Sahara : Le Portugal considère le Plan d'autonomie commme la base la plus sérieuse, crédible et constructive pour la résolution du dossier    Parlement : Adoption en Commission du projet de loi sur la réorganisation du CNP    Le conseiller de Trump Massad Boulos en tournée au Maghreb    Le PJD demande la dissolution du Groupe d'amitié parlementaire maroco-israélien    Maroc : Vers une loi contre la manipulation des enfants et personnes âgées sur les réseaux sociaux    Procédure pénale : adoption définitive du projet de loi par la Chambre des représentants    Bank of Africa : la croissance se structure autour de l'impact et de l'innovation    Agadir : porté par un 1er semestre en hausse, l'été s'annonce chaud    Expérience passager : Royal Air Maroc et Al Barid Bank misent sur l'innovation    Des champs d'oranges aux icônes imprimées : Le Maroc gravé dans les billets de banque    Maroc : Glovo réagit à la carte tronquée du Sahara et botte en touche sur le volet social    Afrique du Sud : Un autre allié du Polisario condamne le soutien de Zuma à la marocanité du Sahara    Sahel : Le Mali tourne définitivement la page des accords d'Alger    Offensive aérienne russe sur Kiev    1⁄2 Finale Euro (f) 2025 / Ce mardi, Angleterre-Italie : Horaire ? Chaînes ?    Une famille espagnole sauve un jeune Marocain dans sa traversée du détroit de Gibraltar à la nage    Le Feyenoord de Rotterdam rejoint les clubs qui lorgnent l'attaquant marocain Hamza Igamane    Euro (f)2025 : Le ballon de la phase finale présenté aux médias    Handball / Derb Sultan remporte le doublé : Championnat et Coupe du Trône 2024-2025    CAN 2024 féminine : Le Maroc motivé pour battre le Ghana et se hisser en finale (Jorge Vilda)    Marruecos: Un programa nacional rehabilita 83 hospitales con una capacidad de 8,700 camas    Infrastructures hospitalières : lancement d'un programme de réhabilitation de 83 établissements et 8.700 lits    From orange fields to printed icons : Morocco's story etched in banknotes    Al Hoceima court reduces sentence in shocking genital mutilation case involving German tourist    Décrochage scolaire : Une seconde chance pour les élèves de plus de 16 ans    Syndrome de Bernard-Soulier : Une prévalence « relativement élevée » au Maroc    «Calle Malaga», le film de Maryam Touzani sélectionné à la Mostra de Venise et à Toronto    Maroc – Espagne : Grenade accueille une conférence sur la diplomatie culturelle    Al Hoceima: le Festival des Plages s'ouvre en fanfare    Inflation : hausse de 0,4% de l'IPC en juin    Gaza : 25 pays appellent dénoncent les conditions humanitaires    Philippines: Près de 50.000 évacués après des inondations causées par le typhon Wipha    Prix des médicaments: Un accord trouvé entre gouvernement et syndicats    Cours des devises du mardi 22 juillet 2025    L'Union européenne est déterminée à renforcer son "partenariat stratégique" avec le Maroc dans tous les domaines    Le Maroc et la Macédoine du Nord affirment une volonté d'élargir les partenariats    Ni vie, ni mort : L'entre-deux du prince dormant    «Cette protestation est surprenante» : une source diplomatique marocaine dénonce la réaction de l'ANC après la visite de Jacob Zuma à Rabat    Le Maroc esquisse à Dakar une architecture panafricaine des chaînes de valeur atlantiques    Grâce à la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc s'affirme comme un acteur majeur de la stabilité en Afrique, en Méditerranée et dans le monde arabe    Cinéma : "Eddington", une Amérique à la dérive dans le huis clos d'une petite ville    L'AS Roma recrute le milieu de terrain marocain Neil El Aynaoui    Mondial 2030 : le Maroc opte pour un financement sans dérive budgétaire    Fehd Benchemsi et Hasba Groove électrisent les Doukkala : Quand les rythmes Gnaouis rencontrent le jazz et le funk au Mazagan Concerts    El Akademia 2025 : Cultures en dialogue, musiques en fusion    Gaza : troisième phase de la campagne marocaine d'aide humanitaire    Superman de nouveau en tête du box-office nord-américain    Cinéma : Voici les projets admis à l'avance sur recettes au titre de la 2e session de 2025    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Taitu Betul, fondatrice d'Addis-Abeba
Publié dans Albayane le 09 - 06 - 2017

Très connue en tant que siège de l'Union Africaine, Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie anciennement appelée Abyssinie, doit son existence à une femme, Taitu Betul, reine d'Ethiopie et femme de l'empereur Ménélik II. C'est vers 1886 que la ville est fondée et baptisée «Addis-Abeba» qui signifie, «nouvelle fleur» en langue amharique par Taitu Betul. En dehors de son rôle dans la fondation de cette ville, Taitu Betul s'est érigée comme l'un des personnages clés de son époque pour avoir résisté aux desseins coloniaux italiens dans son pays.
