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«Fake News»: Usurpation de l'identité et du métier du journaliste
Publié dans Albayane le 08 - 09 - 2017

Le terme «false» en anglais signifie erroné ou inexact. Alors que le mot «fake» désigne un contenu relevant de la duperie, un usage de faux par imitation, comme on parle pénalement d'«usage de faux».
Dans le vieux métier des démocraties, le journalisme, cela revient à usurper une identité, à se présenter sous une fausse identité, celle de journaliste, pour tromper et duper une audience, un public, c'est-à-dire tout un chacun qui use des médias, qui cherche à s'informer sur les hommes et le monde. Cette pratique anxiogène, voire cancérigène – pour le journalisme et ses hommes et femmes- est apparue, comme une mauvaise herbe destructrice des récoltes, dans le vaste, voire infini, champ communicationnel de ce siècle : la Webosphère. Exploitant- aisément- tous les artifices et artefacts (graphiques, audio-visuels...) que permet le numérique, sites web et plateformes arrivent à se faire passer pour des supports/tribunes d'information et abusent ainsi de la confiance des internautes qui, par définition, naviguent souvent- certains par addiction- sans boussole, dans ce vaste web-océan et accostent sur tout rivage qui se présente... «Certaines personnes ne réalisent pas qu'elles lisent un faux site d'actualité, car la plupart d'entre eux font en sorte d'avoir l'air digne de confiance, de se faire passer pour de vrais organes de presse», relève une ancienne journaliste américaine, spécialiste de la communication politique.
Quant à la rumeur, elle peut se fabriquer dans la rue et les chaumières (phénomène bien décortiqué par Edgar Morin en étudiant «la rumeur d'Orléans» relative à un supposé réseau de ʺtraite de blanchesʺ, en 1969). La rumeur peut aussi relever de la pure propagande à but politique ou de guerre- des ondes, par exemple- ce que l'humanité- toujours guerrière depuis la nuit des temps- a utilisé de moult manières, sous tous les régimes politiques possibles, particulièrement les dictatures militaires, ceux de partis uniques ou de despotes d'empires...
Le terme «fake news» est apparu de manière manifeste lors de la dernière campagne présidentielle américaine. Donald Trump qui a été- et est toujours- un grand générateur de «fake news», en a fait une accusation constante contre ses adversaires, ciblant à loisir journalistes et médias, même les plus prestigieux et les plus influents mondialement (CNN, Washington Post, New York Times...). Ces « fake news » qu'il en use ou en accuse les autres, lui servent d'outil de guerre culturelle dans sa constante rhétorique populiste qui entretient et conforte les terreaux de ses soutiens et électorats dispersés sur le vaste territoire américain et même au-delà (certaines franges des sociétés européennes, notamment à l'est de l'Allemagne actuelle)...
Lors de cette campagne présidentielle américaine une petite ville de Macédoine,Vèlès (60.000 habitants), comptait 150 sites web centrés sur la politique américaine usant systématiquement de «fake news», ciblant Mme Clinton bien sûr, en soutien à Donald Trump. Un ʺweb-faussaireʺ américain, Paul Hormer, à la tête de pas moins de dix sites à «fake news » prétendit même sur les colonnes du Washington-post : «Je crois que c'est à cause de moi que Trump a été élu».... Mais dérompons-nous, les ʺfake newsʺ ne servent pas ʺ le faussaire d'informationʺ juste au plan politique ou idéologique, elles sont une source juteuse de revenus... l'activité de faussaire de ce Paul Hormer lui rapportait 10.000 dollars par mois en bannières publicitaires !
Le faux attractif et l'amplification des réseaux
Des chercheurs américains des universités de New-York et de Sand ford, étudiant ce phénomène macédonien ont montré que les jeunes de la ville Vélès «ont monté une usine de fake news, avec plus d'une centaine de sites pro-Trump qui partageaient de fausses informations durant la campagne présidentielle américaine»… Une fois publiées-entourées de juteuses bannières publicitaires, bien-sûr- ces «fake news» étaient massivement partagées sur les réseaux sociaux par des soutiens de Donald Trump, «par crédulité ou par calcul politique, parfois davantage que les informations authentiques», écrit une autre spécialiste américaine.
