Publié dans le Bulletin officiel du 13 août dernier, le rapport du Médiateur du royaume (Al Wassit) fustige l'administration marocaine. On y apprend cependant que les recours déposés par les Marocains résidant à l'étranger ont baissé par rapport à 2016. «Malgré les avancées enregistrées et la volonté exprimée par l'administration pour répondre aux aspirations des citoyens (…), le vécu quotidien démontre que certains fonctionnaires n'ont toujours pas abandonné leurs comportements hautains» à l'égard des citoyens. Ce constat alarmant est celui de l'Institut du Médiateur du royaume, élaboré dans un long rapport, repris le 13 août dans le Bulletin officiel. L'institution, présidée par Abdelaziz Benzakour, y dénonce des pratiques des fonctionnaires de l'administration marocaine, toujours marquée par une «bureaucratie qui n'est plus acceptée» et une «monotonie injustifiée». «Nos administrations connaissent toujours des dysfonctionnements et nous refusons que cela devienne une habitude, comme si les responsables n'y pouvaient rien», indique le rapport présenté récemment au roi Mohammed VI. Les défaillances de l'administration, chiffres à l'appui Le Médiateur du royaume dresse un portrait peu flatteur de l'administration, affirmant que certaines continuent «d'imposer des procédures et de camper sur leurs positions en réclamant des documents additionnels sans aucun fondement juridique ou nécessité administrative». «L'administration travaille sans normes ou conditions uniformes entre ses différentes composantes», poursuit le rapport. «Les promesses faites pour dépasser cette situation ne sont pas suffisantes et doivent se concrétiser sur le terrain. Le citoyen marocain a le droit de bénéficier de ses droits et d'être rassuré quant au fait de bénéficier pleinement de l'administration mise à son service.» Extrait du rapport du Médiateur du royaume Le document ne se contente pas de fustiger les défaillances qui entachent l'évolution de l'administration marocaine. Il présente également quelques chiffres, citant les plaintes que lui ont adressées les citoyens l'année dernière. En 2017, leur nombre a augmenté de 13,24% par rapport à une année auparavant, totalisant 9 378, sachant que 6 665 plaintes ne relevaient pas du champ de compétences de ladite institution. Un constat qui témoigne de l'ignorance des citoyens des voies de recours à emprunter. Seules 2 713 réclamations ont fait partie des attributions du Médiateur du royaume. Ce chiffre s'est également inscrit dans une tendance haussière, atteignant 18,7% par rapport à celui enregistré en 2016. Les doléances des MRE en baisse Par catégorie, les doléances des citoyens au département de la Justice arrivent en tête avec 1 943 dossiers traités par le Médiateur et concernent plusieurs domaines, notamment des affaires de contentieux, des conflits de droit privé, la non-exécution de certains jugements, ainsi que les comportements de certains agents judiciaires ou encore les demandes de grâces. Le ministère de l'Intérieur arrive en deuxième place avec 379 plaintes, qui concernent aussi bien les comportements des agents de l'autorité que les contentieux liés aux terres collectives. Quant à la nature des plaignants, le rapport souligne que la prédominance des personnes physiques s'est poursuivie avec 79,9% du total des plaignants, suivies par les groupes de personnes (12%) ainsi que les personnes morales (7,6% des plaintes). Rapport du Médiateur du royaume : Près de 101 plaintes déposées par les MRE en 2016 Grande nouveauté pour l'année 2017, le rapport du Médiateur souligne que les doléances des MRE ont baissé par rapport à une année auparavant. Elles passent en effet de 105 plaintes déposées en 2016 à seulement 80 recours l'année dernière. «Les personnes physiques représentent 85% de ce chiffre alors 16% des plaignants étaient des femmes», précise le rapport. Celui-ci note aussi que 64% des MRE plaignants sont résidents en France et en Belgique. Le document note enfin que près de 40% des doléances orientées vers les administrations concernées sont toujours en cours de traitement.