La résolution 2468 devrait interpeller les officiels marocains sur au moins deux points. Elle annonce un changement, peut-être à moyen terme, dans la nature de la mission de la MINURSO et les visites de délégations du Haut-Commissariat aux droits de l'Homme dans les grandes villes du Sahara. Dans l'ensemble, le Maroc a des raisons de se féliciter de l'adoption de la résolution 2468. Le Conseil de sécurité a en effet invité les parties à s'engager dans des négociations devant mener à «une solution politique réaliste, pragmatique et durable à la question du Sahara occidental, qui repose sur le compromis». L'expression «compromis» a été, d'ailleurs, citée 5 fois dans le texte adopté par les Quinze le 30 avril. Des mentions qui, sans doute, ont contribué à redonner le sourire à certains officiels chargés de ce dossier, après des jours de doute. Néanmoins, l'intégralité de la résolution comporte des passages annonciateurs, dans les prochains mois, de grands défis pour la diplomatie marocaine. Le rôle politique de la MINURSO... Le premier défi porte sur la volonté tenace des Etats-Unis d'ajouter une nouvelle prérogative au mandat de la mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO). Washington souhaite que les hommes et les femmes de Colin Stewart puissent accompagner Horst Köhler dans sa mission politique. Les Quinze constatent que la MINURSO joue un rôle important sur le terrain, «notamment [celui] d'aider l'Envoyé personnel à trouver une solution politique mutuellement acceptable, et qu'elle doit pouvoir s'acquitter pleinement de son mandat». On apprend que ce passage était au cœur d'un intense débat entre la France et les Etats-Unis. Après des jours de négociations, Paris a réussi à réduire son impacte et sa portée par rapport à la version initiale, mais la «bataille» diplomatique est loin d'être terminée. Le coordinateur politique de la représentation permanente de la mission des Etats-Unis à l'ONU, Rodney Hunter, a déjà annoncé la couleur le mardi 30 avril lors d'une intervention devant les membres du Conseil : «Les opérations de maintien de la paix de l'ONU doivent soutenir les solutions politiques et nous continuerons d'évaluer les résultats de la MINURSO par rapport à ce principe.» Le Maroc qui a toujours voulu cantonner les casques bleus uniquement à la surveillance du cessez-le-feu de septembre 1991 doit désormais faire face à un projet qu'il croyait enterrer avec le départ de l'Allemand Wolfgang Weisbrod-Weber en 2014. ... et les droits de l'Homme Le Conseil invite également les deux parties à «coopérer pleinement avec la MINURSO, y compris en ce qui concerne sa liberté d'interagir avec tous ses interlocuteurs». Un passage destiné plutôt au royaume. Dans son rapport remis début avril au Conseil, Antonio Guterres a relevé les «contraintes qui bloquent l'accès de la MINURSO à certains interlocuteurs, accès dont elle a besoin pour mieux assister [son] Envoyé personnel (…) [Il] exhorte le Maroc à lever ces contraintes et à donner à la Mission libre accès à ses interlocuteurs locaux». Par ailleurs, les passages consacrés aux droits de l'Homme devraient également interpeller les officiels marocains. En effet le mécanisme indépendant de surveillance des droits de tous les habitants du Sahara occidental, réclamé par Antonio Guterres dans son rapport et soutenu par les Etats-Unis, a été oublié dans la résolution 2468. Néanmoins, il y a cet appel des Quinze aux deux parties «à renforcer la coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme, y compris en facilitant des visites dans la région». Là aussi, le Maroc est le principal concerné.