Cette semaine, le décès de la petite Douaa suite à une piqûre de scorpion à laquelle s'est ajoutée le décès d'un septuagénaire mordu par un serpent ont ravivé les craintes des riverains et de la société civile. Deux drames qui coïncident avec le lancement, lundi, de la campagne nationale de lutte contre les piqûres et envenimations scorpioniques. Au Maroc, le décès d'une petite fille près de Zagora (région de Drâa-Tafilalet) ravive les craintes des riverains marocains quant au fléau des piqûres et envenimations scorpioniques qui marquent la saison estivale. Ainsi, plusieurs internautes ont déploré sur les réseaux sociaux le décès de la petite Douaa, âgée de 4 ans et décédée lundi des suites d'une piqûre de scorpion dans la région de Zagora. Selon les versions relayées, elle serait morte après avoir été transférée dans un centre de santé loin de 15 km de sa maison. Des membres de sa famille, cités par des médias locaux, ont déclaré que l'enfant est décédé d'une «négligence médicale», soulignant qu'elle n'aurait reçu «aucun traitement au centre de santé avant d'être transportée par une ambulance non équipée vers l'hôpital régional de la ville de Ouarzazate». Deux cas de décès qui ravivent les craintes Alors que les esprits n'étaient toujours pas apaisés, l'annonce du décès d'un septuagénaire des suites d'une morsure de serpent à Agadir est venu ajouter de l'huile sur le feu. Mardi, le Réseau marocain pour le droit à la santé (RMDS) a fustigé le ministère de la Santé, le sommant d'autoriser à nouveau le recours aux sérums antidotes, «nécessaire de pays producteurs agréés par l'Organisation mondiale de la santé». Dans un communiqué parvenu à Yabiladi, l'ONG a exhorté le département d'Anass Doukkali à la réouverture de l'unité de production de ce sérum à l'Institut Pasteur de Casablanca. Le Réseau marocain pour le droit à la santé a rappelé que 100 décès sont constatés annuellement au Maroc sur 30 000 cas déclarés au Centre anti-poison et de pharmacovigilance du Maroc. Et de pointer du doigt l'absence de sérum antidote depuis que les autorités sanitaires ont déclaré son inefficacité en cas de piqûres et de morsures. Les explications de la direction régionale de la Santé Contacté par Yabiladi ce mercredi, Khalid Essalmi, directeur régional de la Santé dans la région de Drâa-Tafilalet, rappelle que «le sérum n'est plus utilisé, car ses effets secondaires sont plus importants que son effet sur le venin». «Nous déplorons le décès de cette petite fille, mais il faut souligner qu'elle est arrivée au centre de santé dans un état critique et comateux», nous explique-t-il. Khalid Essalmi ajoute que la petite fille «souffrait de troubles respiratoires», compliquant ainsi son cas. «La décision a été prise de la transférer dans une unité de services de réanimation. La plus proche se trouve dans l'hôpital régional de Ouarzazate, sachant que le centre a effectué les soins nécessaires à son niveau. Elle est décédée une demi-heure après le départ de l'ambulance vers cet hôpital.» Khalid Essalmi Evoquant une incidence des piqûres de scorpions qui place la région Drâa-Tafilalet à la première place au Maroc, le directeur régional souligne que «la région enregistre le nombre de décès le plus bas au niveau national». Il note aussi que dans «70 à 80% des cas de piqûres», les patients quittent l'hôpital après une observation de 4 heures pour constater l'absence de symptômes et de complications. «Mais le meilleur traitement reste la prévention», conclut-il. Le sérum anti-piqûres et le risque d'un choc anaphylactique Une prévention au centre de la campagne nationale de lutte contre les piqûres et envenimations scorpioniques (PES) ainsi que les morsures de serpents a été lancée lundi par le ministère de la Santé. Une campagne qui vise à «sensibiliser la population à ces risques redoutés notamment en période estivale», «consolider les axes de la stratégie nationale de lutte contre les envenimations» et «renforcer les réalisations de la stratégie au niveau régional», rapporte l'agence MAP. Lundi, le ministère de la Santé a également affirmé son engagement pour «la formation des professionnels de santé en la matière, la standardisation de la conduite à tenir devant de telles situations, la distribution annuelle de kits de médicaments pour la prise en charge des patients» et «la sensibilisation de la population aux facteurs de risque des PES et morsures de serpents et aux premiers gestes à effectuer particulièrement en milieu scolaire et dans les zones rurales», entre autres. L'année dernière, le ministère avait rappelé que le sérum anti-piqûres de scorpion a été supprimé du protocole de traitement, suite à son inefficacité démontrée par «la plupart des études et des recherches scientifiques». «Des études pharmacologiques ont montré que l'utilisation du sérum anti-piqûres de scorpion peut provoquer un choc anaphylactique suite à une sensibilité excessive qui pourrait conduire à la mort», a-t-on indiqué.