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Processus de paix en Palestine : Quelle plus-value peut apporter le Maroc ? [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 03 - 12 - 2025

Le Maroc est disposé à contribuer aux efforts internationaux de paix au Proche-Orient après le cessez-le-feu à Gaza. Quelles sont les marges de manœuvre ? Décryptage.
Jusqu'à présent, la paix ne tient qu'à un fil à Gaza où le fracas des armes continue de retentir. Les accrochages se poursuivent encore dans les tunnels de Rafah et les bombardements se font entendre de temps à autre. Mais, on donne l'impression d'un "Adieu aux armes" si tant est qu'il y en a un.

De l'autre côté, les autorités israéliennes mènent une chasse impitoyable en Cisjordanie occupée. Tsahal multiplie les raids, surtout dans la région de Jénine, avec une cruauté impitoyable. Sous couvert d'opération antiterroriste, le gouvernement israélien mène une lutte sans merci contre les camps de réfugiés pour préparer le terrain à l'implantation des colonies, au moment où les violences entre Palestiniens et colons atteignent leur pic. Une politique assumée ouvertement par le gouvernement actuel sous emprise des partis extrêmes.

Le cessez-le-feu ou le calme fragile !

C'est dans ce climat glauque qu'on espère consolider la paix à Gaza après le cessez-le-feu. Le plan de Trump a suscité un vif espoir pour mettre définitivement fin au carnage qui dure depuis le 7 octobre 2023.

Donald Trump est parvenu à tordre le bras du Premier ministre va-t'en-guerre pour le forcer à arrêter les hostilités. L'échange de prisonniers, l'un des principaux points du plan américain, a eu lieu.

Les 20 derniers otages ont été rendus à Israël en échange de 2000 prisonniers palestiniens. Reste à savoir le sort de la bande dont il ne subsiste maintenant qu'un champ de ruine contrôlé à 82% par l'armée israélienne. Tsahal doit se retirer progressivement vers la ligne du périmètre de sécurité pour laisser place à une force internationale dite de "stabilisation", dont on ignore la nature et les membres. S'agit-il d'une force de l'ONU, d'une coalition de volontaires ou d'une force arabe ? Personne ne sait pour l'instant. Ce que l'on sait, c'est que Gaza entre sous tutelle d'une Autorité de transition confiée à des experts palestiniens et internationaux sous supervision d'un Conseil de Paix sous tutelle américaine.
Le plan de Trump exige la reddition du Hamas et l'échange des otages en échange du retrait israélien. On promet un plan de reconstruction et une zone économique pour transformer la bande en comptoir commercial florissant. Entre-temps, Gaza sera gérée provisoirement par un Conseil de Paix en attendant sa rétrocession à une Autorité palestinienne réformée et réélue. Jusqu'à présent, tout reste fragile, au moment où les Israéliens multiplient les déclarations martiales et semblent encore tentés par l'annexion de la bande dont l'Etat hébreu s'était retiré en 2005.

Le Plan Trump est en réalité une solution de conjoncture sans vision claire pour une véritable paix. L'objectif est de relancer un véritable processus de paix qui donne naissance à un Etat palestinien. C'est la seule manière d'en finir avec la spirale de la violence, rappelle Ramadan Abu-Jazar, spécialiste du Moyen-Orient au Centre international de Bruxelles. Selon lui, la situation reste encore sombre, sans signes sur la détermination d'Israël à tenir ses engagements. En gros, le plan américain a permis de juguler l'hémorragie sans régler le mal à la racine. Tout dépend du prochain gouvernement israélien, estime-t-il.

Vers la fin du Hamas ?

Concernant le Hamas, son sort semble scellé même s'il n'a pas encore déposé les armes. Son départ est en principe inéluctable, puisque Gaza devrait être démilitarisée. Le mouvement, perçu comme un proxy de l'Iran, est à la foi honni des Palestiniens et de la communauté internationale. « Hamas a été une calamité pour les Gazaouis, il vaut mieux qu'il plie bagage, il a donné d'innombrables cadeaux à Netanyahu et aux extrémistes israéliens qui en font une excuse pour enterrer l'idée d'un Etat palestinien », insiste M. Abu-Jazar.

Quel rôle pour le Maroc ?

