«Celui qui scrute l'abysse, l'abysse le scrute à son tour !», disait le philosophe allemand du 19e siècle, Friedrich Nietzsche. Cet aphorisme du penseur qui a soumis à un doute la pensée occidentale, conviendrait à l'attitude actuelle du gouvernement dont la désinvolture béate devient monnaie courante dans la gestion des affaires publiques habituelles. Tant en termes de cherté féroce du coût de la vie coutumière que d'enchérissement astronomique du tarif des carburants, la riposte de l'Exécutif s'avère indolente. Il ne sait pas à quel saint se vouer pour s'affranchir du bourbier qui le cerne de toutes parts. Face à cette inertie languissante, la colère de la société monte d'un cran. « On devient ce que l'on combat ! », disait l'auteur du chef-d'œuvre : Ainsi parlait Zarathoustra !, pour prévenir le principe du boomerang dont l'imminence gronderait bientôt dans les rues. Si la population se retient à sortir crier haut et fort sa grogne déchaînée, c'est qu'elle tient bien à la stabilité de la Nation et qu'elle adule beaucoup trop son Roi pour se hasarder à le décevoir ! Le gouvernement, ne s'aperçoit-il, en prônant cette froideur mortifère, qu'il se désengage de son rôle de protecteur de ce qui est le plus cher dans l'existence qu'est la paix sociale ? Comment se suffit-on sans cesse de parler de la « conjoncture mondiale » comme si c'était une fatalité, alors qu'on ne s'attelle pas à trouver d'issue interne pour alléger le calvaire quotidien des citoyens ? Pendant ce temps, les sociétés de carburant se la coulent douce, en profitant de l'engourdissement de l'Exécutif dont le chef « s'emmitoufle » dans le conflit d'intérêt, de par sa double casquette de juge et partie! Une aubaine de plus de 5 dh par litre de bénéfice, tout en sachant que le tarif international d'hydrocarbure a baissé de manière substantielle. Tous ces gains illicites que ces compagnies tirent de cette « infâme filouterie », sont en passe de « déstabiliser » la quiétude du pays et de creuser davantage le fossé entre les rentiers et les démunis du royaume. Dans un pays où le gouvernement en est réellement un, on s'ingénie à colmater les brèches par la suppression des impôts et la réduction des marges de bénéfice de toutes les stations de la pompe sans nulle distinction, en vue d'enrayer les retombées fâcheuses de cette flambée. Le nôtre ne l'entend guère de cette oreille, puisqu'il est dirigé par celui dont les fortunes dépendent directement de ces opportunités. On ne peut s'attendre à grand-chose d'une « cohorte » apathique dont la souveraineté alimentaire et énergétique de la Nation semble être le dernier de ses soucis et que, à chaque moment, son comportement impopulaire ne fait que démentir le slogan creux de l'« Etat social », arboré sans aucune vergogne, lors de sa campagne électorale. On a donc bien peur que cette passivité irritante finisse alors par hypothéquer la Nation qu'on se veut « en voie de l'Emergence », de par les prouesses qui s'enclenchent à plus d'un titre. Une société respectueuse des fondements monarchiques, bien garantes de sa dignité et prospérité, ne mériterait point un Exécutif défectueux qui « la scrute à son tour ! » vers l'abysse.