Née en 1851, Taitu Betul, épouse de Ménélik II, Roi des rois d'Ethiopie, fut une reine et impératrice remarquable. Elle descendrait de la lignée impériale issue du Roi Salomon et de la Reine de Saba, à travers son grand-père Dejazmach Haile Maryam. Après quatre mariages non réussis, elle rencontre Ménélik, alors roi du Shoa, vers 1876-1877. Celui ayant eu également d'autres mariages et relations précédemment. Il est charmé par sa beauté. Le couple se marie en 1883 et s'installe à Entoto, dans la région du Choa, près de l'actuelle ville d'Addis-Abeba. Etant donné la rareté de l'enseignement pour les femmes à cette époque, Taitu Betul faisait exception. Elle savait lire et écrire la langue amharique, langue utilisée exclusivement dans la liturgie éthiopienne orthodoxe. Elle excellait par ailleurs dans la poésie, les échecs et le bagana, un instrument de musique à cordes. Elle doit son prestige et sa réputation à ses différentes actions, son intelligence exceptionnelle pour renforcer et étendre son pouvoir et son caractère autoritaire.
L'histoire raconte que Ménélik II et son épouse vivaient dans la ville d'Entoto, un sommet situé au nord-est d'Addis-Abeba. Le couple impérial avait pour habitude de séjourner dans les sources thermales de Filoha, situées à une altitude moins élevée. Alors qu'en 1886, Taitu admirait le paysage, elle aperçut une fleur d'une très rare beauté, au loin. Charmée par le climat de cet endroit, elle demanda à son époux s'il pouvait y construire une maison. Ménélik II approuva, entama les travaux et promit à Taitu de lui offrir le terrain de la future résidence. Ménélik II sélectionna l'emplacement précis de la fondation d'Addis Abeba suite à une prophétie que fit son grand-père, Salhe Selassié, roi de 1813 à 1847. Celui-ci avait déclaré : «Ce pays est couvert de broussailles et de végétation, mais un jour viendra où mon petit-fils construira ici une maison et y fondera une ville». C'est à l'endroit précis indiqué par son grand –père que la ville fut fondée. Le nom de la ville fut choisi par Taitu.
Celle-ci, frappée par une fleur qu'elle n'avait jamais aperçue auparavant, choisit d'appeler la ville Addis-Abeba ou «la nouvelle fleur». Taitu ordonna le début des travaux de construction du palais qu'elle surveillait depuis Entoto. Petit à petit, Addis Abeba se développa et devint une véritable ville, avec l'implantation du couple impérial, des dignitaires, des soldats. A la suite de la famine qui s'abattit sur le pays en 1889-1892, plusieurs personnes s'installèrent à Addis-Abeba. Le souverain qui détenait les terres dans la nouvelle ville les distribua aux nobles, à diverses églises. Ainsi, des résidences furent construites dans la ville qui se développa progressivement. En outre, Taitu Betul fit bâtir l'église d'Entoto Maryam entre 1885 et 1887 et le premier hôtel d'Ethiopie, l'Itegue Taitu Hôtel.
