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Confessions : Malheur à moi, je suis une nuance : Nietzsche
Publié dans Albayane le 12 - 08 - 2012

Ecrire: Plaisir, besoin, soif ? Que sais-je ? Ecrire : Accouchement, vomissement, hémorragie ? Que sais-je ? Ecrire : Défoulement, exorcisme, catharsis ? Que sais-je ? Ecrire : Alchimie, prophétie, divination ? Que sais-je ? Ecrire : Masturbation linguistique, snobisme littéraire, frime intellectuelle ? Que sais-je ? Ecrire : Est-ce tout cela et d'autres choses encore ? Est-ce tout cela ou autre chose ? Qu'importe !
Je dois t'avouer, cher lecteur, que je ne me suis jamais posé la question...Je m'excuse de te tutoyer sans ton consentement. Je l'ai fait spontanément comme Prévert tutoyant Barbara, lui disant :
« Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les connais pas »
Certes, je ne te connais pas, cher lecteur. Je t'aime tout de même ;
Tu es ma raison d'être, mon oxygène. Sans toi, je meurs ! Un auteur sans lecteur est condamné à l'extinction, à l'oubli et au mutisme éternel.
Comment ne pas t'aimer, cher lecteur ? Qui que tu sois, où que tu sois, quels que soient ton âge, ton sexe, ton identité, ta religion, tes convictions politiques, ta philosophie, tes principes, la couleur de ta peau, tes rêves, ton compte en banque, tes attentes, tes cauchemars, tes déceptions..., en me lisant, tu me fais vivre ! Je vis à tes dépens. Je suis un parasite. Sans toi, je meurs, cher lecteur !
Baudelaire, ce poète admirable t'appelle « - Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère ! »
Alors, puisque nous sommes frères et complices, laisse-moi me confesser, cher lecteur ! J'ai tant de choses à te dire, tant de secrets à te dévoiler. Laisse-moi me mettre à nu et écoute-moi sagement comme un enfant qui écoute un conte merveilleux...Et si mon récit ne suscite chez toi aucun intérêt, tu peux froisser ce papier et le jeter dans la rue, sur le trottoir. Personne n'y prêtera attention, personne ne te fera de remontrance. Ce ne sont pas nos oignons, c'est l'affaire de la municipalité. Si nous ne jetions plus de saletés dans la rue, elle deviendrait propre. Quelle horreur ! Que feraient alors les employés municipaux ? Ils chômeraient et seraient licenciés !
Comment donc nourriraient-ils leur progéniture ? Ce n'est nullement par indifférence ou incivisme que l'on jette des ordures sur le trottoir, c'est par solidarité avec les employés de la municipalité !
Oui, je m'égare, je radote, je passe du coq à l'âne. Je l'avoue : Je suis très prolixe... Sois clément, cher lecteur, et accepte-moi comme je suis ou jette-moi tout entier ! Je suis à prendre ou à laisser et n'y peux rien...Au fait, je sais à présent pourquoi j'écris. La raison est aussi évidente qu'insignifiante : J'aime raconter des histoires, c'est tout !
Ce n'est pas sorcier. Des histoires imaginaires ou véridiques, drôles ou moroses ; Cela dépend de mon état d'âme, de mon état de santé, de mon état d'esprit...En tout état de cause, Je dois écrire puisque je suis écrivain de mon état. Et lorsque j'écris, je suis dans tous mes états...De grâce, accepte mes caprices d'auteur et lis-moi !
J'ai tellement besoin que tu me lises, cela me permet de rester en vie. Tu as le pouvoir de me rendre éternel. Même si je te raconte des histoires à dormir debout, même si mon sujet ne te dit bsolument rien, même si mon style ne te branche pas, même si mes idées ne t'intéressent pas (d'ailleurs, je n'en ai pas), fais semblant, sois hypocrite, fais un effort, ne sois pas sévère, un peu de complaisance quoi !
Tu sais cher lecteur, cette manie de raconter des histoires ne date pas d'hier. J'ai attrapé cette maladie quand j'étais encore tout petit. Depuis ma tendre enfance, j'aimais raconter des histoires.
