Nabil EL BOUSAADI S'il est vrai que les négociations portant sur la réactivation de l'accord qui avait été signé à Vienne en 2015 avec l'Iran par les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU et l'Allemagne au titre de l'encadrement du programme nucléaire iranien piétinent, on ne peut pas en dire autant du développement de ce même programme par la République islamique iranienne dès lors qu'il ressort d'un rapport, adressé par l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) à ses membres, que cette dernière aurait commencé à « alimenter la cascade de centrifugeuses » avancées dans son usine souterraine de Fordow, récemment modifiée pour être d'une plus grande efficacité et située dans une zone montagneuse se trouvant à près de 180 kilomètres au sud de Téhéran. D'après le rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique, consulté par Reuters, en intensifiant ses activités d'enrichissement d'uranium par le biais d'un équipement de pointe, l'Iran qui est, désormais, capable de passer plus facilement d'un niveau d'enrichissement à un autre, aurait commencé à alimenter, en hexaflorure d'uranium enrichi jusqu'à 5%, la « cascade » de 166 centrifugeuses IR-6 dotées de sous-capteurs modifiés qu'abrite l'usine de Fordow. Pour rappel, dans un précédent rapport datant du mois de Mai dernier, l'AIEA avait clairement indiqué que l'amélioration technique apportée au site précité permet, désormais, de « changer la configuration de la cascade plus facilement » donc de passer plus rapidement d'un niveau d'enrichissement à l'autre. Cette information a, d'ailleurs, été confirmée, ce dimanche, par Behrouz Kamalvandi, le porte-parole de l'Organisation Iranienne de l'Energie Atomique (OIEA) lorsqu'il a annoncé que Téhéran avait produit, la veille et pour la première fois à travers ce dispositif, de l'uranium enrichi à 20%. Mais, en reprochant aux médias d'avoir « amplifié » et « instrumentalisé » cette information, le responsable iranien a tenu à préciser que ceci constitue « la dernière étape technique » d'un processus qui avait déjà été annoncé à l'AIEA en Juin dernier. Il n'en fallait pas plus, bien entendu, pour faire sortir de ses gonds le Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, qui, tout en brandissant le spectre de « sanctions maximales » contre Téhéran a appelé la communauté internationale à « apporter une réponse claire » en feignant d'ignorer que c'est à la suite du retrait en 2018 des Etats-Unis de l'Accord de Vienne que la République islamique s'est progressivement affranchie de ses obligations et accumule, désormais, des stocks bien supérieurs aux limites fixées par l'accord précité. Mais là où le bât blesse c'est que les discussions ouvertes, en 2020, à Vienne, au titre de la réactivation de l'accord de 2015 encadrant le programme nucléaire iranien sont au point mort depuis qu'en riposte à l'adoption, par le Conseil des gouverneurs de l'AIEA, d'une résolution critique envers l'Iran, Téhéran avait retiré 27 caméras de surveillance à telle enseigne que, comme l'a signalé son directeur général Rafael Grossi, le gendarme onusien du nucléaire qui est, désormais, en train de « naviguer à l'aveugle » ne sera plus en mesure, dans les semaines qui viennent, de fournir les informations nécessaires au suivi du programme iranien. Aussi, en ayant décidé de mettre ce dossier au cœur de la visite qu'il effectue cette semaine au Moyen-Orient, le président américain, Joe Biden, qui a fait part, dans une tribune publiée samedi par le Washington Post, de l'entière disposition de l'administration américaine à revenir dans l'accord de Vienne, a promis que cette dernière « va continuer à accroître la pression diplomatique et économique jusqu'à ce que l'Iran soit prêt à revenir au respect (dudit) accord ». Ce bras-de-fer va-t-il permettre la réactivation de l'Accord de Vienne tant attendue par la communauté internationale ? Rien n'est moins sûr au vu de la détermination des uns et des autres mais attendons pour voir...