Profitant d'un embargo imposé par les services du secrétaire général de l'ONU sur la copie avancée du rapport annuel d'Antonio Guterres sur le Sahara, le Maroc et le Polisario mène cette semaine une guerre croisées sur le terrain de la communication, ne divulguant que les parties du document qui épinglent l'autre. Lundi, le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres a présenté une copie avancée (*) de son dernier rapport sur le Sahara occidental aux membres du Conseil de sécurité. Un document qui doit encore être discuté et servira de base à la prochaine résolution des Quinze sur le conflit. En attendant, l'agence France-Presse ayant consulté le rapport lundi, a rapporté qu'Antonio Guterres a invité les parties du conflit à «des gestes» pour progresser vers une solution qui «est possible». Il a également regretté le «manque de confiance» entre le Maroc et le Polisario, appelant les parties à «montrer activement des gestes de bonne foi». «Le coût du conflit au Sahara occidental, en termes de souffrance humaine, de manque de perspectives pour les jeunes et de risques sécuritaires, est trop élevé pour être accepté», précise-t-il. Profitant de l'embargo imposé sur ce document, l'agence officielle MAP prend mercredi le relai, publiant aux comptes gouttes et dans plusieurs dépêches, des extraits de la copie avancée du rapport du secrétaire général de l'ONU. Elle réserve ainsi à la cause nationale son traitement habituel en se focalisant sur les grandes lignes du document épinglant le Front Polisario et celles favorables au Maroc. Des extraits sélectionnés pour épingler le Polisario Ainsi, la MAP a évoqué les mises en garde d'Antonio Guterres adressées au Polisario. «Le SG de l'ONU, Antonio Guterres, somme le Polisario de rencontrer les fonctionnaires de la MINURSO à Rabouni, en Algérie, et non à l'Est du dispositif de défense au Sahara Marocain», indique-t-elle, citant le document. «En adoptant cette position claire, ferme et ne souffrant d'aucune ambiguïté, le secrétaire général de l'ONU bat en brèche les allégations fallacieuses du Polisario au sujet d'un prétendu contrôle à l'Est du dispositif de défense au Sahara marocain», se félicite l'agence officielle. Et la MAP de préciser que «M. Guterres prend les membres du Conseil de sécurité à témoin contre le chantage inacceptable et les manœuvres inadmissibles du Polisario vis-à-vis aussi bien des composantes civile et militaire de la MINURSO que de la communauté internationale». On apprend également que la copie avancée du rapport du secrétaire général de l'ONU «met la lumière sur les manifestations qui secouent les camps de Tindouf, en Algérie, avec la participation de centaines de personnes vivant dans ces camps». «En outre, le Secrétaire général tire la sonnette d'alarme quant à la situation humanitaire déplorable dans les camps de Tindouf», poursuit-on de même source. L'agence marocaine de presse précise aussi que le document souligne le risque majeur de tensions à cause des magouilles du Polisario à l'Est du mur des Sables et que le mouvement de Brahim Ghali «continue à entraver la liberté de mouvement des observateurs militaires de la MINURSO». Elle précise enfin que ledit document «annonce que le Maroc poursuit les investissements dans le Sahara marocain, soulignant que les populations locales bénéficient de ces investissements, pour lesquelles elles sont consultées». Riposte médiatique du Polisario Etant aussi présent à l'ONU via une délégation, le Front Polisario a également relayer les éléments du rapport qui l'arrange. C'est le média pro-Polisario Futuro Sahara qui s'est chargé d'exposer les parties du rapport de Guterres. Ainsi, selon le média, les Nations unies «ont épinglé le Maroc pour la construction d'un nouveau mur de Sable près d'Al Mahbes, le qualifiant de violation grave de l'accord militaire numéro 1». Futuro Sahara précise, toujours selon la copie avancée du rapport de Guterres, que «suite à une demande de la MINURSO ayant constaté cette violation, le Maroc a arrêté les travaux de construction, tout en la maintenant opérationnelle, en déployant quatre soldats non armés au niveau de chacune des portes» de cette infrastructure. Il ajoute que «les observateurs de la MINURSO ont découvert un troisième mur des Sables, s'étalant sur 30km, construit par le Maroc près d'Aousserd, profitant ainsi d'une autorisation de l'ONU pour des travaux d'entretiens du mur des sables». Futuro Sahara indique aussi que «la MINURSO a découvert de nouveaux centres de l'armée marocaine dans des zones interdites», en l'occurrence les zones tampons au Sahara. «Le secrétaire général de l'ONU ajoute, dans son rapport, que chaque centre constitue une violation à l'accord militaire numéro 1 [et que] le chef de la MINURSO a demandé à maintes reprises au Maroc sans parvenir à convaincre» le royaume. Le média pro-Polisario accuse enfin le Maroc d'avoir tenté, avec «l'aide de la France d'amender l'accord militaire numéro 1 à travers une campagne féroce contre le Front Polisario». (*) Yabiladi a tenté de se procurer auprès des Nations unies la copie avancée du rapport du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Mais les services de ce dernier ont déclaré que ce document n'est pas encore disponible.