Les lions de l'Atlas ne rugissent plus. Ils risquent de retourner bredouille dans leurs tavernes, après le nul décevant contre la Côte d'Ivoire. Leurs femelles ont marqué aussi le pas au Sénégal, pour le compte du tour qualificatif au championnat d'Afrique au féminin. Rien ne va, en dépit de l'entrée en lice de la Botola nationale Pro et de l'apport de l'armada des talents d'outre-mer. Le football marocain est malade. Ses cures ne semblent guère donner satisfaction, malgré l'édification des infrastructures de taille, à l'image des stades de haut standing, à Marrakech, à Tanger, à Agadir et bientôt le grand stade de Casablanca, telle l'arène de Saint-Denis, en France. Après avoir « démilitarisé » ses instances dirigeantes, avec l'éviction du Général de Division Housni Benslimane qui, aux yeux de la communauté planétaire sportive, évoluait en incompatibilité avec la pratique associative civile, on fait appel à un cumulard qui devait, en principe, se limiter aux grands enjeux hydriques, au lieu de s'immiscer dans un univers qui lui échappe complètement. La notion de la bonne gouvernance fait alors défaut dans un domaine où le savoir-faire est de mise, au regard des profondes mutations de la technologie sportive qui ne cessent de prendre le dessus sur les tâtonnements archaïques néfastes. Le diagnostic de la chose sportive au Maroc a été l'objet d'un long débat serein et fécond, ponctué par la fameuse lettre Royale. Mais, depuis, on ne savait pas comment s'y prendre. On cumulait les bavures en termes de restructuration et de refonte. On continuait à pondre les décisions du haut de la tour d'ivoire, sans jamais impliquer les compétences nationales susceptibles de rectifier les tirs. En d'autres termes, on trouvait du mal à se passer des vieilles manies de vouloir « makhzéniser » le football qui s'érige constamment en affaire d'Etat, comme ce fut le cas de la cause nationale et bien d'autres dossiers ayant toujours été l'apanage de la plus haute sphère, pour des raisons abusivement sécuritaires. On se souvenait bien de la participation de l'équipe nationale à la coupe du monde de football aux Etats Unis, quand feu Blinda, alors coach national, recevait les consignes par téléphone depuis son pays, sans jamais se fier aux membres du bureau fédéral, résidents sur place, bien éloignés du sélectionneur. Aujourd'hui, Gerets se moque de toute une Nation, pour ses approximations ahurissantes, sans que les Autorités de tutelle ne puissent piper mot. Tout d'abord, parce qu'elles ne savent guère qui fait quoi dans un système footballistique continuellement hermétique et opaque. Ensuite, on est pris en otage à coup de millions (on parle de 250 millions par mois !), par une clause de contrat passé dans le secret total, alors qu'il s'agit des deniers publics. On paiera maintenant les pots cassés d'une politique d'appropriation makhzénienne d'une pratique sportive sensée jouir de la transparence et de la démocratie, dans le sillage de l'arsenal institutionnel moderniste et progressif dans lequel s'est engagé notre pays, tambours battants. Il s'agira, avant tout, de démocratiser résolument cette pratique, à l'instar de tous les compartiments en perpétuelles réformes, afin de se conformer aux dispositions constitutionnelles. On ne peut donc prétendre développer une partie intégrante de la vie des citoyens sans en assurer les conditions saines, dans le respect de l'autonomie décisionnelle des fédérations et des associations, en tant socle pyramidal essentiel de la pratique sportive. L'Etat a bien d'autres chats à fouetter, car en voulant trop « sécuriser » un phénomène sociétal en évolution, il tombe dans l'insécurité et la médiocrité.