Nabil EL BOUSAADI La popularité du Parti du Congrès, cette formation politique qui, après l'indépendance de l'Inde, a dominé la vie politique du pays, durant près de cinq décennies, a été sérieusement laminée par des scandales de corruption qui l'ont mise dans l'incapacité de tenir tête au tout-puissant Premier ministre nationaliste Narendra Modi et au Bharatiya Janata Party (BJP), le Parti du Peuple Indien, qu'il dirige et qui entremêle politique et religion au moment où les minorités musulmane et chrétienne sont harcelées et attaquées par les extrémistes hindous. Aussi, après avoir affronté, sans succès, Narendra Modi, lors des élections de 2014 et de 2019, Rahul Gandhi, 52 ans, issu d'une dynastie qui a dominé la vie politique indienne durant plusieurs décennies puisqu'il n'est autre que le descendant direct de trois Premiers ministres dès lors qu'il est l'arrière-petit-fils de Nehru, le petit-fils d'Indira Gandhi et le fils de Rajiv Gandhi, entend renouer les liens avec les Indiens mais, surtout, reconstruire sa crédibilité et celle de son parti bien mises à mal après les défaites électorales essuyées contre la toute-puissante droite nationaliste hindoue du BJP, en lançant, depuis septembre dernier, une marche de 3.750 kilomètres de long à travers l'ensemble du pays ; une marche qui le mènera du Tamil Nadu au Cachemire et qui durera 150 jours, soit 5 mois. Il y a lieu de signaler, toutefois, que bien n'ayant aucun lien de parenté avec le Mahatma Gandhi, Rahul Gandhi est, désormais, le nouveau porte-flambeau de la célèbre dynastie politique des Nehru-Gandhi, dont le destin glorieux et tragique se mêle à celui de l'Inde et la marche qu'il entreprend rappelle, incontestablement, « la marche du sel », de 380 kilomètres, que le Mahatma, alors âgé de 61 ans, avait lancée en 1930 pour défier la domination britannique. Appelée « Bharat Jodo Yatra » c'est-à-dire « Rassemblement pour l'unité de l'Inde », la marche lancée par Rahul Gandhi, qui est l'héritier incontestée d'une des familles les plus illustres du pays, a démarré le 7 Septembre dernier à Kanyakumari, dans le Tamil Nadu, Etat où son père, Rajiv Ghandi, avait été assassiné par des terroristes sri-lankais, le 21 Mai 1991. Accompagné, dans son périple, par 130 marcheuses et marcheurs issus des rangs du Parti du Congrès ainsi que par ces nombreux curieux qui se bousculent pour le voir passer quand ils ne sont pas juchés sur les toits des immeubles environnants pour l'applaudir, Rahul Gandhi, qui est accueilli partout où il passe avec une grande ferveur, effectue entre 25 et 30 kilomètres par jour. Mais s'il est sûr qu'elle ne parviendra pas à faire renaître de ses cendres cette grande icône hindoue que fut le Mahatma Gandhi, cette marche va-t-elle finir, au moins, comme l'espère son initiateur, par raviver la flamme éteinte du parti du Congrès, une formation politique en déconfiture depuis l'arrivée au pouvoir, en 2014, des nationalistes hindoues conduits par le Premier ministre Narendra Modi et son parti du peuple indien, le Bharatiya Janata Party (BJP) ?…Attendons pour voir...