays    Fondation Mohammed V : 13 nouveaux centres au service de la cohésion sociale    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Histoire de la Beat Generation à Tanger
Publié dans Yabiladi le 23 - 12 - 2017

Durant les années 1950, Tanger accueillait plusieurs artistes, poètes et intellectuels venus d'ailleurs. A l'image de l'écrivain américain Paul Bowles, de grands noms de la Beat Generation s'installèrent dans la cité septentrionale pendant des mois, voire des années. L'ancienne Zone internationale inspirait nombre de projets artistiques et littéraires qui ont marqué le siècle dernier.
Dans les années 1960 et 1970, de grandes figures du rock américain et britannique affluèrent vers le Maroc, en quête d'un environnement propice à la méditation et aux rencontres humaines. Ils découvraient de nouvelles gammes musicales, qui influencèrent leur œuvre par la suite. Mais avant cela, les premières années de l'indépendance au Maroc furent marquées par un vif intérêt des gens de lettres, entre autres, venus notamment du Royaume-Uni et des Etats-Unis. Dans le nord du pays, les pères fondateurs de la Beat Generation avaient trouvé l'univers qu'ils recherchaient.
Après avoir influencé la littérature de l'après-Seconde Guerre mondiale, les noms de ce mouvement résolu à rompre avec l'écriture classique, succombèrent à la quiétude de Tanger. Paul Bowles, Peter Orlovesky, Irwin Allen Ginsberg, Jack Kerouac ou encore William Burroughs y élurent domicile.
D'ailleurs, l'appellation Beat Generation fut employée pour la première fois en 1948 par Jack Kerouac (12/03/1922 - 21/10/1969), qui décrivait son cercle d'amis anticonformistes, où l'on retrouve Allen Ginsberg et William Burroughs, parmi d'autres. A Tanger, ils écrivaient, traduisaient, tout en découvrant un nouvel environnement qui finit rapidement par les adopter.
Paul Bowles et Tanger : un coup de foudre
La ville de Tanger se fit connaître auprès des écrivains et des artistes américains des années 1950 grâce à l'œuvre du New-yorkais Paul Bowles (1910 – 1999). Compositeur, écrivain et traducteur, celui-ci visita Tanger pour la première fois en 1931. Il tomba instantanément sous son charme.
Paul Bowles à Tanger
Paul Bowles et son épouse Jane s'installèrent alors à Tanger en 1947. Ils produisirent de nombreuses compositions musicales, des romans, des nouvelles, des récits de voyage et des dizaines de traductions d'histoires relatées par les conteurs locaux.
Son ouvrage Let It Come Down est sortit en 1952, centré sur la ville et sur la corruption qui y régnait, peu de temps avant l'indépendance. L'auteur y traça la trajectoire condamnée de Nelson Dyar, un banquier de New-York, qui arriva à Tanger pour commencer une autre vie. Mais le personnage finit par céder à ses mauvaises habitudes, devenant ainsi un maillon de la chaîne de corruption dans la Zone Internationale.
L'auteur écrivit également La maison de l'araignée, sortie en 1954 pendant le mois du ramadan et évoquant la naissance de la conscience nationale au Maroc, explorant notamment la relation changeante entre le pouvoir colonial et le nationalisme marocain. Dans le pays qu'il ne quitta pas, même après le décès de Jane, Paul Bowles passa 52 de ses 88 ans de vie. Il écrivit d'autres ouvrages jusqu'à sa mort en 1999 et devint fortement associé à Tanger, vers laquelle il attira d'autres écrivains et intellectuels américains, qui firent de la ville une de leurs destinations phares.
Les écrivains du mouvement Beat à Tanger
La réputation de Tanger comme ville d'inspiration artistique par excellence trouva son écho également dans l'œuvre de Brion Gysin (1916 – 1986), peintre britano-canadien, écrivain, poète et artiste performer. Il déménagea à Tanger en 1950. Avec Mohamed Hamri (1932 – 2000), peintre marocain qui marqua la scène Beat tangéroise, les deux hommes cofondèrent le restaurant '1001 nuits avec les maîtres musiciens de Jajouka, du village de Jajouka'.
Presque touts les soirs au restaurant, des troupes locales jouèrent pour une clientèle variée, d'autant plus que l'oncle de Hamri n'était autre que le chef des Maîtres musiciens de Jajouka. Plus tard et à son arrivée à Tanger, William S. Burroughs (1914 – 1997) fit partie des clients fidèles.
