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Où en est l'extrême-gauche européenne?
Publié dans Albayane le 30 - 03 - 2018

Si les mouvements dits d'extrême-gauche avaient, pour la plupart, des racines historiques communes, il faut reconnaître, toutefois, que ceux-ci se sont diversifiés au cours du temps selon leur lieu d'implantation -généralement leur lieu de naissance- et les formes de luttes qu'ils se sont trouvés contraints d'adopter pour faire face au pouvoir en place.
Ces courants politiques qui se situaient à gauche des partis socialistes et des partis communistes traditionnels sont des mouvements révolutionnaires dont l'objectif premier était de mettre fin au système capitaliste en tant que première source d'inégalités. C'est donc à la défense du prolétariat contre son exploitation par cet impérialisme capitaliste représenté par le grand patronat et symbolisant la puissance de l'Etat que vont s'atteler les formations d'extrême-gauche des années 70 du siècle dernier, au plus fort de cette guerre froide qui avait traumatisé les esprits par sa violence psychologique et exacerbé la haine anti-capitaliste.
La violence de la Guerre du Viet Nam avait donné naissance, dans le milieu estudiantin, à de nombreux mouvements protestataires lesquels enfanteront à leur tour aussi bien ce mouvement hippie qui brandissait l'étendard de l'Amour et de la Paix que des mouvements anarchistes et communistes révolutionnaires qui prônent la lutte armée pour arriver à leurs fins.
En France, la révolte de Mai 68 tout comme le manque de liberté des peuples colonisés avaient grandement contribué à exacerber la colère d'une jeunesse en quête de liberté et donné lieu ainsi à l'émergence d'organisations extrémistes en un moment où le communisme qui véhiculait cette belle idée de l'égalité entre tous était fort attrayant.
Enfin, le traumatisme du nazisme en Allemagne a donné naissance à la Fraction Armée Rouge plus connu sous le nom de «Bande à Baader», celui du fascisme en Italie a enfanté les fameuses «Brigades Rouges» alors que les guerres de décolonisation en France – notamment celles d'Indochine et d'Algérie – ont contribué, peu ou prou, à l'émergence d'un groupe extrémiste appelé «Action Directe».
La Fraction Armée Rouge ou Bande à Baader en Allemagne :
La Fraction Armée Rouge est un mouvement de lutte armée s'inspirant de la guérilla urbaine maoïste et privilégiant la pratique à la théorisation. Ce mouvement a été formé par de jeunes allemands qui avaient à coeur de sanctionner la génération précédente pour son rôle durant la période nazie. Il trouvera dans la guerre du Viet Nam un prétexte idéal pour dénoncer la collusion des dirigeants allemands avec l'impérialisme américain.
Se présentant comme un mouvement révolutionnaire, de lutte armée, solidaire de tous les damnés de la terre, la «Bande à Baader», du nom de son chef Andreas Baader, va perpétrer des attentats, des enlèvements et des assassinats spectaculaires qui vont défrayer la chronique et contraindre le gouvernement ouest-allemand à la taxer de «terroriste».
C'est en faisant exploser durant la nuit du 2 Avril 1968 des bombes incendiaires artisanales dans divers grands magasins de Francfort-sur-le-Main que la «Fraction Armée Rouge» va réellement signer son acte de naissance. Mais, force est de reconnaître, toutefois, que même s'ils avaient été évalués à l'époque à près de 700.000 Deutchmarks, les dégâts occasionnés par les explosions n'étaient encore que matériels.
Il faudra attendre le 14 mai 1970 pour qu'un premier homme tombe sous les balles de la Fraction Armée Rouge ; il s'agissait d'un agent de police. Plusieurs personnalités allemandes de haut rang seront assassinées par la suite dont principalement le procureur fédéral Siegfried Buback, son chauffeur et son garde du corps en Avril 1977.
Entre 1970 et 1993, la Bande à Baader aura à son actif les meurtres de 34 personnes, hommes politiques allemands, dirigeants d'entreprises, policiers, douaniers et même soldats américains servant en Allemagne et ce, alors même que la plupart de ses militants de la première génération dont Andreas Baader, Ulrike Meinhof, Gudrun Ennslin et Jan-Carl Raspe étaient déjà sous les verrous depuis leur arrestation en Juin 1972 et purgeaient leurs peines au quartier de haute sécurité de la prison de Stuttgart-Stammheim.
