Les candidats républicains se font régulièrement l'écho de discours ouvertement islamophobes, imputant aux Américains de confession musulmane et aux immigrés la responsabilité de certaines dérives, notamment vis-à-vis de la menace terroriste. Aux Etats-Unis, la rhétorique antimusulmane dans les campagnes électorales s'invite partout… mais n'est pas pour autant entendue. Dans un rapport intitulé «Running on hate», publié lundi 22 octobre, l'organisation américaine Muslim Advocates, spécialisée dans la promotion de l'éducation et la défense des droits civils, toutes confessions confondues, passe au crible les campagnes politiques menées en 2017, à l'occasion des élections des gouverneurs, et en 2018, pour les élections de mi-mandat qui se dérouleront le 6 novembre prochain. «Nous avons repéré des candidats antimusulmans dans les zones urbaines, semi-urbaines et rurales ; dans toutes les régions du pays ; dans des fiefs aussi bien conservateurs que progressistes et à tous les niveaux des gouvernements», indique l'association. Au total, l'étude, relayée par le Muslim Post, a relevé 80 cas distincts de rhétoriques islamophobes émanant des divers candidats au cours des deux campagnes de 2017 et 2018. «Contrairement à une idée reçue selon laquelle les discours antimusulmans sont confinés à des mouches du coche ou à des personnes n'ayant jamais eu de fonctions politiques, 64% des candidats à l'origine de propos conspirationnistes sont des fonctionnaires chevronnés, ont déjà occupé un poste électoral ou bénéficient de l'aval présidentiel», ajoute l'organisation dans son rapport. Restreindre la participation des musulmans à la démocratie américaine Et leurs stratégies, qui vont au-delà d'une simple rhétorique offensive, sont bien rodées. Le tout dans un seul objectif : se faire élire. «Derrière cette peur, se cache une stratégie cohérente développée par des organisations antimusulmanes conçues pour invalider l'islam en tant que religion aux yeux des Américains et de la Constitution, ce qui priverait par la suite les musulmans des libertés religieuses fondamentales et des protections des droits civils qui leur sont conférées par la loi ; et attiser les flammes du fanatisme contre les musulmans américains, les dissuadant ainsi d'exercer leurs droits constitutionnels relatifs à la liberté de culte, de se faire élire, de voter et tout simplement de participer à la société et à la démocratie américaines», souligne l'organisation Muslim Advocates. Les courses électorales de 2017 et 2018 ont donné lieu à des propos offensants à l'égard de la communauté musulmane. Ainsi, 34% des candidats ont affirmé que les musulmans sont intrinsèquement violents ou représentent une menace physique immédiate ; 29% ont appelé à leur refuser les droits fondamentaux ou ont déclaré que l'islam n'était pas une religion ; 15% ont invoqué le spectre de la charia aux Etats-Unis, et enfin 13% ont plaidé en faveur d'un nationalisme chrétien. En plus d'insultes ou de menaces, Muslim Advocates dit avoir constaté de «nombreuses exagérations ou mensonges sur la menace terroriste que représenteraient les musulmans américains et les immigrés». Ainsi, les exagérations fréquemment observées consistent à dire que «les Américains de confession musulmane et leurs alliés (y compris le président Obama) sont secrètement unis pour "s'emparer" des Etats-Unis et instituer la charia». Pour mettre fin à cette menace supposée, certains candidats ont préconisé de surveiller les musulmans, les réfugiés et les mosquées. Un constat qui n'a rien de surprenant au vu des propos fréquemment assénés par le président Donald Trump sur les immigrés, sans compter son sulfureux Muslim Ban.