Pour Pascal Froissart, de l'Université Paris 8, le faux est super attractif, «il est beaucoup plus propice au débat» (ce qu'adorent les réseaux sociaux puisqu'ils en vivent comme raison d'être et moteur). On comprend donc qu'une ʺnouvelleʺ, c'est-à-dire ce qui définit véritablement, professionnellement et déontologiquement une ʺinformationʺ, ne peut valablement challenger ou se mesurer avec une «fake news» sur les réseaux sociaux. Ces derniers ʺbroutentʺ avec plaisir les «hoax» (pas les Awacs de nos universités des générations 80/90 !), c'est -à – dire les canulars ou rumeurs infondées qui envahissent la toile, même par courrier électronique, tant ce type de messages est de nature à provoquer le «buzz»... un «Bad Buzz» (derniers en date : une photo d'une maquette présentée comme étant celle de l'aéroport de Houston complétement inondé par le déluge de l'ouragan «HARVEY», ou des clichés détournés de requins pour faire croire que les eaux qui ont submergé cette 4e ville américaine pullulent de squales !).
Paroxysme du drame actuel- et futur encore ? – pour le journalisme, la défense du ʺdémentiʺ ne sert plus : nier une fausse information, c'est, de nos jours, avec l'étendue des moyens et réseaux de communication et la multiplicité des effets du ʺbuzzʺ, lui donner une visibilité qu'elle n'aurait pas eu si on l'avait tout simplement ignorée, la laissant s'essouffler ou se disloquer par la force du réel, le réellement advenu. La puissance virale d'une «fake news» résiste souvent à la thérapie, jadis suffisante, du démenti quand le journalisme-vrai- était seul maître à bord de l'information du public et serviteur légitime du droit de ce dernier à s'informer sur l'actualité du jour. Or le journalisme est phagocyté, cannibalisé, par ce phénomène. Si ʺla vérificationʺ des faits est dans l'ADN du journalisme, une «fake news» plus un démenti, ça fait deux informationsʺ, remarque pertinemment Pascal Froissart.
Alors la question existentielle qui se pose en conséquence est : qu'en est-il de la profession ? Des professionnels du journalisme, métier vieux d'un siècle chez nous au Maroc, organisé/syndiqué depuis plus de 60 ans ? Nos journalistes, comme dans plusieurs pays, se défendent-ils et comment ? Suivent-ils cette insidieuse pathologie qui détruit de l'intérieur leur métier, leur rôle dans la société, la noblesse de ce rôle d'intérêt public, voire même civilisationnel, ou, pour le moins, leur propre et relatif apport au devenir politique démocratique de leur pays?
Danger de mort?
N'étant pas des organes de presse, des « médias de masse » comme définis par la sociologie des médias, avant la venue, début des années 90, de l'Internet et ses avatars, les sites et autres supports aux fake news (réseaux sociaux, blogs...) ne sont tenus d'observer aucune éthique ou déontologie journalistiques. Puisqu'ils usurpent, malicieusement et anonymement (en général ou de préférence) les attributs du journaliste et de l'organe d'information ! Aussi, et en rappelant qu'une totale liberté d'expression est l'ADN à la fois du père et de la mère du Net, quand on invoque, par des discours ou par des lois incongrues ou scélérates, pour espérer contrer ces avatars qui colonisent le journalisme, on fait preuve tout simplement d'erreur de jugement, d'un manque de lucidité et d'une perte d'énergie de combat. Pendant ce temps-là, le journalisme perd sa combativité, ses hommes et ses femmes tombent dans la précarité, voient leur image de plus en plus brouillée, dégradée, voire même deviennent inutiles pour leurs publics et audiences, pour...la société tout simplement ! Les faussaires de la Webosphère, eux, auraient, à terme, complètement volé l'identité du journaliste, son métier, son âme et...son travail...
Aux Etats-Unis, en 25 ans, 60% des emplois dans les médias ont disparu (soit 275.000 journalistes éjectés de la profession !). Dans la grande presse américaine, on est passé de 455.000 emplois en 1990 à 183.000 en 2016. Alors que dans la France de 2016, 41% des 18/24 ans déclaraient que les réseaux sociaux sont leur première source d'information, avec, en plus, cette donne fort inquiétante pour les médias traditionnels et leurs professionnels de l'information : l'Internet est la source d'information pour 25% de l'ensemble des Français. La messe est dite !Le faux prêche – les fake news – risque de dominer davantage la messe originelle du journalisme tel qu'on l'a connu à ce jour !Sa disparition semble, hélas, programmée...sauf sursaut exceptionnel...de qui ? De ses hommes et femmes, d'abord.


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