William Burroughs à Tanger
Fascinés par les premiers récits de Paul Bowles sur Tanger, puis l'influence de la ville sur les œuvres de Brion Gysin, les écrivains du mouvement Beat furent de plus en plus nombreux à se laisser guider vers la cité septentrionale. S'y rendit ainsi William Burroughs, écrivain et artiste américain, qui déménagea brièvement dans la ville en séjournant dans une chambre louée.
Mais en novembre 1954, ce dernier revint à Tanger en étant décidé à y élire domicile, après un évènement tragique qui bouleversa sa vie et influença même son œuvre. Trois ans plus tôt, Burroughs avait en effet tué sa seconde épouse, Joan. Le drame se déroula lors d'une soirée entre amis, en septembre 1951 au Mexique. Ivres, Burroughs et Joan reproduisaient «la scène de la pomme», qui avait rendu célèbre au XIVe siècle Guillaume Tell, héro de l'indépendance suisse. Dans la représentation du couple, le but était de toucher un verre placé sur la tête de Joan, sans atteindre la jeune femme. Mais l'écrivain visa mal, tuant ainsi son épouse d'une balle dans la tête. Un court séjour en prison s'en suivit, avant que le meurtre ne fût considéré comme «un accident», ce qui permit à Burroughs de se voir relaxé.
Joan Vollmer, épouse de William Burroughs
C'est ainsi que William Burroughs choisit de s'éloigner momentanément du continent américain. Arrivé dans le Nord du Maroc, il consacra les quatre premières années de cette nouvelle vie au travail sur son roman Le festin nu, sorti en 1959 et écrit sous l'influence d'hallucinogènes, d'héroïne et de cocaïne.
D'ailleurs et à travers une écriture fragmentée, marque de fabrique des auteurs Beat, cet ouvrage relate les phénomènes d'angoisse, de distorsion spatio-temporelle et de 'déjà-vu' chez William Lee, un consommateur de drogues dures. En 1991, le réalisateur canadien David Cronenberg adapta ce récit au cinéma, avec un film éponyme.
Inspiré par ses deux compères, le romancier et poète Jack Kerouac (1922 – 1969) quitta le Massachusetts et rejoignit plus tard le second pays de la Beat Generation. Dans l'un de ses écrits, Paul Bowles raconta cette rencontre : «en 1957, Jack Kerouac arriva à Tanger pour rendre visite à Burroughs et l'aider à réaliser de nombreux manuscrits. Mais il n'est resté qu'un mois».
Jack Kerouac à la Villa Muneria, Tanger
Et Peter Orlovsky rencontra Allen Ginsberg
Quelque temps après Jack Kerouac, le poète et acteur Peter Orlovsky (1933 – 2010), ainsi que son compagnon Allen Ginsberg (1926 – 1997), poète, philosophe et écrivain, rejoignirent Tanger à leur tour. Dans le livre Peter Orlovesky, a Life in Words : Intimate Chronicles of a Beat Writer (Paradigm Publishers, 2014) de Peter Orlovesky et Bill Morgan, ce dernier décrit le voyage au Maroc :
«Vendredi 22 mars 1957, Peter et Allen posèrent pied à Tanger, où William Burroughs et Jack Kerouac les attendaient (…) Au moment de leur arrivée, Kerouac était là depuis presqu'un mois, à travailler sur les manuscrits de Burroughs, qui donnèrent naissance par la suite au Festin nu (…) Il était impatient de partir pour la France. Allen et Peter décidèrent d'emménager dans sa chambre d'hôtel de la Villa Muniria, une fois qu'il en partit.»
Dans cette petite pièce, Peter Orlovsky écrivait de longs courriers à sa mère, à ses amis et à sa famille, leur décrivant la vie quotidienne ainsi que la population tangéroise. Mais en juin, l'auteur et son partenaire quittèrent la ville, laissant Burroughs à ses écrits.
Peter Orlovsky en 1955
Visitée même avant les années 1950 par des peintres, des poètes et des penseurs connus à travers le monde, Tanger garde aujourd'hui des traces de tous ces passages. A la lisière des tombes phéniciennes et face à la Méditerranée, le mythique Café Hafa a longtemps abrité ces rencontres mémorables entre les musiciens de Jajouka et ces artistes venus de partout.
Avant eux et aux aurores du XXe siècle, le célèbre peintre français Henri Matisse (1869 – 1954) n'avait-il pas couché sur la toile ses bribes de vie tangéroise, notamment à travers Porte de la Casbah, Sur la terrasse, La mulâtresse Fatmah, le Rifain assis, Zorah debout, ou encore Vue sur la baie de Tanger.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.