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Le Maroc et les criquets pèlerins, une histoire aussi dangereuse que «croustillante»
Publié dans Yabiladi le 09 - 05 - 2019

Le Maroc était tellement habitué aux invasions de cet insecte ravageur que le «criquet pèlerin grillé» y était devenu un plat à part entière. Histoire.
Le 3 mai 2019, dans un bulletin d'information sur le Criquet pèlerin, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a averti qu'une «une reproduction localisée a eu lieu dans le nord-ouest de la Mauritanie, où des opérations de lutte ont été entreprises, ainsi que dans l'est de l'Algérie». «Des ailés isolés étaient présents au Maroc», écrit-elle. Le bulletin ajoute qu'une «reproduction à petite échelle aura lieu au sud des monts Atlas au Maroc et en Algérie mais les effectifs acridiens resteront faibles».
Mais dans son édition du jeudi 9 mai 2019, le journal arabophone Al Massae s'est inquiété pour la région de Marrakech qui serait menacée par une invasion de criquets. Des sources du journal précisent que des œufs de criquets pèlerins ont été découverts dans la commune d'Oued El Boor, dans la province de Chichaoua. «Une superficie de pas moins de soixante hectares aurait été investie par des criquets pèlerins pour leur reproduction», ajoutent-elles. De quoi mobiliser le ministère de l'Intérieur, dont dépend le Centre national de lutte antiacridienne, ainsi que le Centre régional de Marrakech et les autorités locales de la région.
Selon la FAO, «un tout petit essaim mange la même quantité de nourriture en un jour qu'environ 35 000 personnes» alors qu'un insecte adulte est «capable de consommer une quantité de nourriture égale à son propre poids chaque jour - soit environ deux grammes par jour». Pour le cas des criquets pèlerins, une femelle peut pondre jusqu'à 300 œufs au cours de sa vie.
Schistocerca gregaria, appelé aussi le criquet pèlerin. / DR
Mais l'invasion des criquets pèlerins au Maroc n'est pas une histoire récente. Les autorités, marocaine et onusienne, alertent régulièrement sur les éventuelles cas d'invasion. Rien qu'en 2016, la FAO avait mis en garde le Maroc, appelant ses autorités à doubler la vigilance. Et c'est le cas même durant le siècle précédent.
Les invasions de criquets pèlerins, une monnaie courante au Maroc
«Depuis 1914, les phases de rémission au Maroc, et c'est pratiquement le même cas dans plusieurs autres pays, ont eu une durée variant de 5 à 13 années auxquelles ont succédé inéluctablement des cycles d'invasion plus ou moins courts, d'intensité variable (de quelques milliers d'hectares à près de cinq millions d'hectares traités au cours de la dernière invasion», rapporte Rachid Lakhdar dans «La lutte anti-acridienne au plan national, une action permanente : enseignements et propositions».
Le Maroc avait en effet connu six cycles d'invasions d'ampleur variable par le criquet pèlerin, connu sous son nom scientifique Schistocerca gregaria.
Le chercheur marocain Ahmed Asrifi précise de son côté que «de 1914 à 1988, le Maroc a été envahi 33 fois par ce fléau». «Des essaims se sont souvent cantonnés dans le Sud et le Centre du pays, mais des cas d'invasions généralisées sont rapportés, à titre d'exemple les années 1918-19, 1929-30 et 1954-55.
Le Criquet pèlerin, de la famille des Acrididae et de la sous-famille des Cyrtacanthacridinae, est l'une des espèces de criquets les plus importantes, précise de son côté Michel Lecoq dans «Le Criquet pèlerin. Enseignements de la dernière invasion et perspectives offertes par la biomodélisation». Il cite notamment la «grande mobilité» de ce criquet, «son aire d'invasion très vaste, son grand potentiel reproducteur, sa capacité à multiplier très rapidement ses effectifs, sa capacité à consommer chaque jour son propre poids de nourriture fraîche et sa capacité à s'attaquer à une très large gamme de cultures et de leur causer des dégâts très sévères». «Cet acridien est considéré depuis l'Antiquité comme l'un des principaux fléaux de humanité dans l'Ancien Monde ; des ravages s'étendant à la majorité des pays arides et semi-arides, de la côte ouest de l'Afrique à l'Inde», ajoute-t-il.
L'histoire maudite d'un Maroc victime de peste, de choléra et de famine
Quand le criquet pèlerin grillé était un plat au Maroc
Et cela est d'ailleurs vrai pour le Maroc. Les invasions de criquets pèlerins sont généralement associées à des périodes de sécheresse et de famine. «La famine avait débuté en 1776 lorsque les criquets avaient investi le Souss et ses environs. La situation s'est relativement améliorée au cours des deux années suivantes à cause des pluies, mais une nouvelle vague de criquets va bientôt toucher la plupart des régions du Maroc et la sécheresse frappe de 1779 à 1782 annonçant les «pires années et l'ouverture de la porte de l'enfer de la famine», raconte Ahmed Asrifi dans un autre article sur le sujet.
Dans un article paru en 2008 sur la famine au Maroc, Mohamed Benaziz rapporte pour sa part l'impact de la sécheresse sur la population marocaine et l'apparition de maladie et d'invasion de criquets pèlerins lors de la crise ayant frappé le Maroc entre 1878 et 1883.
Des marchands de criquets au Maroc en 1945. / Ph. Moroccan History
Avec l'ensemble de ces invasions ayant coïncidé des périodes où le Maroc était frappé de plein fouet par la sécheresse et la famine, le criquet pèlerin s'est transformé d'ennemi pour l'agriculture à une composante du régime alimentaire des Marocains. D'ailleurs, pour la famine de 1945, connu aussi sous le nom de «Am El Boun», Ahmed Asfiri rapporte :
«L'invasion des essaims de criquets [débutait] de Ouarzazate où [l'insecte a] commencé à dévorer tout le vert du sol, arrivant aux fleurs d'amandier d'Imintanout (région de Marrakech). Même les oasis de Draa et la région de Souss n'ont pas été épargnée (…) Les criquets sont aussi devenus, cuits dans l'huile ou grillé, un repas majeur et d'une grande importance chez les Marocains.»
Ahmed Asrifi
«Pendant la famine, les Marocains mangeaient du caroube, de l'argousier, du chêne, des feuilles d'arbres, Irni (les racines blanches d'une plante connue pour son goût amer, ndlr), du poisson, des criquets, des ânes, des chevaux, des chiens, des cerfs et de la chair humaine», conclut pour sa part Mohamed Benaziz.
Article modifié le 2020/09/24 à 12h24


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