Durant leur procès, qui se déroulera en 1975 et qui était une réelle bataille juridique entre leurs avocats et la Cour, les quatre détenus seront accusés de 5 meurtres et de 54 tentatives d'assassinat, attaques à mains armées et attentats à l'explosif. Leurs avocats eux-mêmes finiront par être inculpés pour «complicité avec une association terroriste» et emprisonnés. L'un d'entre eux Klauss Croissant trouvera refuge en France avant d'être arrêté.
En 1976, Ulrike Meinhof sera retrouvée pendue dans sa cellule. Suicide ou liquidation ? Les avis divergent et certains affirmeront même qu'elle aurait été tuée par l'un de ses co-détenus pour une sombre liaison amoureuse ayant mal tourné.
Mais la Fraction Armée Rouge qui n'est pas morte pour autant va quand même kidnapper, le 5 septembre 1977, le patron des patrons allemands Hans Martin Schleyer en l'accusant d'être un ancien membre du parti nazi.
Le 18 Octobre 1977 les autorités allemandes annonceront la mort par suicide dans leurs cellules d'Andreas Baader, sa compagne Gudrun Ensslin et Jan-Carl Jaspe. Selon la thèse officielle, ils se seraient tous donnés la mort par armes à feu. Comment celles-ci ont-elles été introduites alors que les intéressés étaient incarcérés dans un quartier de très haute sécurité et qu'ils étaient surveillés en permanence ? Une thèse difficile à admettre, mais...
En représailles, le corps du président du patronat allemand Hans Martin Schleyersera retrouvé le lendemain matin dans le coffre d'une voiture à Mulhouse en France.
Parmi les autres détenus, IrmgardMöller, «non suicidée» déclarera plus tard que ses co-détenus avaient été assassinés et qu'elle-même avait échappé à la mort après avoir fait l'objet d'une tentative de meurtre par plusieurs coups de couteaux portés à la poitrine. Le 12 novembre ce fut au tour d'une autre femme de la bande Ingrid Schubert d'être retrouvée pendue dans sa cellule.
En Octobre 1980, l'ex-République Démocratique d'Allemagne accueillera 8 membres de la Fraction Armée Rouge en fuite et ceux-ci y resteront jusqu'à la réunification des deux Allemagnes.
La Fraction Armée Rouge s'alliera en 1984 au groupe français Action Directe dans le cadre d'une stratégie d' »unité des révolutionnaires en Europe de l'Ouest » puis aux Brigades Rouges italiennes en 1988 avant de se dissoudre en 1998.
Enfin, si de 1970 à 1998, la «Bande à Baader» n'a eu que très peu d'influence sur la classe ouvrière allemande, qu'elle aurait assassiné au total 34 personnes et qu'elle n'aurait compté tout au long de son existence qu'entre 60 et 80 membres, il ne serait pas exagéré de considérer la Fraction Armée Rouge Allemande comme étant un groupe intellectuel libertaire utilisant l'action violente.
Les Brigades Rouges en Italie :
Après la Seconde Guerre mondiale l'Italie a entamé sa reconstruction. Or, constatant que le pays se dirigeait vers un modèle capitaliste, le Parti Communiste Italien et notamment sa branche révolutionnaire dont le regard était tourné vers ces grandes nations communistes qu'étaient à cette époque la Chine de Mao Tsé Toung et l'URSS avait décidé de créer, en son sein, une mouvance maoïste.
Mais conscient que l'économie capitaliste ne pourra pas s'effondrer d'elle-même, ce mouvement créera, le 8 septembre 1969, le Collectif Politique Metropolitain qui prône une rupture totale avec les institutions capitalistes et qui, en Juillet 1970, prendra le nom de « Gauche prolétarienne ».
Deux mois plus tard, ce groupe revendiquera l'incendie de la voiture d'un employé de la société allemande Siemens sous le nom de «Brigades Rouges». Ainsi, naquit cette organisation d'extrême-gauche dite «Brigades Rouges» sous l'impulsion de Renato Curcio, Mario Moretti et Alberto Franceschini.
Peu de temps après, le 25 Janvier 1970, le groupe fera exploser huit bidons d'essence dans les pistes d'essais de Pirelli en laissant pour message : Porter atteinte à la production, nuire le plus possible aux patrons à peu de frais pour nous».
En 1974, les Brigades Rouges assassineront deux militants du parti néo-fasciste. Le groupe se « spécialisera » par la suite dans les enlèvements dont le plus important aura lieu en Mars 1978 et dont la victime sera Aldo Moro, le chef de «Démocratie Chrétienne», le principal parti politique italien. L'Etat ayant refusé toute négociation avec les preneurs d'otage, le célèbre homme politique sera exécuté après 55 jours de captivité.
