Recherche et innovation : le Maroc renforce sa participation dans le Partenariat PRIMA    Activité industrielle : agroalimentaire et métallurgie, les locomotives de la reprise    Mohamed Mitali : "Les contrôles douaniers retardent les transporteurs à Tanger Med"    Mine de Zgounder : Aya Gold & Silver identifie une nouvelle zone minéralisée    Industrie Pharmaceutique : Pfizer confie la direction du Cluster Afrique du Nord à Ouardia Djoudjai    Plaques d'immatriculation bilingues : les sources d'une polémique… Ce qu'il faut savoir    Fès-Meknès : accélération du déploiement des "Ecoles pionnières"    INRA. La fertilité des sols révélée à haute résolution    GERD : L'Ethiopie inaugure le plus grand barrage d'Afrique    Athlétisme. 30 marocains à Tokyo    Sécurité régionale : Barrow et Embaló resserrent les liens    Numérique. Un pont entre Abuja et Praia    Mawuto Tossa, premier Africain lauréat du prestigieux Prix J.B. Scott 2025    Maroc-Chine: partenariat commercial atteint un niveau record    Les prévisions du mercredi 10 septembre 2025    UE : Dimiter Tzantchev prend ses fonctions à Rabat    Yassine Bounou décroche le prix du meilleur arrêt en Saudi Pro League    WeCasablanca International Challenge 2025 : la métropole en mode sport urbain    La douane traque les huiles moteur contrefaites provenant d'Espagne    Après la TICAD9, le Polisario se prépare à participer au 7e sommet UA-UE    Maroc : Le PJD et Al Adl wal Ihsane condamnent la frappe israélienne sur le Qatar    France : Le premier ministre François Bayrou présente la démission de son gouvernement    Fès-Meknès : Amine Tahraoui s'enquiert de l'avancement de projets sanitaires    Plus de 1200 artistes boycottent les productions israéliennes impliquées dans le génocide en Palestine    La Fondation Dr Leila Mezian inaugure l'« Espace Amazigh » au cœur de l'Alhambra de Grenade    Côme et Fàbregas relancent la piste Hakim Ziyech    Le Maroc condamne vivement l'agression israélienne odieuse et la violation de la souveraineté de l'Etat frère du Qatar    Partenariat: L'Institut Amadeus signe un MoU avec l'Emirates Center for Strategic Studies and Research    La police de l'environnement et les droits de l'Homme au menu du prochain Conseil de gouvernement    Nasser Bourita s'entretient avec Sergueï Lavrov en pleine préparation de la 8ème Commission Mixte    Retraite de haut niveau sur l'avenir des relations euro-méditerranéennes »    Météo : Averses orageuses avec chutes de grêle et rafales de vent prévues ce mardi    De Lorient à Lusaka : Igamane enchaîne les coups d'éclat    Omar El Hilali, débuts discrets mais inoubliables avec les Lions de l'Atlas    Musique : décès du maître gnaoua Mustapha Baqbou    Un marroquí muere en un accidente de coche en el norte de Italia    Maroc : Les anti-normalisation appellent à boycotter le Forum mondial des femmes pour la paix    Après avoir affronté les Lions de l'Atlas, Badou Zaki hospitalisé au Maroc    Países Bajos: Un testigo clave en el juicio de Ridouan Taghi será liberado próximamente    Prépa CDM féminine de futsal : Italie - Maroc ce mardi    Sahara : Quand Staffan de Mistura met le Polisario et l'Algérie dans le même panier    Un élève rend hommage à son professeur après 22 ans : une Omra en guise de gratitude    Entretien téléphonique entre Nasser Bourita et son homologue sénégalais    Le Maroc figure sur la liste européenne des pays d'origine sûrs tandis que l'UE+ voit chuter ses demandes d'asile de 23 % au premier semestre 2025, un chiffre historique    Le Maâlem Mustapha Baqbou n'est plus    L'Alhambra de Grenade accueille un nouvel espace amazigh en l'honneur de la Dr Leila Mezian    Moroccan Gnaoua master Maalem Mustapha Bakbou passes away at 72    Erick Baert, l'homme aux 100 voix, de retour au Maroc avec son spectacle "Illusions vocales"    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Azzedine El Allam : «Instaurer une démocratie économique»
Publié dans Albayane le 27 - 03 - 2012

Azzedine El Allam, enseignant-chercheur à la faculté des sciences juridiques à Mohammedia, nous livre dans cet entretien son point de vue sur le chantier de la réforme constitutionnelle.
Le professeur de sciences politiques estime que déclarer que l'Islam est la religion de l'Etat ne doit pas figurer parmi les constantes, car la relation entre la démocratie et la laïcité est une relation organique. Aussi El Allam considère qu'aujourd'hui, la question économique et sociale se pose avec acuité. Où réside l'utilité de la démocratie et l'organisation d'élections libres si 80% de l'économie marocaine sont détenus par 2 ou 3 entreprises, souligne-t-il.
Al-Bayane : Pensez-vous que le discours royal du 9 mars a répondu en grande partie aux attentes de diverses tendances et acteurs appelant à un changement politique ?