C'est probablement pour cette raison que je n'ai pas toujours les pieds sur terre, que j'ai tendance à bouder la réalité et m'abriter dans mon univers fantasmagorique, dans ma bulle fantasmatique.
C'était grâce à ou à cause de ma mère que j'ai acquis cette aisance et ce don de conteur : A peine âgé de cinq ans, je l'accompagnais au Souk, chez les bouquinistes. Elle aimait les vieux livres d'Histoire.
Je trottais et trépignais d'impatience, attendant qu'elle finisse de lire un chapitre et me fasse le compte rendu de sa lecture. J'étais fasciné par toutes ces batailles, ces guerres, ces conquêtes, ces actes chevaleresques, ces civilisations d'antan. Les fabuleuses cités aux noms insolites, les paysages exotiques, les personnages légendaires grouillaient dans ma petite tête. Je faisais des voyages fabuleux et des aventures époustouflantes. Je répétais les noms de ces personnages historiques à longueur de journée en rêvant : Haroun al-Rachid, Jeanne d'Arc, César, Ibn Arabi, Belquis, Néron, Ibn Battûta, Caligula, Antar, Moïse, Ibn khaldoune, Merlin l'Enchanteur, Ivan le terrible, Salomon, Cléopâtre, Attila, Alexandre le Grand, Charlemagne, Néfertiti, Abla, Dalila, Tout Ankh Amon, Annibal... Ils me fascinaient, m'éblouissaient, m'effrayaient, m'intriguaient, me séduisaient, m'émouvaient, me subjuguaient et me donnaient, le tournis !... Je m'amusais à dessiner dans ma tête : Je prenais la force physique et la puissance de l'un, l'intelligence et la sagesse de l'autre, la beauté et la volupté de l'une et le pouvoir et la majesté de l'autre. Je mélangeais le savoir, l'érudition et la philosophie de celui-ci avec la magie, la sorcellerie et les miracles de celui-là.
J'ajoutais l'arrogance, la cruauté et le despotisme des uns à la bonté, l'humilité et l'altruisme des autres...Je mélangeais, pétrissais, modelais pour créer l'être parfait, complet, accompli, l'être divin ;
Le Surhomme ! Et cet être, c'était moi ! Je mettais mon armure, ma parure, ma couronne. Je prenais mon sceptre et m'installais sur mon trône. Je régnais sur mon empire imaginaire. Les êtres et les choses se prosternaient. J'étais le maître du monde !
Ma mère éprouvait une joie incommensurable en me racontant ces récits historiques. Elle était surtout fière de prononcer ces noms magiques qui me faisaient tellement rêver. Un seul nom la gênait et l'embarrassait, elle n'arrivait jamais à le prononcer correctement.
Elle était incapable de dire correctement en arabe «Constantinople» ; elle disait Constantantantiniya ! » ; et nous nous tordions de rire !
Cependant, le livre le plus captivant, le plus ensorcelant, le plus magique n'était autre que les Mille et Une Nuits.
Ce livre magnifique m'a rendu amoureux précoce de cette créature sublime et si différente de moi : La femme ! Elle y était omniprésente : Intelligente, maligne, rusée, perspicace, courageuse, sage, philosophe, artiste, et surtout incroyablement belle, sensuelle, lascive, voluptueuse, ensorceleuse, fatale ! Les descriptions érotiques osées me brûlaient et faisaient vibrer mon corps infantile de désir.
Ce n'est qu'après, longtemps après (pour ne pas paraphraser Brel) que je me suis rendu compte que la femme dans la réalité nue n'a rien en commun avec la femme que je me suis construite dans ma tête, la femme de mes rêves et de mes fantasmes, la femme parfaite, idéale ; la Femme des Mille et Une Nuits !
Je dévorais gloutonnement le passage que je raconterais aux gamins du quartier. Le soir, ils m'entouraient. Un silence religieux tombait et je commençais mon récit avec la formule traditionnelle des conteurs professionnels « Kane Ya Makane... » Je m'efforçais de rendre mon histoire plus attrayante, plus captivante que possible en faisant des gestes, des mimiques et en changeant constamment le ton et le timbre de ma voix.
(A suivre)


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