Mais si cet assassinat avait marqué l'apogée des Brigades Rouges, il a aussi mis un terme à leur monopole en matière de lutte armée communiste. Les différentes sections du groupe à Naples, Milan ou Rome avaient eu de profondes divergences et celles-ci avaient même éclaté au grand jour lors de l'enlèvement et de l'assassinat en 1988 de Germana Stefanini. Le groupe se divisa alors en plusieurs groupuscules qui finirent par être complètement démantelés en 2010.
Et si les Brigades Rouges ne sont pas parvenues, comme elles le souhaitaient, à faire tomber la République Parlementaire Italienne, il est à mettre à leur actif qu'elles ont réussi, par le biais de l'assassinat d'Aldo Moro, à changer le jeu politique italien et contribué à l'affaiblissement des mouvances néo-nazies et néo-fascistes qui menaçaient le pouvoir.
Aussi est-il permis de dire que c'est l'Etat italien qui est sorti vainqueur de la lutte engagée entre les deux extrêmes de la droite et de la gauche.
Action Directe en France :
L'extrême-gauche française est représentée par le groupe «Action Directe», ayant à son actif 80 attentats sur le territoire national, fondé en 1979 par Jean-Marc Rouillan et André Olivier et regroupant des militants issus de l'extrême-gauche radicale et des milieux anarchistes, libertaires et maoïstes, qui appartenaient soit aux GARI (Groupes d'Actions Révolutionnaires Internationales) soit aux NAPAP (Noyaux Armés Pour l'Autonomie Populaire) et qui prônent la violence comme moyen d'action politique.
Jean-Marc Rouillan serait, dit-on, tombé dans l'activisme lorsqu'il s'était lancé dans sa jeunesse dans la lutte anti-franquiste alors que son compère André Olivier, professeur de Lettres à Lyon, était un militant maoïste.
A leurs côtés, les plus importants activistes d'Action Directe ont pour noms Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron, Georges Cipriani, Max Frérot et Régis Schneider.
Le groupe s'est fait connaître en mitraillant le 1er Mai 1979 la façade du Conseil National du Patronat Français, ancêtre du MEDEF. D'autres bâtiments administratifs subiront le même sort mais les dégâts causés par le groupe ne seront que d'ordre matériel avant que ne soient perpétrés quelques braquages destinés à financer les activités de l'organisation.
Il va falloir attendre l'année 1983 pour assister à une radicalisation des méthodes d'Action Directe concrétisée par l'assassinat de deux policiers qui s'apprêtaient à interpeler quelques membres du groupe. Au total 80 attentats terroristes seront revendiqués ou attribué au groupe.
En 1985, la frange du groupe qui avait annoncé sa fusion avec la Fraction Armée Rouge allemande d'Andréas Baader manifestera son intention de s'attaquer à des «cibles vivantes».
La première d'entre elles sera René Audran, ingénieur dans l'armement qui sera assassiné en Janvier. Viendra ensuite le tour du contrôleur général des armées puis celui du vice-président du CNPF mais tous les deux échapperont de peu à la mort. Enfin, en Novembre 1986, Georges Bresse, le patron de Renault sera froidement assassiné devant son domicile.
Le temps aidant, certains militants décidèrent alors de mettre fin à la violence et seuls quelques uns d'entre eux suivirent les deux premiers fondateurs. Ainsi, derrière Rouillan, il y avait ceux appartenant à la branche dite «parisienne» ou «internationale» et derrière Olivier le groupe dit «Affiche Rouge». Mais tous ceux-ci n'en eurent pas pour longtemps puisqu'ils finiront tous par être arrêtés et condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité le 14 Janvier 1989.
Enfin, après sa libération en 2004, Jöelle Aubron décèdera des suites d'un cancer en 2006, alors que Nathalie Ménigon, Régis Schleicher et Cipriani seront libérés respectivement en 2008, 2009 et 2011.
Libéré en décembre 2007, Jean-Marc Rouillan sera réincarcéré en Octobre 2008 après une interview à l'Express puis libéré en 2012.
Que dire pour terminer sinon qu'au moment où les partis populistes qui, selon certains seraient devenus «à la mode» ces dernières années, ont gagné du terrain dans quelques pays d'Europe comme la France, les Pays Bas, l'Allemagne, l'Italie, la Grèce, l'Autriche, la Hongrie ou encore la Pologne pour ne citer que ceux-là, les formations d'extrême-droite qui avaient fait couler beaucoup d'encre et beaucoup de sang dans les années soixante-dix du siècle dernier en Allemagne de l'Ouest, en Italie et en France notamment ont fini, quant à elle, par perdre le combat face à l'Etat avant de disparaître faute de combattants.


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