Azeddine El Allam : En premier lieu, il faut souligner qu'il s'agissait d'abord d'un discours inattendu. Souvent, les discours du roi sont liés à un événement ou une occasion quelconque. Ainsi, le discours royal du 9 mars, s'inscrit dans un contexte clair, même si il a évoqué au début la question du chantier de la régionalisation, il constitue une réponse aux événements qui se déroulent actuellement dans le monde arabe. On peut le considérer comme une sorte d'anticipation pour éviter tout effet pervers. Secundo, le discours contient 7 points de réformes, certains répondent aux diverses attentes formulées il y a des années par les forces politiques et sociales, notamment le renforcement de l'indépendance de la justice, la consécration du rôle du premier ministre… Notons que le discours a évoqué 5 points dont, il est impossible d'envisager une réforme : l'islam, la commanderie des croyants, le régime monarchique, l'intégrité territoriale, et le choix démocratique. Trois points parmi ces derniers ne soulèvent aucun problème, en l'occurrence l'unité nationale, la monarchie, et la démocratie. Mais le problème qui subsiste c'est le fait de persister à considérer encore que l'Islam est la religion d'Etat, ou se tenir à l'institution de la commanderie des croyants.
La question que l'Islam est la religion d'Etat ne doit pas, à mon avis, figurer parmi les constantes, car la relation entre la démocratie et la laïcité est une relation organique. Je ne vois pas de raison pour que l'Islam soit une constante de l'Etat
L'histoire de la philosophie politique nous enseigne que l'Etat n'a pas de religion. Au Maroc, l'Etat n'est pas encore solide, c'est la raison pour laquelle il se ressource de la religion.
Mais, ne pensez-vous pas que le référentiel religieux utilisé par l'Etat constitue un rempart efficace contre l'existence de certains mouvements religieux, notamment Al-Adl Wal-Ihssane ?
Notons que la question de la Commanderie des croyants pose problème. Certains considèrent que l'institution de la commanderie constitue un bouclier contre tous ceux qui parlent au nom de la religion. Mais les événements qui ont eu lieu dans le monde arabe nous montre ô combien des régimes comme l'Egypte de Moubarak ou la Tunisie de Ben Ali ont instrumentalisé ce facteur pour légitimer leurs actions. La problématique au Maroc, c'est que l'Etat interdit toute constitution d'un parti politique sur une base religieuse (Code des partis politiques), ou de tenir un discours à connotation religieuse. Alors, si les acteurs politiques sont interdits de parler au nom de la religion, l'Etat, lui aussi, doit procéder de la sorte. A mon avis, la commanderie des croyants est une question qui a une profondeur politique.
Peut-on dire que la revendication du principe de la laïcité de l'Etat est légitime ?
Il faut dire qu'au Maroc la relation entre la religion et l'Etat est confuse. En fait, le vécu quotidien nous révèle que le comportement politique de l'Etat n'a rien à avoir avec la religion. A titre d'exemples, les actions et décisions des ministères dans leur essence sont des actions temporelles. Même lorsqu'on parle du ministère des Habous et des Affaires islamiques, la gestion de cette dernière est focalisée essentiellement sur des affaires séculières.
Qu'en-est-il des autres axes des réformes constitutionnelles ?
Je pense que la consécration et la constitutionnalisation de la langue amazighe ne pose pas de problème. Car ce patrimoine est tributaire avant tout de la dynamique sociétale. Quant aux recommandations de l'IER, elles constituent une véritable avancée. S'agissant du choix démocratique, à mon avis le problème ne relève pas des règles juridiques. Aujourd'hui, La question économique et sociale se pose avec acuité. Où réside l'utilité de la démocratie et l'organisation des élections libres, si 80% de l'économie marocaine sont détenus par 2 ou 3 entreprises. Le problème majeur ne se situe pas donc dans la Constitution, mais comment instaurer une démocratie économique basée sur la transparence, la lutte contre la corruption, et mettre en place des règles de concurrence loyale.
Certains critiquent la méthodologie suivie pour cette réforme, plaidant ainsi pour une Assemblée constituante, estimez-vous que cette revendication est légitime ?
Il ne faut pas se leurrer, l'Assemblée constituante est une revendication qui datait depuis l'indépendance. Mais au Maroc, les forces politiques ne revendiquent pas un tel organe pour la réforme de la Constitution. On a toujours résolu cette problématique en se basant sur un certain consensus entre l'opposition et l'Etat. Précisons que la Commission consultative pour la révision de la constitution a un caractère consultatif et n'engage en rien le pouvoir suprême de l'Etat.
En évoquant la question de la consécration du principe de la nomination du premier ministre au sein du parti politique arrivé en tête des élections de la Chambre des représentants, est-ce que cela signifie qu'on se dirige vers une monarchie parlementaire ?
Il y a une confusion là-dessus. La monarchie constitutionnelle est une monarchie parlementaire. Dans le cas du système politique marocain, la question qui se pose porte essentiellement sur le statut du roi. Est-ce qu'il gouverne, est ce qu'il constitue le symbole de la nation, est- ce qu'il est le commandeur des croyants du point de vue symbolique ? D'où la question sur le rôle du Premier ministre. Est-ce qu'il aura le droit de limoger un Wali ou un gouverneur de ses fonctions. ? En plus, le champ politique actuel ne permet nullement l'émergence d'un parti politique majoritaire lors des élections. L'histoire électorale nous enseigne que le parti politique qui arrive en tête obtient dans le meilleur des cas 17% ; pour qu'il puisse former d'un gouvernement fort, il faut avoir deux partis forts. S'agissant de la question de la séparation des pouvoirs, avant d'en parler, il faut d'abord les constituer.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.