Directeur commercial de JZ Creation Spécialiste chinois des équipements lourds pour l'industrie minière, JZ Creation s'impose au Maroc avec une technologie de convoyage longue distance aux avantages compétitifs. Performances industrielles, sobriété énergétique et digitalisation… Pedro Sepulveda Chianca, directeur commercial du groupe, détaille les atouts d'une solution susceptible de rebattre les cartes de la logistique minière au Maroc. Comment définir succinctement votre champ d'activité ? Nous nous considérons comme un opérateur spécialisé dans l'industrie lourde. En gros, nous donnons aux exploitants miniers les moyens mécaniques de transporter leur production. Avec la particularité d'être un intégrateur. Formulé autrement, un fournisseur de solutions de bout en bout… Absolument ! Nous partons de la conception et de l'ingénierie, nous fabriquons tous les composants des convoyeurs – rouleaux, tambours, structures –, nous réalisons l'installation et assurons la maintenance des équipements. Nous apportons aussi des solutions numériques et robotiques pour optimiser l'exploitation. Notre technologie assure le transport en amont, de bout en bout, depuis la sortie de mine jusqu'à l'unité de revalorisation ou plateforme d'exportation. Nous intervenons également en aval de la chaîne du port, jusqu'à l'unité de mise en valeur. Vous vous retrouvez néanmoins en concurrence technique avec plusieurs modes de transport, à commencer par le transport routier ? Oui, parce qu'au moment de choisir son schéma logistique, l'exploitant arbitre entre plusieurs solutions. Le train, le pipeline, la route ou le convoyeur. Nous sommes, ceci dit, en concurrence sur un plan strictement technique. Il va sans dire que le transport routier génère, en l'occurrence, une surexploitation des routes, de l'engorgement et des accidents. Il provoque également une dégradation accélérée des infrastructures sans oublier la pollution que génère ce mode de transport en particulier. Il demeure, cela dit, flexible. Mais en établissant un parallèle avec le convoyeur, les inconvénients l'emportent largement sur les bénéfices. Quels sont, très concrètement, les avantages comparatifs du convoyeur par rapport au transport ferroviaire ? Le rail exige des investissements d'infrastructure considérables, et les lignes existantes ne passent pas toujours là où se trouvent les gisements. Dans bien des cas, il faudrait créer de nouvelles voies. Le convoyeur, lui, s'adapte au tracé précis dont le client a besoin. À l'échelle d'un projet, cela se traduit par un investissement initial généralement plus faible, une installation plus ciblée et un fonctionnement continu 24 heures sur 24 . Le dispositif que vous commercialisez rivalise aussi, de fait, avec le slurry pipeline… Le pipeline demeure une solution emblématique dans le transport de vrac. Il a ses avantages, notamment un coût de transport en fonctionnement relativement faible, mais il consomme beaucoup d'eau et impose de sécher le produit à l'arrivée. C'est un double coût, hydrique et énergétique. S'ajoute à cela une faible flexibilité. Pour augmenter le débit, il faut souvent refaire une infrastructure entière, alors qu'un convoyeur se dimensionne dès le départ pour intégrer des scénarios de montée en puissance, ou se duplique sur la même structure . À vous entendre, le convoyeur acte l'obsolescence programmée du pipeline… C'est ce que montrent les choix industriels actuels, au Maroc comme ailleurs. Quand une technologie entraîne des pertes financières et un gaspillage de ressources, elle finit naturellement par disparaître. Vous investissez aussi dans la robotisation. Pour quoi faire ? Pour éliminer l'erreur humaine dans la maintenance. Sur 100 kilomètres de bande, il est impossible d'inspecter correctement chaque mètre. Nous avons doté les convoyeurs – tous les cinq km – de robots mobiles qui assurent la veille, surveillent en permanence l'installation, en vue de prévenir les pannes et de se prémunir contre les vols. Ceci est aussi de nature à prolonger la durée de vie des installations et à améliorer la sécurité des opérateurs. Les robots ont déjà fait leurs preuves, avec une réduction des temps d'arrêt pouvant atteindre 30%, ce qui se traduit directement par plus de tonnage traité et, in fine, une hausse des revenus pour les clients. Au-delà du coût et de la sécurité, en quoi vos convoyeurs contribuent-ils réellement à réduire l'empreinte environnementale des opérations minières ? L'objectif est de réduire au maximum l'empreinte des équipements, à la fois pour les travailleurs et pour l'environnement. Un convoyeur tubulaire, par exemple, est totalement fermé, il ne génère ni poussière, ni bruit, ni pollution liée au transport. Il fonctionne à l'électricité et peut être couplé à des panneaux solaires. Il peut même générer de l'énergie réinjectée dans le système ou revendue au réseau. C'est une façon d'aligner performance industrielle et sobriété énergétique . Comment se structure concrètement votre présence au Maroc ? Notre présence s'articule d'abord autour de notre principal client, le groupe OCP, pour lequel nous intervenons déjà sur plusieurs sites, notamment à Benguerir. Le Maroc dispose du plus long convoyeur au monde, une infrastructure unique qui démontre le potentiel de cette technologie. C'est aussi un projet emblématique, qui montre à quel point cette technologie peut se substituer à d'autres modes de transport classiques sur de très longues distances. Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ECO