La candidate a laissé à François Hollande le soin de critiquer Bayrou et Sarkozy. OPÉRATION calinothérapie, hier, sous le hall 3 du Parc des expositions. Près de 4 000 élus socialistes sont là. Avec, dans la tête, les déclarations de Ségolène Royal, jeudi sur France 2, annonçant qu'elle reprend sa « liberté » par rapport au parti. La candidate a donc commencé son discours en exaltant le rôle des élus locaux. « Je suis l'une des vôtres », leur a-t-elle dit, en déclinant ses états de service, louant ces élus qui « consacrent leur vie au bien public ». Et les remerciant de lui avoir apporté 4 000 parrainages. « Il nous faudrait un nouveau Péguy pour dire les nouveaux hussards de la République que vous êtes au côté des enseignants », a-t-elle estimé, affirmant : « Je sais ce que je dois à mon parti, je sais ce que je dois aux militants. » « Les élus avaient besoin d'être rassurés et qu'on leur dise qu'on a besoin d'eux », résume Claudy Lebreton, président de la Fédération des élus socialistes et républicains. Royal, qui termine d'ordinaire ses meetings seule face à la salle, a sacrifié hier à la traditionnelle photo de famille : autour d'elle sur la scène, pour chanter La Marseillaise là aussi, c'est une première il y avait François Hollande, Dominique Strauss-Kahn, Jean-Pierre Chevènement, le radical Jean-Michel Baylet, des élus locaux, et même des petits enfants qui tapaient dans leurs mains. Mais pas Laurent Fabius qui s'est éclipsé sans faire de bruit. Royal a prononcé un discours maintes fois entendu, sur la nécessité de « tirer la France vers le haut », sa volonté de « réconcilier le local avec le global », de « transformer l'espoir en dépassement ». « Mettons la vérité en bataille pour faire gagner la France », proclame-t-elle, « aidons-nous les uns les autres ». Bayrou, « le faux sortant » La seule nouveauté de la journée tient dans l'emploi d'une formule : « la VIe République ». Avec l'organisation d'un référendum institutionnel dès l'automne si elle est élue, « c'est à celle-là que je vous invite. Elle est prête, elle s'appuie sur votre travail ». Et de citer le rapport sur la question institutionnelle que lui ont remis les présidents des groupes parlementaires Jean-Marc Ayrault et Jean-Pierre Bel. Cette « nouvelle République » s'appuierait sur « quatre piliers ». Royal veut « une démocratie parlementaire revivifiée, qui va mettre fin au cumul des mandats ». Elle y ajoute la « démocratie sociale qui va faire faire à la France un bond en avant ». Mais aussi la démocratie participative, « celle que vous pratiquez tous les jours », dit-elle pour rassurer les élus, et enfin la « démocratie territoriale », « nouvelle étape » de la décentralisation qui passe par la régionalisation mais sans supprimer « aucun échelon ». Sur les propositions institutionnelles, Royal ne s'étend pas. « Elle ouvre les vannes de la transformation », veut croire son porte-parole Arnaud Montebourg, tout à son bonheur de voir reprendre enfin sa proposition. Alors qu'en novembre 2005, au congrès du Mans, il n'avait pas signé la synthèse parce que le parti refusait de l'inscrire dans son programme. En revanche, pour Jean-Pierre Bel, « parler de VIe République, c'est être plus clair. Mais c'est de la sémantique : on ne refera pas le débat du congrès ». Avant le discours de Royal, Strauss-Kahn et Hollande s'étaient chargés d'attaquer François Bayrou et Nicolas Sarkozy. « Ségolène Royal a 100 propositions, François Bayrou est sans propositions », a ironisé DSK. Hollande s'est amusé que Bayrou, « le faux sortant », se présente en « homme neuf », alors qu'« il a été formé par Jean Lecanuet, que son modèle c'est Alain Poher et qu'il a servi Giscard ». DSK a qualifié d'« ignominie » la proposition de Nicolas Sarkozy de créer un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale. « Il est parti de Jaurès et il court après Le Pen. Il y a un mois, il citait Zola et aujourd'hui il découvre Rivarol. Maurras n'est pas loin », a prédit le premier secrétaire du PS.