Les pays arabes sont appelés à jouer un rôle pendant cette période transitoire. Pour sa part, le Maroc, qui soutient le plan Trump, offre ses bons offices. Le 25 novembre, dans Sa lettre envoyée à l'ONU à l'occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, SM le Roi Mohammed VI a fait part de la "totale disposition" du Royaume "à contribuer activement à toutes les étapes et à tous les processus convenus".

Cela a été interprété comme un accord à prendre part aux efforts de maintien de la paix dans la période de transition, sachant que le Maroc a déjà été cité parmi les pays membres d'une hypothétique force arabe aux côtés de l'Egypte, la Jordanie et les Emirats Arabes Unis pendant le mandat de Joe Biden. Initiative passée à la trappe.

Telle que détaillée par le Souverain, la vision marocaine pour la paix s'appuie sur cinq fondamentaux : garantie de l'intégrité de Gaza et de la Cisjordanie, appui à la réconciliation nationale sous l'égide de l'OLP, levée des obstacles sur l'économie palestinienne et, surtout, ressusciter la solution à deux Etats, "la clé de voûte pour instaurer la paix et la stabilité au Moyen-Orient", selon la lettre royale.

Cette vision a été saluée par l'ancien Secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. "La déclaration de SM le Roi est importante pour réaffirmer l'importance du poids des pays arabes dans le processus de paix", explique-t-il dans une déclaration à «L'Opinion». Selon lui, la solution à deux Etats est encore possible en dépit du rejet israélien. Il ne faut pas désespérer, plaide-t-il.

Après la boucherie qui a succédé au 7 octobre, l'idée d'un Etat palestinien est redevenue urgente. En témoignent les nombreuses reconnaissances des pays occidentaux, dont la France, le Royaume-Uni et l'Espagne. La paix est étroitement liée au retour d'un espoir pour les Palestiniens. Les pays arabes l'exigent unanimement. L'Arabie Saoudite a même refusé de normaliser avec Israël tant qu'il n'y a pas d'espoir d'un Etat palestinien. D'où l'importance d'une médiation. Compte tenu de sa capacité à parler à la fois avec les Palestiniens et les Israéliens, le Maroc a prouvé qu'il peut apporter des choses concrètes, à l'instar des aides humanitaires qu'il a été le premier pays à acheminer par voie terrestre à Gaza en avril 2024.

"Le soft power du Royaume et sa capacité à parler à tout le monde en font un acteur influent sur lequel on peut compter", insiste Ramadan Abu-Jazar. "Le Maroc a cette capacité de fédérer les parties au conflit et lancer une initiative qui soit acceptée par la partie israélienne qui respecte trop la parole du Royaume pour refuser ses demandes", conclut-il.
Trois questions à Ramadan Abu-Jazar : "Un Etat palestinien est la seule manière d'en finir avec la spirale de la violence"
* Le cessez-le-feu à Gaza peut-il résister aujourd'hui aux velléités guerrières du gouvernement israélien ?

Malheureusement, personne ne peut être optimiste. Le cessez-le-feu était une revendication internationale pour stopper l'hémorragie, mais on sait bien qu'Israël ne le respecte pas et je ne crois pas qu'il soit déterminé à obéir au plan de Trump. Aujourd'hui, la situation humanitaire à Gaza est lamentable. La perspective d'une solution politique qui soit de nature à donner lieu à la reconstruction reste loin de portée. A mon avis, les populations de Gaza ont payé très cher le prix des erreurs des politiques palestiniens et la cruauté de l'Etat d'occupation. Il n'y a pas de vision claire pour une paix durable.

* A votre avis, le plan de Trump peut-il déboucher sur une paix durable ?

Il s'agit en réalité d'un plan de conjoncture sans vision claire. Les Arabes cherchent une paix de fond qui donne naissance à un Etat palestinien. C'est la seule manière d'en finir avec la spirale de la violence. Le plan américain reste trop centré sur le cessez-le-feu et l'échange de prisonniers. Ce qui a été déjà fait. Mais Israël ne veut pas aller plus loin. Benjamin Netanyahu a mainte fois déclaré qu'il rejetait catégoriquement la solution à deux Etats, quitte à sacrifier la normalisation avec l'Arabie Saoudite. Il faut attendre ce que vont donner les prochaines élections israéliennes. Tout dépend du gouvernement qui succédera à Netanyahu. Yair Lapid avait eu la chance de consolider la paix avec les pays arabes dans le sillage des accords d'Abraham, mais il n'a pas duré longtemps. L'avènement de l'extrême droite a apporté un climat de fanatisme qui s'est renforcé après le 7 octobre 2023. Il n'est pas improbable qu'il y ait d'autres gouvernements moins radicaux. Par conséquent, je ne suis pas très optimiste. L'Autorité palestinienne souffre encore de ses faiblesses.