Très cultivée, Taitu était aussi patriote et conservatrice, des qualités qui lui ont permis de jouer un rôle considérable dans la bataille d'Adoua contre l'Italie. Elle représentait, à la Cour, le courant conservateur qui résistait aux progressistes qui voulaient développer l'Ethiopie sur les modèles occidentaux en modernisant le pays. Profondément méfiante vis-à-vis des véritables intentions européennes par rapport à son pays, elle marcha avec Ménélik II et l'armée impériale, à la tête d'une force de canonniers afin de participer à la bataille d'Adoua lorsque les Italiens décidèrent d'envahir l'Empire. La bataille d'Adoua se déroula près du village d'Adoua, au cœur de la région du Tigray, dans le nord de l'Ethiopie, en 1896, entre les forces de Ménélik II et celles du royaume d'Italie dirigées par le colonel Baratieri.
Cette guerre s'acheva par la victoire des Ethiopiens et mit fin aux diverses tentatives de pénétration en Ethiopie par plusieurs puissances, notamment les Etats européens et l'empire Ottoman. Cette guerre mit également fin à la première guerre italo-éthiopienne débutée en 1895. Cette bataille est importante à plusieurs égards. En plein partage de l'Afrique, elle constitue une victoire définitive d'une nation africaine face à un pays européen. Elle assura un prestige international à l'empire éthiopien et à Ménélik II, aussi bien auprès des peuples d'Afrique que des mouvements anti-ségrégationnistes des Etats-Unis et anti-colonialistes d'Europe. Lors de cette célèbre bataille marquée par la victoire éthiopienne, Taitu arriva sur place avec sa troupe personnelle de quelques hommes, dirigea aussi des femmes porteuses et des infirmières qui assistèrent les guerriers sur le champ.
Déterminée à résister aux visées impérialistes étrangères sur son pays, elle s'opposa catégoriquement à toute négociation susceptible d'entraîner la perte de territoires éthiopiens. Elle utilisa son intelligence exceptionnelle pour renforcer et étendre son pouvoir en arrangeant et concluant des mariages politiques. En 1896, elle arrangea le mariage du rival de son mari dans le Tigrai, le Ras Mengesha, avec sa nièce, Woizero Kefei, dans une tentative d'apaiser les tensions entre le Tigrai et le Shoa. Son neveu, Dejazmach Gesesse, gouverna le Simien et le Wolqayt ; le mari de sa cousine régna sur le Kaffa ; l'influent Ras Makonnen accepta d'épouser sa jeune nièce, Mentewab Wele (qu'il répudierait peu de temps après au motif qu'elle était trop jeune) ; l'une de ses cousines fut mariée à un noble qui contrôlait la province de Menz, importante pour sa production de laine. N'ayant pas eu d'enfant avec Ménélik II, elle influença Zayditu, fille de Ménélik II à qui elle fit épouser son neveu Ras Gugsa Wele. En 1900, son neveu épousa la fille de Ménélik. Celui-ci reçut le poste de gouverneur de la province de Bégemder.
Vers 1906, l'état de santé de Ménélik II se détériora. Ce qui l'empêchait de régner aussi facilement qu'auparavant et Taitu commença à prendre des décisions en son nom. Ses rivaux, issus du Choa, du Tigrai et du Wollo n'appréciaient guère cette attitude qu'ils rattachaient à une prétendue xénophobie en raison de ses origines gondariennes. En 1910, Taitu fut forcée de quitter le pouvoir. Chargée de s'occuper uniquement de son mari, elle disparut de la scène politique. Ménélik II et Taitu n'ayant pas eu d'enfant, lorsque que celui-ci décéda le 12 décembre 1913, Lij Iyasu, fils de la 2e fille de Ménélik II lui succéda. Taitu fut bannie et dut se retirer à l'ancien palais à Entoto, près de l'église Entoto Mariam qu'elle avait fondée et où elle avait été couronnée avec son mari. Malgré son retrait du pouvoir, Taitu conseilla divers chefs. Elle décéda le 11 février 1918. Sa dépouille repose dans le monastère Taeka Negest Ba'eta Le Mariam à Addis-Abeba, au palais Ménélik, dans le même mausolée que Ménélik II, son mari.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.