* Quel sera le sort du Hamas à votre avis ?

Je pense que Hamas a toujours été un proxy entre les mains des puissances régionales, tantôt manipulé par l'Iran, tantôt par le Qatar et tantôt par la Turquie. Il est resté tourné vers ses alliés au mépris des intérêts des Palestiniens de Gaza. Hamas a été écrabouillé militairement, il n'a qu'à se dissoudre et se convertir en un mouvement politique non armé sous un nouveau nom. Il vaut mieux qu'il reconnaisse l'échec de son projet et cède le terrain aux nationalistes palestiniens pour qu'ils mènent la lutte autrement. Nous sommes dans un monde qui ne croit plus en les slogans creux et mensongers qui n'ont ramené que destruction et malheur à notre peuple. Tant que le Hamas est là, Israël en fera une excuse pour annexer les territoires palestiniens. La classe politique palestinienne, tant qu'elle n'est pas renouvelée et illégitime, n'est pas en mesure d'apporter quoi que ce soit aux Palestiniens.
Interview avec Amr Moussa (extrait) : "Dans l'esprit du gouvernement israélien actuel, la paix signifie la capitulation du peuple palestinien"
* A votre avis, quel rôle peut jouer le Maroc dans le processus de paix ?

Je crois personnellement que le Maroc a un rôle essentiel dans le processus de paix. SM le Roi, dans le message envoyé aux Nations Unies à l'occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, a insisté sur la solution d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967 avec Al Qods-Est pour capitale et sur les droits inaliénables du peuple palestinien. Cette position, telle qu'exprimée par SM le Roi, est importante pour réaffirmer l'importance du poids des pays arabes dans le processus de paix. Les Etats arabes, qu'ils aient normalisés avec Israël ou pas, partagent l'idéal d'un Etat palestinien indépendant.


* Le plan Trump reste encore fragile bien qu'il ait imposé un cessez-le-feu. Etes-vous optimiste quant à la possibilité de relance du processus de paix au moment où le gouvernement israélien rejette ouvertement la solution à deux Etats ?

De quelle paix parle-t-on ? Il faut savoir ce qu'on veut dire par plan de paix. Je vous fais remarquer que l'actuel gouvernement israélien, à l'instar de ses prédécesseurs et une partie importante de la scène politique israélienne, n'est pas pour une paix durable mais une paix imposée aux Palestiniens et qui arrange les intérêts d'Israël. C'est comme cela qu'ils pensent. Ils veulent une paix qui cautionne l'occupation alors que le processus de paix doit en principe tenir compte des intérêts des deux parties pour déboucher sur une solution à deux Etats acceptée par tous. Les Israéliens, jusqu'à présent, ne montrent pas qu'ils sont prêts à envisager l'idée d'un Etat palestinien indépendant vivant côte à côte avec eux. Dans l'esprit du gouvernement israélien et ses alliés, la paix signifie la capitulation du peuple palestinien. On veut les bercer de l'illusion d'un Etat sans le leur donner réellement. La partie israélienne cherche aussi à convertir la Palestine tout entière en un Etat juif au mépris des droits des Arabes. Il faut faire face à cette prétention car nous n'avons plus le choix maintenant. La solution à deux Etats reste encore possible, il ne faut pas désespérer.

* Que pensez-vous de la manière dont il faut imaginer la paix avec Israël dans la conjoncture actuelle ?

Tout accord de paix avec Israël ne doit jamais être sans contrepartie. Tout processus de normalisation doit être conforme à l'esprit de l'initiative arabe de paix telle que déclarée au Sommet de Beyrouth en 2002. La paix va de pair avec un Etat palestinien et la restitution des territoires occupés. Une paix gratuite sans concession du côté israélien est hors de question. Nous considérons que la normalisation n'a jamais été un tabou mais doit être envisagée et débattue dans un cadre clair où tous les intérêts des deux parties soient pris en compte. Concernant le Maroc, il a pu négocier le rétablissement des relations de façon à servir ses intérêts tout en exigeant une solution pour les Palestiniens.

Recueillis par Anass MACHLOUKH


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